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L'épopée des 47 ronins est une facette particulière du joyau que constitue l'âme japonaise.
Elle appartient tout autant à l'histoire de la noblesse guerrière qu'à l'inconscient populaire japonais. Elle crée ainsi un sentiment d'unité de ce peuple fondée sur l'appartenance à une identité dont les constituants principaux sont la loyauté, le désir de justice et l'honneur.
La seule réponse possible à l'injustice que subit le prince Hasano est la mort et l'extinction de la descendance du vil Kira, l'instigateur de son malheur.
Cette histoire est remarquable car aucun des 47 n'hésitera à perdre son honneur pour garder sa clandestinité en attendant le moment d'agir. Aucun n'hésitera non plus à donner sa vie pour sauver l'honneur de son prince, de son clan et le sien. Le suicide d'une mère, accompli pour que la main de son fils ne tremble pas en pensant à elle au moment de frapper et de mourir, est à l'image des sentiments profonds d'un peuple sûr de pouvoir agir sur sa destinée parce que chacun est capable de regarder sa mort en face.
L'histoire des 47 ronins, basée sur des faits réels, est extrêmement célèbre au Japon et a donné lieu à de multiples adaptations depuis plus de 300 ans : pièces de théâtres, romans, bandes dessinées, tableaux, séries télé et films, on n'a que l'embarras du choix. Les éditons Centon nous livrent ici le roman de Tamenaga Shounsoui tel qu'il a été édité en France en 1882 (traduction de B.H. Gausseron, d'après la traduction anglaise réalisée par Shiouichiro Saito et Edward Greey).
J'ai beaucoup aimé l'histoire. Je la connaissais dans ses grandes lignes, mais j'ai apprécié de découvrir ce qui s'était passé pendant les 3 ans qui se sont écoulés entre la mort du prince Hasano et la vengeance des ronins. Nous assistons là à des scènes de vie de divers samouraïs et fidèles du clan Hasano ainsi que de leur famille, ce qui a pour effet de nous plonger dans la vie quotidienne du Japon à la fin du XVIIème siècle.
Les chapitres sont courts et débutent par un petit poème ou une maxime (par exemple : "Ne jugez personne avant que l'herbe ait poussé sur son tombeau. Les dieux seuls connaissent les secrets de nos âmes"). Le style de l'auteur est agréable, ce qui est une bonne surprise ; les dialogues ne font pas très "naturel", mais c'est dans la logique du texte, donc cela passe bien. Je suis cependant quelque peu partagée sur le fait d'avoir traduit les noms des protagonistes de l'histoire : d'un côté, vu que j'ai du mal à retenir les noms (surtout quand il y en a beaucoup et qu'ils sont en langue étrangère), cela a facilité ma lecture ; de l'autre côté, je trouve que les noms traduits (chevalier Grosse-Roche, chevalier Flan-de-la-Falaise, chevalier Bosquet-Droit, madame Ile-du-Pin pour ne citer qu'eux) empêchent que le récit soit considéré avec la gravité qui lui est dû. Le parti pris au XIXème siècle était la traduction intégrale du texte, je pense qu'une traduction plus contemporaine aurait probablement gardé les noms originaux...
Une dernière petite chose pour conclure : il manque sur mon exemplaire un peu de texte entre les pages 179 et 180, à mon avis 1 phrase ou 2 maximum... pensez à vérifier le livre avant de l'acheter !
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