"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai commencé le livre, rencontré deux fois l'autrice (avec interprète) et je ne suis toujours pas vraiment entrée; cela viendra, j'espère.
Comment une petite dizaine d'individus du monde entier se sont-ils retrouvés à l'intérieur d'un minibus aux confins du Mexique, sur des routes brinquebalantes, en compagnie d'un chaman ?
S'ils semblent tous captivés par ce rocher blanc auquel la tribu locale des Wixarikas attribue l'origine du monde, l'une d'entre eux, écrivaine, tente de prendre soin de sa fille, tout en réfléchissant à la course du monde et à l'écriture de son prochain roman. Autour de ce rocher se sont déroulées d'autres histoires qui pourraient bien l'inspirer...
En remontant le fil du temps, Anna Hope décrit les rêves et la folie qui ont animé les hommes dans leur entreprise de conquête. Elle s'attache pour cela à quelques personnages, à leurs contradictions et en s'appuyant sur l'intensité dramatique de chaque existence, compose un roman d'une puissance irrésistible.
Un voyage dans le temps où divers personnages (volontairement sans prénom) convergent vers un Rocher Blanc, aux confins du Mexique, lieu vénéré depuis des siècles.
A chaque personnage une époque, une ambiance et l’histoire coloniale en toile de fond, cruelle et violente.
Le lecteur passe ainsi de 2020 à 1775 en passant par 1907 et 1967, remonte ensuite le temps pour astucieusement revenir vers le présent.
Le récit débute avec une Ecrivaine sur les terres mexicaines à bord d’un minibus pour le Rocher blanc. Son couple périclite, elle est en mal d’inspiration et au loin une mystérieuse pandémie effraie les populations.
Puis le Chanteur (librement inspiré de Jim Morrisson) qui traine son ennui, lâche sa tournée et se retrouve dans un hôtel miteux au Mexique, plombé par ses addictions. Trouvera-t-il du répit dans ce refuge improvisé ?
Puis la Fille, du peuple amérindien Yoeme, arrachée aux siens et à ses terres qui tente de survivre avec sa sœur blessée.
Enfin, le Lieutenant dont l’expédition coloniale est confrontée à la folie d’un des membres de l’équipage.
J’ai été embarquée dans cette épopée et ai beaucoup appris sur le peuple Yoeme décimé et réduit en esclavage par les autorités mexicaines.
J’ignorai également la fuite de Jim Morrisson, deux ans avant sa mort.
J’ai aimé la construction du roman qui joue avec le temps présent et passé.
Une réserve toutefois : quelques longueurs notamment avec le Chanteur sur la fin dont les errances m’ont un peu perdue.
Un récit qui mérite néanmoins d’être découvert, Anna Hope est étonnante dans cette nouvelle partition.
Un lieu, 4 siècles d’Histoire. Un rocher auquel la tribu des Wixarikas attribue l’origine du monde. Dans un minibus, aux confins du Mexique, une dizaine d’individus se rend sur place, avec pour offrandes bougies et calebasses. Parmi eux, une écrivaine partant à la recherche de l’inspiration pour son prochain roman, tout en prenant soin de sa fille et en voyant son mariage se désintégrer. Autour de ce rocher se sont déroulées d’autres histoires qui pourraient bien l’inspirer.
Anna Hope nous dépose un roman vertigineux de poésie, dans lequel récit et dialogues se mêlent avec la plus grande virtuosité. L’autrice fait fi de la ponctuation, inventant ses propres règles pour un voyage artistique novateur. Dense au premier abord, le lecteur se laisse pourtant embarquer dans cette expérience littéraire inédite. En tous cas pour moi !
Ce récit pyramidal a pour clé de voûte le Rocher lui-même. Le chapitre médian lui est consacré : « C’est le lieu où pour la première fois, l’informe s’est épris de la forme. »
Autour de cette unité de lieu, 4 siècles d’Histoire et d’histoires nous sont contés. Quatre personnages, leur approche de ce rocher et ses conséquences : l’écrivaine, le chanteur rappelant Jim Morrison sans jamais le nommer, les sœurs Yoeme et le lieutenant. Débutant en 2020 au début de la pandémie de coronavirus pour remonter chronologiquement jusqu’en 1775, Anna Hope dépeint quatre destins puissants liés au rocher, quatre épisodes qui verront leur intrigue résolue dans un mouvement inverse de 1775 à 2020, comme si le rocher touchait à ce point au sacré qu’il apportait à tous paix et harmonie.
