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Au moment où paraît une biographie d'Albertine Sarrazin aux éditions de l'Archipel, la réédition d'un titre majeur d'un des auteurs du fonds Pauvert, préfacé par Jean-Jacques Pauvert lui-même, est un événement littéraire, et une mise en lumière permettant de faire découvrir à de nouveaux lecteurs une écriture gouailleuse, poétique et sensible, au service d'un destin hors du commun.
Née en 1937 de père et de mère inconnus, Albertine Sarrazin est placée à l'Assistance publique puis adoptée. Le jour où elle apprend la vérité sur ses origines, elle s'enfuit. S'ensuivent les pensions, fugues, maisons d'éducation, puis les braquages, la prison et les tentatives de suicide. De cette existence mouvementée naissent deux oeuvres, parues simultanément en 1965, La Cavale et L'Astragale. C'est alors la gloire, confirmée en 1966 par La traversière.
L'astragale, c'est ce petit os du pied qu'Anne se brise en sautant d'un mur pendant son évasion. Décidée à quitter la prison, elle se traine jusqu'à la route malgré la douleur. Là elle croise Julien, petit malfrat qui lui demande de se cacher et d'attendre son retour.
De toute façon, qu'est-ce qu'elle pourrait faire d'autre Anne, avec ses os des pieds en capilotade ? Elle attend donc et quand Julien revient, c'est pour la prendre sous son aile. Il trimballe son "colis" d'une planque à l'autre, chez ses parents, Anne se laisse aller, désespérant de guérir de cette "mauvaise entorse", selon les mots du médecin.
Ce roman a été une rencontre pour moi, une rencontre avec un roman conseillé par une amie très chère, et une rencontre avec Albertine Sarrazin, cette romancière morte avant ses 30 ans.
Car Anne, emprisonnée dans un établissement pour mineures, prostituée à ses heures, en cavale, c'est Albertine.
Et de cette vie aventureuse, nait la poésie.
Ce mélange d'argot et de poésie brute m'a beaucoup touchée ; ces sauts dans le temps, ces transitions parfois abruptes, m'ont ancrée dans le texte.
Ça virevolte, ça tourbillonne et j'en redemande.
Retrouvé dans la bibliothèque de mes parents, j'avais lu ce roman lorsque j'étais ado, il y a ... une cinquantaine d'années, et je ne regrette pas du tout de m'être replongée dans l'histoire de Anne, un vrai régal de la voir grandir, se battre pour ses idées, trébucher, se relever. Une vraie battante, tant le personnage que l'auteur (mais le personnage est aussi un peu l'auteur), une jeune femme partie trop tôt qui aurait sans doute eu encore beaucoup à nous offrir en littérature. Mélange de réalité et de fiction, Albertine Sarrazin a sans nul doute marqué toute une génération, quel dommage que son oeuvre et sa destinée soient aussi brèves.
Dans les années 60, Anne 19 ans saute le mur qui la sépare de la liberté et se casse l'astragale,Julien la secoure et la capture...Anne va savoir ce qu'est l'amour!
Pas une histoire d'amour "gnangnan", ni qu'une histoire d'amour, la vie d'une jeune fille, d'une rebelle, d'une non conforme, de celles qu'on nommait alors "mauvaises filles" dans les années 1950/1960.
Un bon roman de 230 pages, bien écrit, vif, prenant et léger malgré la dureté de la vie d'Anne.
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