Une fiction historique glaçante et inoubliable, aux confins de l’Antarctique
«Onze heures du matin. Le soleil au travail dans le ciel. Les hommes se fatiguent, dit Julie. Peut-être devriez-vous leur accorder une pause. Thomas donna le signal de la pause en agitant le bras de haut en bas. Les hommes se laissèrent choir sur le bas-côté de la route. Le câble se détendit sur la chaussée. Cette grandiose expédition, dit le Père Mort, cette valse sur un parquet inconnu, cette petite troupe de frères. Vous n'êtes pas un frère, lui rappela Julie. Attention de ne pas vous laisser emporter par la valse. Penser qu'ils m'aiment tant, dit le Père Mort, m'aiment au point de haler, haler, haler, haler sans trêve, tout au long des longues journées et des longues nuits et par des conditions météorologiques bien loin d'être optimales.» D'un bout à l'autre du livre, on assiste au transport du cadavre du père, un père gigantesque, mort qui plus est, mais qui parle encore et vit par morceaux, donnant des ordres à son entourage furieux...
Le Père Mort constitue la tentative la plus élaborée de Barthelme pour mêler des genres littéraires réputés incompatibles : le conte rejoint l'épopée, la psychanalyse se lit comme une «féerie» de l'écriture... La littérature est bien l'art du «transport».
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