Le crime rituel n'a jamais été une pratique avérée.
Son histoire remonte à une tradition orale, puis écrite, qui a cherché à justifier le projet et la condamnation de l' " autre ", l'étranger aux rites incompris. L'auteur étudie plusieurs cas de prétendus meurtres d'enfants replacés dans leurs contextes religieux, politique et juridique. Elle s'intéresse aussi à la forme et au contenu des récits relatant les " faits ". Ces textes aux composantes étonnamment stables révèlent la véritable origine des accusations : la rumeur ; une rumeur nourrie par la légende et développant le mythe de " l'enfant martyr tué par les Juifs " né des croisades.
En effet, après avoir été accusés d'infanticide par les Romains, les chrétiens se sont appropriés un discours de persécution sur lequel ils ont greffé leurs propres motifs. Inspirée par le " déicide " imputé aux juifs, une littérature apologétique et polémique visant les groupes minoritaires s'est progressivement constituée. Au Moyen Age, seuls les " mystères de la foi ", transmis à l'aide d'exemples douteux, servaient de preuves à ces " crimes ", mais de vrais bûchers, attisés par la haine collective, punissaient les accusés qui semblaient menacer les fondements de la religion et de la société.
Ces préjugés ne sont pas limités au domaine du religieux ; ils seront repris jusqu'à nos jours à des fins idéologiques et provoqueront encore en 1946, en Pologne, un pogrom sanglant.
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