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Sait-on aujourd'hui qu'Arthur Adamov fut, dans les années cinquante, avec Samuel Beckett et Eugène Ionesco l'un des trois grands dramaturges du théâtre dit de l'absurde ? Si Beckett, est nobélisé en 1969, et Ionesco, élu à l'Académie française en 1970, c'est l'année même où Adamov, malade et marginalisé, se donne la mort. Pourtant, Adamov, dont les pièces (L'Invasion, La Parodie, Le sens de la marche, le Ping-Pong) sont mises en scène par les plus grands (Jean Vilar, Roger Blin, Roger Planchon, Jacques Mauclair) entre 1950 et 1955, qui a été l'initiateur de cette nouvelle écriture, connaît alors le succès. Mais le virage qu'il opère à partir de 1957, sous l'influence de Brecht, le conduit à se rapprocher du PC et à écrire des oeuvres engagées comme si, par là, il tentait de repousser ses démons pour faire corps avec le peuple des exploités. De Paolo- Paoli en 1957 à Off Limits en 1969, toutes ces pièces coupent Adamov du théâtre de l'absurde où Ionesco et Beckett vont eux seuls triompher... Sa dernière pièce, posthume, Si l'été revenait, revient sur le thème de la faute et du bonheur impossible dans la lignée de Strindbergh. Dramaturge fécond, adaptateur d'oeuvres pour la radio et la télévision, traducteur de Tchekhov, Gorki, Dostoïevski, Gogol, Büchner, Kleist, ou Rilke, remarquable prosateur (l'Aveu, L'Homme et l'enfant, Je... Ils), essayiste, Adamov n'a pas aujourd'hui la place qu'il mérite.
Cet admirateur de Rimbaud, cet écorché vif, balloté par la vie, cerné par les malheurs et la souffrance, fut aussi un poète inspiré, dont l'oeuvre est fascinée par l'échec et la mort.
Max Chaleil, qui a bien connu Adamov et a réalisé, avec André Laude, en janvier 1969, six entretiens diffusés sur France- Culture a, après la mort d'Adamov le 15 mars 1970, voulu retrouver les textes poétiques, réflexions et essais qui ont jalonné sa jeunesse de 1927 à 1947. Dans cette période difficile, « Ern l'Arménien », comme le nommaient ses amis, publia au hasard de revues souvent éphémères. Cette poésie qui dit l'amour, la mort, la solitude, mais aussi l'émerveillement, relèvent d'une écriture mystérieuse, dont la beauté nous bouleverse.
Ces textes n'ont, à ce jour, jamais été édités ; quant aux Entretiens radiophoniques, ils n'avaient pas fait l'objet d'une publication.
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