J'avais lu que Le carnet d'or de Doris Lessing était un chef-d'oeuvre d'écriture sur le féminisme d'avant-garde et qu'il s'agissait d'une lecture fondamentale, que toute femme se devait de lire ce grand roman du Prix Nobel de Littérature 2007.
Bien que je reconnaisse que ce livre est...
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J'avais lu que Le carnet d'or de Doris Lessing était un chef-d'oeuvre d'écriture sur le féminisme d'avant-garde et qu'il s'agissait d'une lecture fondamentale, que toute femme se devait de lire ce grand roman du Prix Nobel de Littérature 2007.
Bien que je reconnaisse que ce livre est effectivement un chef d'oeuvre d'écriture et un roman très engagé abordant des thèmes aussi délicats pour l'époque que la sexualité féminine (et même l'orgasme féminin), le marxisme et l'anti-colonialisme, cette lecture a pour moi été très difficile. Il faut vraiment s'y plonger avec l'esprit clair et se concentrer pour comprendre au plus vite la construction du roman, particulièrement originale puisque la narratrice y évoque tour à tour sa propre histoire sous forme de journal, mais aussi des personnages fictifs qui semblent être ses doubles. Les différentes histoires sont narrées séparément dans des carnets de couleurs différentes. Il y a le carnet rouge, le carnet bleu, le carnet jaune et le carnet noir. Les prénoms des différents protagonistes se retrouvent d'une histoire à l'autre sous les traits de personnages différents. Ainsi, le Michael qui est l'ex-époux d'Anna dans l'un des cahiers devient Michael le fils d'Ella dans un autre carnet tout comme Paul, un ami de jeunesse d'Anna devient l'amant d'Ella dans l'autre carnet... Oui, il faut vite s'adapter à cette particularité et comprendre les ficelles du récit !
Mais je crois que ce qui a été le plus difficile pour moi dans cette lecture, fut la montée en puissance d'une atmosphère étouffante amenant crescendo le lecteur dans le psychisme et la psychologie de la narratrice dont on finit par comprendre que quelque chose ne tourne pas rond ! J'ai vraiment senti cette sensation "d'étouffement psychologique" venir à moi progressivement et devenir prégnante à la moitié du roman. J'ai d'ailleurs constaté durant cette longue lecture (près de 1000 pages), que je souffrais systématiquement de migraines récurrentes ! Bref, à un moment du récit, je me suis dit que tous ces personnages avaient vraiment un grave problème, qu'ils étaient tous bi-polaires, paranoïaques, dépressifs voire schizophrènes (oui, je sais, j'y vais fort !) et que les femmes avaient de réels problèmes dans leurs rapports amoureux, et leurs rapports aux hommes tout simplement. D'ailleurs, page 724, l'une d'elle dit : - "Quelles idiotes nous sommes, toujours, éternellement ! Et nous n'apprenons jamais rien - je suis certaine que la prochaine fois je n'aurai toujours rien appris !"
En revanche, j'avoue que l'approche qu'a l'auteure sur la condition féminine (et plus particulièrement sur la sexualité) ainsi que sur l'engagement politique (communiste) et anti-colonialiste (dénonciation de l'apartheid) vient d'une plume clairement engagée et assumée pour l'époque et je trouve cela tout à fait exceptionnel. Je pense que c'est en cela que cette lecture est considérée comme fondamentale et qu'il faille passer outre cette "oppression" physique que j'ai ressentie. Mais peut-être suis-je trop sensible et que les autres lecteurs/trices de cette oeuvre ne ressentiront pas ce mal-être qui m'a envahie.
Je m'aperçois que je n'ai évoqué que mon ressenti par rapport à cette lecture et que je vous ai juste présenté succinctement ce roman sans vous en résumer l'histoire. Mais je pense que cela suffit et qu'il n'est nulle autre nécessité de détailler l'histoire car le mieux, c'est de la lire !
Je sais que c'est extrêmement paradoxal d'avouer avoir souffert d'une lecture et cependant de la considérer, effectivement, comme essentielle ! Et le carnet d'or me direz-vous ? Eh bien il s'agit de la dernière partie du livre qui convoque un peu tous les personnages du roman en une sorte d'épilogue. C'est également un peu l'allégorie de la guérison grâce au dernier personnage mis en scène... Enfin, il faut savoir que Le carnet d'or est largement inspiré de la vie de son auteure.