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Depuis qu'elle a ouvert la première agence de détectives au féminin du botswana, la très pulpeuse mma ramotswe a trouvé le bonheur...
D'autant qu'entre deux enquêtes à mener, elle doit penser à son prochain mariage avec le plus courtois et le plus généreux des hommes, mr. j.-l. matekoni. se méfiera-t-elle assez de la bonne acariâtre ? regrettera-t-elle la promotion de mma makutsi au poste d'assistante-détective ? se remettra-t-elle de ses soudaines responsabilités de mère de famille ? en tout cas, elle réussira à rendre le sourire à une mère qui l'avait perdu depuis dix ans...
A Gaborone, Mma Ramotswe a accepté la demande en mariage de Mr J.L.B. Matekoni. Etonné et ravi, le propriétaire du garage Tlokweng Road Speedy Motors a du mal à croire en sa chance. Mais celle qui dirige l’Agence n°1 des dames détectives du Botswana a bel et bien dit oui et commence déjà à organiser leur vie de couple. Quel diamant pour la bague de fiançailles ? Dans quelle maison s’installer ? Que faire de la bonne paresseuse et manipulatrice de Mr J.L.B. Matekoni ?
Toutes ces questions ne lui font pas oublier, cependant, qu’elle a un métier. D’ailleurs une cliente américaine lui a demandé son aide pour lever le voile sur la disparition de son fils il y a dix ans de cela, dans une ferme expérimentale.
Et pendant qu’elle mène son enquête, secondée par Mma Makutsi, sa secrétaire désormais élevée au rang d’assistante-détective, son fiancé, en homme bon et serviable qu’il est, effectue de menues réparations pour la ferme des orphelins. Et, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, recueille deux enfants, Motholeli et Puso, sans même avoir prévenu Mma Ramotswe. Saura-t-elle comprendre ce geste d’une grande générosité ? Acceptera-t-elle les élever avec lui ? Ou le mariage est-il compromis ?
Dans ce deuxième opus, Mma Romatswe se penche sur un cold case puisqu’elle recherche un jeune homme disparu depuis dix ans. Aucune illusion n’est permise, il est probablement mort. Même sa mère le sait, qui veut juste connaître les circonstances de ce décès.
Malheureusement, l’auteur traite un peu cette enquête par-dessus la jambe. Pour le suspense, on repassera. D’une pirouette, il permet à son héroïne de résoudre l’énigme et le lecteur n’a d’autre choix que d’accepter sa clairvoyance quasi médiumnique.
Cependant, on ne lit pas cette série pour ses enquêtes haletantes. Ce qui en fait le charme, c’est l’Afrique. En grand connaisseur du continent, Alexander McCall Smith en parle avec beaucoup d’amour et de respect. C’est un plaisir de découvrir la vie quotidienne à Gaborone, la paisible capitale du Botswana, d’imaginer la beauté du Kalahari et de s’imprégner de la culture du pays. En guide accomplie, Precious Ramotswe évoque un Botswana policé, régi par des règles traditionnelles sans oublier de se moderniser.
Décrite comme féministe, la détective l’est sans aucun doute, mais pratique un féminisme à l’ancienne. Il ne s’agit pas d’être l’égale de l’homme, il est plutôt question d’être indépendante et de décider de tout, mais en faisant croire à l’homme que c’est lui qui a décidé.
Le roman décrit d’ailleurs des femmes fortes qui mènent leur monde et des hommes facilement manipulables.
Il ne faut pas s’attendre à de la grande littérature, ni à une enquête policière passionnante, mais à un voyage plaisant et exotique dans ce Botswana où les girafes donnent leurs larmes parce qu’elles n’ont rien d’autre à offrir. A lire pour une petite parenthèse africaine.
Toujours épatante cette série, elle respire la joie de vivre, la simplicité et la chaleur humaine. Les gentils restent gentils et sont récompensés et les méchants punis, mais jamais trop fort, car Mma Ramotswe ne se plaît pas à faire en sorte que la punition soit excessive. Et comme Mma Ramotswe est bonne, son futur mari l'est tout autant. Il est généreux, ses visites à l'orphelinat de Gaborone le prouvent : il répare tout ce qu'il peut gracieusement. Il est tellement bon que lorsque la directrice de l'orphelinat lui propose de s'occuper de deux enfants, une fillette en fauteuil roulant et son petit frère, il ne peut refuser, il essaie pourtant argumentant qu'il doit en parler au préalable avec Mma Ramotswe, mais à la vue des enfants, il cède. Qu'en pensera sa future épouse ? Je vous laisse le suspense, assez faible au demeurant, puisque Mma Ramotswe est aussi généreuse que le garagiste. Mais même sans suspense le livre se lit vite et très agréablement, le ressort de la peur ou de la tension n'est absolument pas celui sur lequel joue l'auteur. Non, il joue sur ses personnages, les rapports entre eux, sur le pays, les coutumes, cette fausse nonchalance que l'on pense parfois inhérente aux Africains, c'est plutôt un certain détachement des choses qui peuvent nous sembler importantes à nous, une autre conception de la vie : "Les Américains étaient très intelligents : ils envoyaient des fusées dans l'espace et inventaient des machines capables de réfléchir plus vite que n'importe quel être humain, mais toute cette intelligence les rendait aveugles. Ils ne comprenaient pas les autres peuples. Ils pensaient que tout le monde voyait les choses de la même façon qu'eux-mêmes, ce en quoi ils se trompaient. La science ne représentait qu'une partie de la vérité. Il existait également beaucoup d'autres choses qui rendaient le monde tel qu'il était, et les Américains ne les remarquaient pas toujours, bien qu'elles fussent présentes en permanence, là, sous leur nez." (p.121)
L'intuition, l'entraide, le respect d'autrui sont aux cœurs des personnages principaux, et Mma Ramotswe se désole de voir que ces principes déclinent en son pays qu'elle aime tant. Elle n'est pas naïve, elle sait à quoi s'attendre de l'évolution de la société, elle n'est pas réactionnaire ou nationaliste, elle aime son pays et aurait préféré qu'il ne subisse pas trop vite les changements dus à l'influence des pays occidentaux, États-Unis en tête. Pour elle, chaque pays, chaque continent devrait pouvoir garder ses spécificités, ses modes de vie, l'uniformisation ne lui sied point.
Ceci étant elle reste positive et c'est un des qualificatifs qui convient le mieux à cette série policière : elle est positive et optimiste. On ressort de ces lectures joyeux, avec le sourire et l'envie d'aller rencontrer Mma Ramotswe et Mr J.LB. Matekoni et revenir -ou pas- pleins de bonnes ondes et de ressources.
Une invitation au voyage et au dépaysement dans l'Afrique Australe.
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