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Lorsque les caprices de la mer et du vent font échouer son navire sur une nouvelle terre, Ulysse se demande, à propos de ses habitants : « Sont-ils des insolents, des hommes sauvages et sans justice, ou des gens hospitaliers, dont l'esprit craint les dieux ? » Cette question, qui rappelle que 1'interrogation fondamentale de 1'homme grec archaïque sur sa propre identité s'articule autour de 1'opposition de la sauvagerie et de la civilisation, peut apparaître comme le point de départ de cette enquête, et le modèle de son cheminement. À 1'instar du héros odysséen, on s'est efforcé de cerner dans ces pages, à partir de 1'étude du lexique, les réalités que les poètes, d'Homère à Eschyle, ont désignées comme « sauvages », et les critères - moraux, sociaux, religieux - qui fondent, chez eux, la définition de la sauvagerie. Des guerriers-fauves de l'Iliade aux héros de l'Orestie, c'est le modèle de la sauvagerie animale qui s'impose, tout au long de ce corpus, comme support imaginaire de la notion, pour traduire et, le plus souvent, dénoncer la part de sauvagerie qui gîte irréductiblement au coeur de 1'homme, menaçant les frontières souvent bien fragiles qui séparent bêtes, hommes et dieux.Christine Mauduit, anicenne élève de l'ENS, agrégée des Lettres, est professeur de langue et littérature grecques à l'Université Jean Moulin - Lyon III.
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