L’héroïne de 2020 fait inévitablement penser à l’autrice, qui ne cache d’ailleurs pas son voyage sur place. Cette mise en abyme du travail d’écriture se couple d’une recherche plus profonde, sur le sens de la vie même, nos actes aux conséquences parfois catastrophiques. Mais point d’atermoiement. On pourrait même le qualifier d’écologiste, tant il est actif dans sa volonté de re-créer un lien fort, presque ésotérique entre la Terre et les hommes.
Un texte intense, talentueux mais exigeant.
En lisant Le Rocher blanc, je me suis laissé emporter par l’écriture d’Anna Hope, bien traduite par Élodie Leplat. Comme j’avais bien apprécié La salle de bal et Nos espérances, je voulais poursuivre l’aventure avec cette autrice et je n’ai pas été déçu.
Autre source de motivation, notre rencontre, avec cette écrivaine britannique aux Correspondances de Manosque 2022. J’avais été intrigué par la présentation de son nouveau roman bâti sur un défi familial ramenant Anna Hope et son mari, bien loin, là-bas, sur la côte pacifique du Mexique malgré un voyage difficile à bord d’un minibus.
Ce fameux rocher blanc existe et fait partie de la culture d’un peuple indien, les Wixárikas qui pensent que c’est là que notre monde a émergé des eaux. Comme les Yeome, ce peuple a été décimé, réduit en esclavage par les colonisateurs ainsi que cela s’est produit sur la majeure partie du continent américain.
Au cours de ma lecture, j’ai apprécié qu’Anna Hope remette en évidence quelques mots d’usage courant, mots encore utilisés par ces peuples, me faisant aussi partager leurs souffrances, les atroces persécutions infligées par le pouvoir mexicain au début du XXe siècle.
Cette partie, de loin la plus poignante, arrache des larmes au plus endurci. Elle se déroule en 1907 et s’intitule « La fille ». Si je commence par son évocation, c’est parce que les deux parties qui y sont consacrées me semblent les plus importantes à cause de ce génocide relégué dans les oubliettes de l’Histoire.
Cette fille et sa grande sœur, Maria-Luisa, ont été arrachées à leur village parce qu’elles ont voulu aider les rebelles. Sans ménagement, elles ont été déportées, entassées sur le pont d’un bateau qui les a débarquées près de ce fameux rocher blanc, à San Blas, côte nord du Nayaritan, au Mexique. Anna Hope fait bien ressentir la solidarité entre ces enfants, ces femmes et ces hommes dont la disparition est programmée, le moins pire étant l’esclavage… Le Rocher blanc est d’abord, il faut le dire, une histoire familiale, celle d’un couple qui ne parvient pas à avoir d’enfant. Par chance, un voyage au Mexique, justement près de ce rocher blanc, la rencontre avec un chaman a, peut-être, permis à « L’écrivaine » d’être enceinte. Aussi, leur fille a trois ans quand, avec son mari, ils vont, ensemble, honorer ce rocher blanc, même si le couple va se séparer...
Avec ça, Anna Hope me plonge, en 1969, dans la vie d’un chanteur mondialement connu, Jim Morrison, comme son groupe, les Doors, sans les nommer. Pour fuir toutes les contraintes de la célébrité, cet homme qui boit et se drogue au maximum, tente de retrouver la paix près du rocher blanc. Pour moi, c’est le volet le moins intéressant.
Le quatrième élément de cette œuvre littéraire remonte un peu plus le temps pour revenir en 1775 avec « Le lieutenant ». J’ai bien aimé cette partie qui permet de côtoyer ces hommes formés pour naviguer mais dont la principale tâche est de dresser la cartographie du monde, en suivant les côtes. S’ils sont financés par leur pays d’origine, l’Espagne, c’est surtout pour s’approprier de nouvelles terres et donc imposer ce qu’ils pensent être la civilisation avec les conséquences désastreuses qui en découlent.
Anna Hope conte magistralement leur formation, leurs échecs, leurs espoirs, leurs luttes fratricides qui trouvent leur apogée, justement, dans la baie d’où émerge le rocher blanc. Comme elle a choisi de le faire pour « La fille » et « Le chanteur » ou même « L’écrivaine », son principal personnage n’a pas de nom, désigné simplement par son grade dans la marine.
Le Rocher blanc est un roman instructif, émouvant, vite addictif qui m’a emmené dans un lieu mythique, chargé d’histoire où la magie côtoie le drame et les espoirs fous. Tout cela est conté avec beaucoup de pudeur car la crise du couple, celle du coronavirus et ces civilisations menacées de disparition ne peuvent que tenter de se raccrocher à cet élément solide impressionnant émergeant de l’eau : Le Rocher blanc.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2022/12/anna-hope-le-rocher-blanc.html
Au Mexique, un rocher blanc mythique attire de nombreuses personnes.
