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Un curé alcoolique. Un chien. Et un livre.
Sans la coïncidence de ces trois éléments dans la vie d'Hugo, porte-flingue heureux d'un patron véreux, sa petite routine de meurtres commandés aurait pu continuer longtemps. Mais maintenant Hugo veut faire le bien, défendre la veuve et l'orphelin, comme le héros de son livre. D'ailleurs, les jeunes hackers qu'il a pour mission d'éliminer, il leur donnera juste une gentille leçon.
Seulement dans la vraie vie, il ne sert à rien de sermonner les moulins à vent.
« Le septième roman de Pia Petersen est un bijou. » La Marne
Nouveauté de l'excellente -on ne le dira jamais assez- collection Vendredi 13 des éditions La Branche. Cette fois-ci il est question de cybercriminalité, de hackers et d'un tueur confronté à ses doutes et son désir de faire le bien. Sauf qu'évidemment, faire le bien n'est pas évident dans cette profession souvent expéditive et atypique. Pia Petersen s'amuse avec ses personnages, joue des stéréotypes, des clichés, en rajoute dans la caricature, et nous lecteurs, eh bien on sourit à la lire. On n'éclate pas de rire, mais un sourire effleure les lèvres tout au long de la lecture. Le "prêtre-athée", personnage secondaire mais déclencheur des événements est drôle, décalé et absolument pas en phase avec le monde qui l'entoure. C'est d'ailleurs ce décalage, cette vie hors des normes qui le rendent drôle. La présentation des hackers, chacun avec ses spécialités, ses motivation pour en arriver là son envie d'en découdre au sein du collectif Vendredi 13 est un régal : on pourrait presque les voir se matérialiser devant nous.
Et que dire de Hugo qui se promène avec son chiot, même lorsqu'il doit effectuer une mission délicate ? Cela donne des situations irréelles presque surréalistes : imaginer un tueur effectuer son oeuvre tout en protégeant son chien, en le portant lorsqu'il est trop fatigué, ... A quasiment chaque page, j'ai pensé à ce film que j'ai beaucoup aimé, de Pierre Salvadori, Cible émouvante, dans lequel Jean Rochefort est un tueur à gages qui entre deux missions apprend et récite les verbes irréguliers anglais. C'est pour moi le même genre d'humour, noir, décalé et peu probable.
J'ajoute que dans son livre, Pia Petersen dresse un portrait peu flatteur du grand patron, sans scrupules, sans regrets ni remords, en lien très étroit avec les politiques, ce qui ici, est une litote ou un euphémisme :
"Le président s'approcha et lui parla sur le ton de la complicité. On ira jusqu'au bout. On m'a élu pour faire le boulot. Pas question de reculer. Esteban le salua et descendit les marches. Le rendez-vous était terminé. Esteban monta dans sa voiture et quitta l'Élysée et le chauffeur prit la direction du café. Le ciel était sombre et menaçait de se coucher sur les toits. Il faisait un froid de chien." (p.140).
On ne peut pas dire de ce roman qu'il dénonce quoi que ce soit, mais il met le doigt (bon, c'est une image puisqu'un livre, évidemment, n'a pas de doigts) sur des situations et des faits réels dans une ambiance quelque peu barrée et réjouissante. La scène finale que je ne raconterai pas pour laisser le suspense total et entier est absolument hilarante, enfin j'espère que c'est bien comme cela qu'il fallait la voir. Je dis bien "la voir" car les livres de cette collection sont aussi faits pour être filmés et là, je salive déjà à l'avance à l'idée de regarder le film, qui j'espère portera le même formidable titre que je répète juste pour le plaisir : Le chien de Don Quichotte.
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