Un roman-photo détonnant raconte le quotidien des invisibles de la République
LE LIVRE EST COMPOSÉ DE TROIS PARTIES.
La première évoque les vies mobiles. Ces hommes ou ces femmes que leur travail éloigne de chez eux (routiers, chantiers, livraison). Pour que cette vie soit vivable il faut que les proches restent immobiles (emplois sociaux de proximité) et que les loisirs ou les vacances se déroulent dans un rayon très réduit.
La deuxième partie raconte les vies entravées. À cause de restrictions judiciaires (contrôles), de handicaps ou d'absence de permis de conduire, le sauf-conduit pour avoir un emploi.
La troisième partie est consacrée auxvies immobiles. Très peu de déplacements, voire pas du tout, car ils ne peuvent acheter une voiture. Une vie d'expédients à chasser les promotions dans les centres commerciaux.
Un roman-photo détonnant raconte le quotidien des invisibles de la République
Découverte tardive de cet ouvrage (publié en 2019) singulier et puissant par sa capacité à donner à voir, partager et comprendre en prenant notamment la problématique de la mobilité comme axe d’appréciation des vies de ceux que certains peuvent considérer comme les « derniers de cordée » dans une petite ville (20 000 habitants) du nord de la France (Denain) ancien bassin minier, désormais désindustrialisé et marqué par le chômage et la pauvreté.
L’ouvrage est singulier :
• par sa forme : recueillir des (vrais) témoignages, restitués sous la forme de roman photo (Vincent Jarousseau est aussi photographe) avec une introduction en BD (dessinée par Eddy Vaccario) ;
• par son fond en faisant œuvre de sociologie (politique) avec une enquête de parcours de vies (souvent difficiles et heurtés, et généralement subies) en précisant certains items « carte d’identité »: niveau d’étude / revenu mensuel / moyens de transport / Temps passés dans les transports chaque jour / Distance parcourue chaque jour / Destination la plus lointaine (dans la vie de la personne) et nombre de département de résidence
Et cette enquête montre que la volonté et le besoin d’avoir une vie sociale et professionnelle permettant de stabiliser sa vie familiale est bien une réalité pour beaucoup. Mais que l’enfermement dans une situation d’apparent immobilisme et de dépendance (aux aides sociales notamment) n’est pas le résultat d’un défaut de volonté (comme certains discours et politiques essayent de laisser à penser) mais bien une accumulation de contraintes et d’impossibilités.
De même qu’il ne suffit pas de « traverser la rue », la possible mobilité pour aller « ailleurs » n’est pas si évidente compte tenu du réseau de solidarités et de structuration de vie (familiale notamment) qui permettent d’assurer le minimum alors que le déménagement déstabilisera (y compris financièrement) les conditions de vies et les relations affectives. Et que si certains parviennent quand même à augmenter autant que possible leur revenu, c’est au prix de l’éloignement de la famille et des enfants avec des conditions de vie souvent dégradées, voire dégradantes, de « l’expatrié » dans une région voisine pendant sa semaine de travail.
Des conditions d’émigrations et de vies qui reposent la question de la dignité (cf. les travaux de Cynthia Fleury).
On l’a compris, ce livre reste d’actualité et pourrait trouver sa place dans les bibliothèques universitaires, mais aussi sur les bureaux des journalistes, des administrations et surtout des politiques.
Très facile d’accès et de lecture il permet aussi de comprendre les votes de certains qui vivent comme ils peuvent sur des territoires qui ne marchent pas (plus) avec un sentiment d’abandon.
On peut reprendre la présentation de l’ouvrage par l’éditeur qui synthétise les résultats de l’enquête :
"Le livre est composé de trois parties :
La première évoque les vies mobiles. Ces hommes ou ces femmes que leur travail éloigne de chez eux (routiers, chantiers, livraison). Pour que cette vie soit vivable il faut que les proches restent immobiles (emplois sociaux de proximité) et que les loisirs ou les vacances se déroulent dans un rayon très réduit.
La deuxième partie raconte les vies entravées. À cause de restrictions judiciaires (contrôles), de handicaps ou d'absence de permis de conduire, le sauf-conduit pour avoir un emploi.
La troisième partie est consacrée aux vies immobiles. Très peu de déplacements, voire pas du tout, car ils ne peuvent acheter une voiture. Une vie d'expédients à chasser les promotions dans les centres commerciaux."
A lire et partager.
Une lecture indispensable si on veut comprendre ceux que le président ignore voire insulte. Ce roman photo est d'une grande force: il traduit une réalité qu'on ne devrait pas ignorer au lieu de s'en tenir à des préjugés.
J'ai beaucoup apprécié et cela modifie ou conforte mon regard.
Sujet très intéressant de ses jeunes et de leurs galères très bon livre a decouvrir
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 3 jours
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 6 jours
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Il n'y a pas que des jeunes! Tous souffrent de la situation: forcés à être mobiles même si cela leur rapporte peu et les éloignent de leurs familles ou au contraire immobilisés malgré eux.Je n'ai connu cette ville que déjà sinistrée; c'est la plus pauvre mais loin d'être la seule avec la disparition des mines, du textile et de la sidérurgie: ma région comme la Lorraine trinquent.