Il aurait des pouvoirs extraordinaires et on vient lui déposer des offrandes.
Dans un bus, une écrivaine, son mari et sa fille s'y rendent.
A trois autres époques, le rocher blanc a été un lieu particulier pour d'autres personnes.
En 1969, en 1907, en 1775.
Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans le jeu avec la version de l'écrivaine, j'ai été captivaée par les autres époques.
On saute les siècles autour de ce rocher.
C'est un récit assez troublant où la conquête des hommes entraîne des drames et des folies, où des choix cornéliens déterminent la vie de chacun.
Un beau voyage à travers les siècles en compagnie des peuplades mexicaines.
Après avoir été touchée l'année dernière par "La salle de bal", j'ai été contente de voir que la jeune maison d'édition marseillaise "Le Bruit du Monde" proposait avec Lizzie pour sa version audio le dernier ouvrage d'Anna Hope.
Dans "le rocher Blanc" nous allons accompagner Anna Hope dans un voyage initiatique entrepris avec sa famille en début de l'année 2020 au large de San Bas, au confins du Mexique. Ce roman autobiographique va introduire trois récits romancés de personnages qui ont été subjugués chacun à leur tour et, à des périodes différentes, par le beau spectacle de la nature que réserve la découverte de ce majestueux massif.
J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir les différentes époques du récit grâce aux voix des quatre lecteurs (Celia Torrens, Pierre Lognay, Maxime van Santfoort et Melissa Windal) qui arrivent à nous plonger de la meilleure des façons dans ce roman choral. Je me suis finalement rendu compte que je n'ai pas vu le temps passer lors de cette écoute car j'étais captivée par les récits. Mon seul regret est que le livre n'ait pas été plus long car j'aurais voulu passer plus de temps avec ces personnages passionnants dont les histoires romancées ont été inspirées par l'autrice après un important travail de recherche.
Je tiens à remercier les Éditions Lizzie et Netgalley France qui m'ont permis d'écouter le récit intime et poignant d'Anna Hope qui, en retraçant l'Histoire de la région évoque les périodes coloniales, d'esclavage ou plus récentes qui se sont succédées à l'ombre du gros rocher blanc...
« Il y a un rocher blanc là-bas, dans l'océan, où les indiens disent que le monde est né. » Ce rocher blanc existe, côte Nord de l'Etat de Nayarit au Mexique, il émerge de l'océan pacifique au large de San Blas. C'est un lieu sacré, rattaché à la cosmogonie du peuple autochtone des Wixárikas qui venère toute cette zone sous le nom de « Tatéi Haramara » ( « Notre mère océan » ). Personne n'y viendrait par hasard, imagine Anna Hope.
Son roman symphonique se compose en quatre tableaux, quatre récits de vie qui se répondent à travers les siècles autour ce rocher blanc. Anna Hope les orchestre très audacieusement : quatre premières parties dans un ordre chronologique décroissant ( 2020, 1969, 1907, 1775 ) puis le chapitre central sur le rocher blanc, avant de repartir du passé vers le présent ( 1775, 1907, 1969, 2020 ). Cette construction atypique est risquée car elle coupe et découd le flux du récit. Elle peut fortement dérouter en faisant croire à des nouvelles, mais c'est elle qui offre de l'ampleur au récit justement, apportant de la hauteur au lecteur, un temps de recul qui accentue l'aspect contemplatif et méditatif du roman.
2020, ce sont les chapitres de l'écrivaine en laquelle on ne peut s'empêcher de voir un double de l'autrice : dans son bus brinquebalant pour touristes occidentaux accompagnés d'un chaman wixárika, elle semble être là en quête de sens à un moment de sa vie difficile, au bord du divorce, à moins que cela soit un pèlerinage mystique, ou encore pour trouver l'inspiration.
Les deux chapitres 1969 mettent en scène le chanteur, jamais nommé même si on reconnait aisément un Jim Morrison en perdition, venu à l'hôtel Playa hermosa ( là qu'il a écrit LA Woman pour les fans ) pour se ressourcer et fuir le monde.
Les chapitres 1907 sont ceux qui m'ont le plus touchée, sur les pas d'une fillette yoeme arrachée à sa terre qui s'accroche à sa soeur, à son enfance, à sa culture pour tenter de survivre. En cette année, sous Portfirio Diaz, les Yoemen, peuple amérindien originellement établi dans l'Etat de Sonora au Mexique, ont subi une terrible déportation : vendus comme esclaves dans des plantations du Yucatan afin de laisser place libre aux immigrants américains sans entraver le « progrès ».
