"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Karlotta-Pietra, ville fortifiée aux allures vénitiennes, vit ses derniers instants de liberté. Il ne reste que quelques jours avant que les portes de la cité ne se referment définitivement.
Sebastian, styliste de mode et son associé Dimitri, entreprennent de s'enfuir avant qu'il ne soit trop tard. Mais un soir, sur le chemin qui le mène à sa Villa des Mouettes Noires, Sebastian porte secours à une femme brutalisée, laissée inerte le long du canal. Troublé, il croit reconnaître Agathe, sa défunte épouse, même si ses papiers d'identité affirment le contraire.
Une chose est sûre, l'état de santé de la jeune femme l'oblige à retarder son projet initial. Aidé du jeune Leos, son aide de camp, et de ses proches amis, il échafaude un plan d'évasion insensé, puisant dans l'histoire de la cité et défiant le pouvoir en place.
Livre de la #rentréelittéraire2016 que j'avais beaucoup aimé.
L'écriture de Stéphane Héaume est merveilleuse, d'une grande élégance, finesse, poésie, très travaillée. Les descriptions notamment sont magnifiques.
Le personnage de Sebatian est attachant et la référence à Bruges-la-Morte dont je connais uniquement l'adaptation musicale magnifique par Korngold en opéra est remarquablement reprise dans le roman et avoir mis un extrait en exergue est très pertinent.
La dose de fantastique est très bien dosée par l'auteur et le personnage du double féminin est fascinant. L'aspect politique du roman est bien traité, tout comme la critique de cette société autocratique. Les rebondissements sont nombreux et la construction narrative est très efficace.
Où se situe l’action ? Peu importe. On devine, au fil des pages, des noms des personnages et des rappels historiques que la Cité fortifiée se situe quelque part entre Venise, l’ex-Yougoslavie et l’Autriche.
Peu importe, au final. L’auteur sait créer une ville, ses monuments et ses quartiers, mais surtout son ambiance si particulière à la veille d’un événement politique de taille.
On suit Sebastian pas à pas, un peu perdu comme lui ; redécouvrant sa femme sous une autre identité, mais également pressé de s’enfuir et de faire fuir avec lui des étrangers à la cité.
Plus l’heure approche et plus le suspens monte jusqu’au dénouement inattendu.
J’ai aimé parcourir cette ville avec Sebastian, tenté de trouver le délateur (car on soupçonne qu’il y en a forcément un, mais qui ?), voir un nouveau pouvoir autoritaire se mettre en place.
Une très belle découverte que je dois à Zazy. Merci !
L’image que je retiendrai :
Celle des oiseaux si particuliers de cette côte (adriatique ?) qui vient se fracasser contre les vitres de la maison perchée de Sebastian.
http://alexmotamots.fr/?p=2386
Quel roman, les amis, quel roman ! Un grand merci à Zazy qui me le prêta, car franchement, j'ai pris un pied monstre et me suis régalé du début à la fin. L'histoire est folle folle folle -comme dirait Bertand Belin, aucun rapport mais ça me faisait plaisir d'en parler- et l'écrin somptueux. Ce que j'aime par dessus-tout, outre cette histoire, c'est l'écriture de Stéphane Héaume et l'ambiance qu'il crée. Bien que son roman se déroule de nos jours, et qu'il soit donc parfaitement contemporain -ce qui, vous l'avez remarqué est une répétition-, par la grâce de l'écriture, les descriptions des personnages, leurs vêtements, leur élégance, leur langage, leur port, leur distinction, les descriptions des lieux, cette ville close à l'histoire dense, ... il a un air d'intemporalité très forte. On pourrait invoquer ici quelques grands noms de la littérature qui ont ce talent, sans vouloir comparer mais juste pour l'inspiration, des écrivains de diverses époques que je ne citerai pas ici, chacun pourra ainsi mettre les noms qui lui viennent à l'esprit.
L'écriture donc est magnifique, travaillée, belle, châtiée ; lisez cela : "Le canal exhalait un parfum doucereux, cette odeur si troublante que l'on ne percevait qu'en hiver et qui ce soir prenait un sens étrange car souvent l'on disait qu'il sentait le sang frais." (p.37), ou bien ceci : "Soucieux de circonscrire cette régression -ou, au contraire, planifiant son maintien (qu'en savions-nous ?)-, le gouvernement avait décidé, au nom du passé, de redonner à Karlotta-Pietra son statut de ville close. Rappelant les conflits dont elle était toujours sortie victorieuse, le président avait annoncé aux habitants cette mise en quarantaine sous prétexte de veiller au bien général. Fallacieuse promesse." (p.25) J'adore ça, quel plaisir de lire de belles phrases, bien construites, sans faute de quoi que ce soit, des phrases avec du sens, qui même lorsqu'elles décrivent des lieux ou des personnages ne sont jamais ennuyeuses, au contraire, elles enjolivent l'action qui suit.
L'histoire maintenant : elle est réjouissante, originale, forte en tensions et rebondissements. Les rapports entre les protagonistes sont admirablement décrits, si bien qu'à part Sebastian dont on ne doute jamais vraiment de l'honnêteté, tous les autres à un moment ou un autre nous incitent à la prudence, à tort souvent... Critique des nationalismes, des intégrismes de tout genre, l'ouvrage pousse à l'extrême les idées et comportements de certains chantres de l'isolationnisme et du repli sur soi.
Mon premier roman de l'auteur et de l'éditeur aux couvertures safran que je brûle d'envie de connaître un peu plus tant l'un que l'autre. Merci Zazy.
Stéphane Héaume déroule une tragédie antique, unité de lieu, d’action et de temps. Cela pourrait être n’importe où, n’importe quand.
Carlotta-Pietra ville fortifiée en bordure de mer est sous le joug d’un tyran qui ne veut rien d’autre que de fermer la ville et la mettre à sa botte. « Les portes de la ville fermeraient dans sept jours. » Certains arrivent à s’enfuir juste avant la fermeture physique des portes, d’autres y laisseront la vie, les autres restent.
C’est dans cet état de tension que Sebastian styliste de mode de renommée mondiale et son associé Dimitri décident de partir.
Le plan est rôdé, mais un caillou va se glisser dans les rouages. Sebastian sauve une femme d’une baston. Hagard, il découvre que c’est le sosie parfait de sa femme, tuée pendant des émeutes, qu’il vient d’enterrer. Il la ramène chez lui pour la soigner et est de plus en plus certain que c’est Agathe.
Le projet initial de fruite est remis en cause Sebastian et Leos, échafaudent un nouveau plan on ne peut plus audacieux, grâce à l’historique de la ville.
Je ne dévoilerai pas plus les arcanes de l’histoire, si ce n’est que Sebastian perdra une seconde fois sa douce et belle Agathe.
Un livre que j’ai non pas dévoré, mais lu avec gourmandise, dégusté. Les mots qui me viennent en parlant de l’écriture de Stéphane Héaume sont délicatesse, musicalité. « Qu’est-ce qui cogne ? Qu’est-ce qui tape contre mes tempes ? Qu’est-ce qui bas, me bouleverse et me brise ? » Quel beau livret ! L’amour constant, l’amitié, la félonie, celle qui semble tirer quelques ficelles où, pour le moins, tout converge, le héros, les méchants... Le décor est grandiose, baroque, les personnages attachants. L’ambiance lourde laisse percer la peur. J’aime cette antinomie entre le décor et l’action.
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