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Un roman d'une exceptionnelle qualité sur une reine hors du commun.
A 22 ans, au coeur du XVIIe siècle, la reine Christine renonce à la couronne de Suède pour s'installer à Rome, entourée de savants et d'artistes. Toute sa vie, des lacs suédois à l'île des Capri, des ors de Fontainebleau au siège de Vienne, elle n'aura de cesse de vivre libre, se consacrant à sa passion pour l'art et la science et défendant les minorités religieuses.
Mais est-il possible de se retirer de l'échiquier politique alors qu'on voudrait garder fixés sur soi les yeux de l'Europe? Etre l'un des plus grands esprits de son temps suffit-il à attirer l'amour? Et comment peut-on, lorqu'on a été trahie, punir les deux hommes de sa vie?
Une biographie compassée n'aurait su rendre hommage à Christine de Suède, cette reine scandaleuse et formidablement moderne. Yann Kerlau a donc tenu le pari un peu fou, à la hauteur de son extravagant personnage, d'écrire ses mémoires.
"Christine de Suède, descendante d'une illustre lignée de rois suédois, monte sur le trône au milieu du XVIIè siècle. Elle n'y reste pas longtemps : elle abdique après s'être convertie au catholicisme. Dès lors ses pas la portent sur les routes d'Europe et on la suit à Rome, en France, en Pologne... Femme d'exception, érudite, elle a joué un rôle non négligeable dans le jeu politique du Grand siècle, comme émissaire du pape, pion secret du royaume de France, voire intrigant pour elle-même. Mais pour être rebelle et terriblement moderne, elle n'en n'était pas moins femme, et son coeur l'a parfois poussée dans des directions difficiles à suivre et à comprendre pour son entourage..."
C'est à la rencontre d'un personnage étonnant et passionnant que Yann Kerlau nous emmène dans une biographie romancée de la grande Christine de Suède, un récit feuilletonesque, où l'extravagante souveraine raconte à la première personne son existence intrépide. Reine de Suède dès l'âge de six ans, elle consolidera avec l'aide de son chancelier Axel Oxenstierna, un compétent "Richelieu" suédois, les conquêtes de son père, négociant avec habileté la paix de Westphalie ce qui fera de son pays la première puissance nordique. Dès lors, elle se consacre aux Arts et aux Lettres, correspond avec l'Europe intellectuelle et artistique entière, dont Descartes (qu'elle fait venir à sa cour) ou Spinoza. Féministe avant l'heure, la Reine Christine choisit de rester célibataire et de poursuivre ses passions. C'est qu'elle se rêve catholique et libre de pensée, dans un pays protestant et rigoriste. Elle se convertit donc au catholicisme et renonce à son trône en 1654. Elle quitte alors la Suède pour s'installer à Rome où sa liberté de mœurs et son caractère difficile font jaser - on lui prête plusieurs amants et on soupçonne même quelques expériences homosexuelles - avant d'en être chassée par le Pape et de nouer d'autres intrigues auprès de Mazarin, faisant assassiner en passant un amant écuyer voyou...
Christine se moque du qu'en-dira-t-on et de la bienséance, et elle restera malgré tout jusqu'à sa mort en 1689, une participante active de la vie politique et religieuse de son époque. Dans le même temps, elle constitue une des plus importantes collections artistiques de son temps, soutenant artistes et savants. Spinoza, Leibnitz, Gassendi et Pascal correspondront avec elle. Humaniste et tolérante, elle s'inquiéte beaucoup, par exemple, du sort des protestants français persécutés après la révocation de l'Edit de Nantes.
Le récit hautement rocambolesque est pourtant très proche de la réalité historique, même si dans ces faux Mémoires, Yann Kerlau se permet quelques audaces, au demeurant fort réjouissantes, faisant intervenir au coeur même du récit les protagonistes les plus variés, (re)donnant à l'Histoire un sens épique à la façon d'un Alexandre Dumas...
Il faut bien admettre que le matériau romanesque est aussi immense qu' enthousiasmant et le personnage historique impressionnant et fascinant.Les quelque 612 pages de cet ouvrage se lisent allègrement et c'est avec respect que l'on imagine l'imposant travail de recherche et d'écriture de Yann Kerlau.
Et l'on se dit que l'auteur, dont c'est le premier roman, a eu raison de ne pas rechercher la stricte vérité biographique, préférant la re-création de l'univers intérieur de la souveraine à la narration directe de ses aventures. Par le biais de ses mémoires, plus proches du journal intime que de la biographie historique, Christine raconte la dureté de son enfance de petite reine, la folie de sa mère qui tenta de l'assassiner, l'absence de son père, disparu bien trop tôt. Elle poursuit par le récit de ses frasques, de ses folies, de ses passions, de ses amours. Ce "monologue" alterne épisodiquement avec des lettres ou des souvenirs de quelques-uns de ses proches, qu'ils soient écuyer, suivante, banquier ou homme de main.
Le roman est bien construit, allègrement mené, écrit d'une plume vive, lègère et érudite, le sujet est impeccablement et joyeusement maîtrisé, c'est un réel plaisir pour le lecteur de parcourir l'Europe en compagnie de cette femme d'exception.
L'auteur nous emmène dans un autre siècle avec brio, surfant sur le caractère d'une Reine qui, si je l'ai trouvée attachante un temps, me fait penser que nous n'aurions pas éte amies... Parfaite description des rigidités imposées et des libertes officieuse, ainsi que des turpitudes politiques de cette époque.
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