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Même si la définition de l'art roman et, plus encore peut-être, sa dénomination, font l'objet de contestations, le phénomène que recouvre ce terme, c'est-à-dire le profond renouvellement qui se manifeste, dans toute l'Europe occidentale, entre la fin du Xe siècle et le milieu du XIIe siècle, tant dans l'architecture que dans les autres domaines de la création artistique, apparaît comme une évidence. L'une des caractéristiques de ce renouvellement est incontestablement l'importance croissante donnée à la sculpture, avec en particulier l'extraordinaire essor de la sculpture monumentale dont on peut voir des témoignages jusque dans les édifices les plus modestes. Après divers essais, parfois assez timides, durant la période dite du « premier art roman », la sculpture connaît, dès les dernières décennies du XIe siècle, un soudain épanouissement qui culmine dans la première moitié du XIIe siècle avec un grand nombre de réalisations majeures : portails et façades, cloîtres, décors intérieurs. Mais la recherche constante de nouvelles formules et, sans doute aussi, la volonté d'accompagner les innovations dans l'art de bâtir ont amené les sculpteurs à multiplier les expériences ; les rapports entre sculpture et architecture sont ainsi pensés de différentes façons ; le traitement de la figure humaine évolue et l'ornement se diversifie. De nombreux ouvrages ont été consacrés, partiellement ou totalement, à la sculpture romane ; parce qu'il est bien difficile de dresser un tableau chronologique cohérent d'un art dont l'évolution, sur une période relativement brève, n'a rien de linéaire, l'approche choisie a été essentiellement régionale, mettant l'accent sur la diversité, bien réelle qui caractérise les principales « provinces » de l'art roman. Le présent ouvrage tente une autre démarche : mettre en valeur, par une analyse plus typologique, ce qui fait l'unité de la sculpture romane : sources d'inspirations communes, recours aux mêmes modèles (même si l'interprétation en est très variée), adaptation aux mêmes schémas iconographiques, solutions parallèles adoptées pour répondre aux mêmes nécessités. La connaissance de la sculpture romane permet sans doute, du fait de ce mélange d'unité et de diversité, de mieux comprendre la culture de la société des XIe et XIIe siècles, société marquée par la violence, que les structures de la féodalité divisent et cloisonnent mais à laquelle, en dépit de crises profondes, un certain renouveau économique et l'omniprésence de l'Église, à travers la constitution du réseau paroissial, l'action des ordres monastiques et les pèlerinages, ont donné une réelle unité.
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