"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les Gordon ont quitté New York pour Topeka, au Kansas, où ils travaillent dans une prestigieuse clinique psychiatrique.
Jane, une autrice féministe célèbre, est tantôt acclamée tantôt décriée ; Jonathan, lui, s'occupe principalement d'adolescents en difficulté. Leur fils, Adam, est un enfant sans histoires, devenu au lycée champion de débat, cet art de l'éloquence érigé en discipline nationale éminemment compétitive. Il rêve de devenir poète, porté par l'éducation progressiste de ses parents, mais il est aussi un garçon de son époque, populaire et athlétique, qui surjoue la virilité pour se faire accepter par la meute parfois sans pitié des lycéens.
Naviguant habilement entre les perspectives et les époques, se nourrissant de son propre parcours, Ben Lerner raconte les échecs et les succès de la famille Gordon, le spectre des abus sexuels, les trahisons entre époux, le défi d'élever un enfant dans un environnement toxique... Avec, en contrepoint, l'itinéraire du jeune Darren qui, à force d'exclusion et de brimades, prendra le chemin de la violence.
Histoire de famille et d'adolescence, histoire sociale et politique, L'École de Topeka est aussi une archéologie de notre présent : l'effondrement de la parole publique, ensevelie sous le déluge de mots des réseaux sociaux, et l'essor du discours de « l'homme blanc en colère », animé par un désir de vengeance et de pouvoir, terreaux de la droite américaine et de l'Amérique de Bush à Trump.
Il y a le père, Jonathan, psychanalyste aux idées progressistes, installé à Topeka, ville très conservatrice du Kansas. Il y a son épouse Jane, dont les écrits féministes font beaucoup parler dans la petite ville et leur attire parfois quelques remarques désobligeantes, voire plus. Et puis il y a Adam, leur fils unique, champion de concours d ‘éloquence.
C’est très rare, mais je suis passée complètement à côté de ce roman dans lequel je n’ai jamais (malgré mes efforts et ma volonté d’aller au bout) réussi à rentrer. Il est pourtant couvert d’éloge un peu partout, finaliste du prix Pulitzer, mais moi, il m’a laissé totalement froide. Il n’y a pas réellement d’intrigue, on est plutôt devant une sorte de fresque de la middle class blanche et démocrate à la fin des années Clinton, une famille aux idées progressistes qui ne voit pas venir le retour de bâton conservateur qui se profile. La narration, qui change de point de vue à chaque chapitre (le père la mère, le fils), est totalement éclatée : ça part dans tous les sens thématiquement et chronologiquement. Ces gros chapitres sont entrecoupés par des petits chapitres en italiques racontés du point de vue d’un gamin extérieur à la famille, Darren. Ce gamin, un peu attardé, un peu souffre-douleur, pas réellement intégré aux bandes de copains de son âge, nous fait l’effet d’une petite bombe à retardement. J’ai cru longtemps que cet immense puzzle allait finir par s’assembler sur le tard, grâce à un évènement ou à une sorte de coup de théâtre, mais non, on reste dans cette fresque disparate qui s’éparpille comme une immense flaque d’huile, sas colonne vertébrale. En réalité, Ben Lerner fait avec « L’Ecole de Topeka » ce qu’il fait faire à son jeune personnage dans les concours d’éloquence, noyer son auditoire (ou son lecteur) en parlant très vite, en éludant les transitions, en le noyant sous les concepts et les mots savants pour le terrasser, ce qui s’appelle dans le monde des concours d’éloquence « L’Étalement ». S’ajoute à ce fond insaisissable une forme truffée de mots compliqués et parfois improbables relevant soit du lexique de la psychanalyse, soit de celui de la rhétorique. Je n’ai rien contre l’idée d’appréhender de nouveaux concepts, loin de là, mais ici, on a l’impression désagréable d’être dans l’esbroufe destiné à « faire genre ». Est-ce la faute de la traduction ou de Ben Lerner ? Je ne saurais dire. En revanche, ce que je sais, c’est que je garderai un souvenir plus que mitigé de ce roman qui m’aura laissé sur le bord de la route de Topeka, de la première page à la dernière ligne. Dommage, la quatrième de couverture si prometteuse avait provoqué chez moi un achat impulsif que je regrette aujourd’hui.
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