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Pour l'auteur, le néologisme « invalidés » a une portée sociale et politique. Certains hommes pâtissent dans cette vie d'une forme d'invalidation. Le travail philosophique est alors d'analyser sa source.
Après le succès de La Philosophie face au handicap (Prix Dagnan-Bouveret décerné par l'Académie des sciences morales et politiques en 2013), Bertrand Quentin revient avec de nouvelles réflexions philosophiques sur le handicap. Loin d'un transhumanisme qui appelle à un homme augmenté, ce à quoi la philosophie et le handicap nous appellent aujourd'hui, c'est à une compréhension augmentée de l'homme. Avec une grande clarté, le philosophe analyse des questions étonnantes : Les handicapés existent-ils ? Y a-t-il un critère de « qualité de vie » qui permet de décider des handicaps acceptables par la société ? Y a-t-il un droit à la sexualité pour les personnes handicapées ? La techno-science va-t-elle faire disparaître le handicap ? etc. L'auteur revendique un « polythéisme méthodologique » : sa philosophie se nourrit de sociologie, d'anthropologie, de psychologie, de sources inattendues comme les comics ou le cinéma et qui en font une philosophie vivante et accessible.
Ce qui transforme les invalides en invalidés est une composante physique, physiologique, psychique mais aussi la manière dont une société donnée construit son rapport au handicap. La philosophie et le handicap nous appellent aujourd'hui à une compréhension augmentée de l'homme.
Dans la perspective sociologique : c'est la société qui donnerait ou non aux individus son label de validation et pour certains individus, les personnes en situation de handicap, elle ne le donnerait pas ou seulement du bout des lèvres. C'est ici que d'aucuns parlent de « modèle social » du handicap pour le distinguer d'une conception purement physiologique du handicap qui serait le « modèle individuel » ou « modèle médical ».
Avec le « modèle social » on considère que le handicap est une réalité relative, que la déficience de tel ou tel individu n'aura un impact que selon la manière dont la société est organisée.
Soit la société investit pour une réelle accessibilité et le handicap se dissoudra à travers une prise en compte intelligente. Soit la société est clairement « validiste » et les personnes handicapées en seront très largement invalidées.
La déficience motrice, sensorielle, mentale ou psychique peut participer de ce qui va « invalider » la personne, sans que la société n'y puisse grand-chose. Les sociétés ne sont pas des entités malveillantes. Elles correspondent aux moeurs d'une époque. Des arbitrages sociaux font bouger le curseur de l'« acceptable » et de l'« inacceptable » au sein d'une société. Un certain hasard historique prévaut peut-être au choix fait devant des règles possiblement contradictoires :
Faut-il valoriser le droit à la protection ou le droit à l'autonomie ? Faut-il davantage respecter des normes concernant la sécurité publique (hospitalisation sous contrainte) ou davantage prôner le principe de libre choix ?
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