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D'où vient-il que la ruine au cinéma exerce un attrait, au point de vouloir lui consacrer du temps, un livre, et penser qu'un quelconque lecteur puisse vouloir y accorder son attention ? Peut-être est-ce parce que la ruine, telle qu'elle s'incarne au cinéma, que ce soit comme décombres de guerre ou vestiges antiques, chantier désaffecté ou lambeau de pellicule rescapé, exacerbe ce lien mélancolique, quasi ontologique, qui nous attache au temps et à la mémoire du cinéma (c'est-à-dire, comme le dirait Daney, à " la promesse d'un monde "): présence d'une absence, insaisissable trop tard, toujours-déjà passé, en train de disparaître. Cet essai s'intéresse ainsi à décrire ces moments de cinéma où le temps, sous diverses modalités, apparaît de manière sensible, en tant qu'expérience. Ces pages décrivent moins une histoire en bonne et due forme de la ruine au cinéma, qu'un parcours subjectif de fragments disparates qui constitue un programme possible et très partiel de cet attrait.
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