En enfin, en 1775, nous voguons aux côtés d'un lieutenant espagnol ( inspiré de Juan de Ayola ), premier européen à découvrir la baie de San Francisco et à la cartographier, qui va faire l'expérience de la folie et de la désillusion avec son capitaine.
De prime abord, il est difficile d'appréhender aisément où veut en venir Anna Hope avec ces différents personnages et ces différentes temporalités ainsi structurées. Difficile également d'interpréter en quoi le rocher blanc peut constituer un véritable point de rencontre.
Dans ce voyage à travers le temps et l'histoire, le rocher résonne avec le tragique des destinées humaines, une force immuable face à la folie des hommes, témoin silencieux de leur volonté de déprédation et de la vanité de leur existence. Ce n'est ainsi pas anodin que les deux histoires les plus anciennes ( 1775 et 1907 ) mettent en lumière la brutalité de la conquête coloniale et du capitalisme en Amérique latine, alors que les deux dernières ( 1969 et 2020 ) présentent ironiquement des représentants de l'Occident en quête de spiritualité auprès de peuples que leurs ancêtres ont tenté d'anéantir, qui plus est dans un contexte sombre d'épidémie et de réchauffement climatique.
L'oeil aiguisé d'Anna Hope et l'élégance de son écriture font merveille dans ce roman atypique, sans doute le plus intime et le plus personnel d'une autrice anglaise qui ose sortir du confort d'un romanesque classique.
Comment se confronter à la fin ? C'est une question à laquelle chacun se heurte dans sa vie quotidienne, et plus encore ces dernières années face aux alertes qui dépassent la simple dimension personnelle. Fin d'un couple, temps suspendu de la vieillesse et menace de la décrépitude qui l'accompagne, réchauffement climatique, épidémies... Comment ne pas se sentir perdu, démuni voire coupable ? Comment faire face à la peur qui étreint le ventre du parent en pensant aux nuages de plus en plus noirs au-dessus de la tête de son enfant ? On peut essayer d'agir. Prier parfois. S'en remettre aux légendes ancestrales, écrire pour tenter de comprendre.
C'est ce qui étreint l’Écrivaine sur les routes du Mexique, dans un bus qui transporte des "pèlerins" de différentes nationalités accompagnés d'un chaman. Direction le Rocher blanc au large d'une petite ville de la côte mexicaine baignée par l'océan, c'est là que les voyageurs comptent déposer leurs offrandes, et ainsi leurs espoirs. L’Écrivaine est là pour remercier. Elle est avec sa fille de 3 ans et son mari qui ne le sera bientôt plus ; en Europe elle sait son père proche de la fin et les populations en proie au virus. Ce lieu particulier et sacré pour certains peuples a été témoin de tant d'événements au cours des siècles, il est - d'après les croyances locales - peut-être l'endroit où tout commence et où l'on peut enfin se régénérer. C'est de là que sont partis les premiers bateaux de la flotte espagnole coloniale à rallier la baie de San Francisco au 18ème siècle, là que des milliers de déportés Yoemen ont transité au début du 20ème siècle. Même Jim Morrison y a séjourné deux ans avant son décès, loin du bruit et de la fureur. Il faut peut-être remonter à la source pour trouver l'énergie de continuer à avancer.
Dans une construction en creuset, habilement dosée, Anna Hope invite le lecteur à remonter le temps jusqu'à l'émergence du Rocher blanc avant de repartir vers notre présent. Dans ce voyage se mêlent les histoires des peuples spoliés et martyrisés, des histoires d'amour aussi, d'autres de terres volées et pillées, de conquérants oppresseurs et d'êtres qui cherchent à fuir. Quelque chose qui ressemble à l'histoire de l'humanité. De ce récit émergent les questions qui nous taraudent sur notre environnement, nos modes de vie et cette quête permanente du sens de l'existence devenant au fil du temps de plus en plus complexe. Anna Hope confronte l'individu à l'universel, bouscule les frontières du vivant, et vient puiser dans l'éclat d'un rayon de soleil et le rire d'enfants en train de jouer les quelques grammes d'espérance nécessaires à la poursuite genre humain. Formidable démonstration du pouvoir de l'écrivain qui transcende ses peurs et ses colères pour livrer un solide matériau littéraire dont l'écho résonne au plus profond de nos entrailles.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
J'ai commencé le livre, rencontré deux fois l'autrice (avec interprète) et je ne suis toujours pas vraiment entrée; cela viendra, j'espère.
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Jolie chronique, bien argumentée.