"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Aujourd'hui je marie ma fi lle, je laisserai de côté mes pensées de vieille folle, je serai comme elle aime que je sois : digne, bien coiffée, bien maquillée, souriante, prête à des conversations que je suivrai avec un enthousiasme feint et qui ne me laisseront aucun souvenir, parée pour butiner d'invité en invitée, mère parfaite que je serai aujourd'hui. » Pendant la noce d'Anna, sa mère se souvient. De la jeune femme qu'elle a été, si différente de sa fille, de ses dix-huit ans, de sa liaison, brève et passionnée, avec Matthew rencontré à Londres, de son retour à Paris, seule et enceinte. Au fil de cette journée les souvenirs resurgissent accompagnés de regrets, d'espoirs et d'envies ; parce qu'elle en a encore, des envies, cette femme célibataire qui marie sa fille...
Le tourbillon de la vie !
Notre langue française est belle et si subtile, l’auteur sait en faire bon usage, ce titre vous dit La noce et non Les noces d’Anna, la lecture vous éclairera sur cette virtuosité.
La noce est une partie de plaisir et les noces sont les festivités qui accompagnent un mariage.
Vous allez vivre une journée de Sonia et d’Anna.
Sonia, quadragénaire bohème est la maman d’Anna, 23 ans, qui se marie avec Alain.
Ces deux femmes semblent être à l’opposé l’une de l’autre, mère bohème, fille bourgeoise.
Le lecteur ressent la distance entre les deux.
La mère a élevé seule sa fille, car le papa a suivi un autre trajet, ils se sont aimés, mais il est parti pour suivre le chemin pour lequel il avait œuvré. Quand Sonia a découvert, après son départ, qu’elle était enceinte, elle a fait le choix de ne pas le recontacter.
Maman solo, elle a tout assumé, sans renier ce qu’elle était mais en se corsetant pour ne plus avoir de vie sentimentale, pas envie d’immiscer un homme dans la vie de sa petite fille.
« Anna. Ma grande fille, mon enfant unique. Que j’ai élevée maladroitement parce que ces choses-là ne sont pas dans les livres que je lis et que j’écris. Anna, ma fille qui me ressemble un peu je crois, elle a mes cheveux noirs et épais qu’elle laisse pousser jusqu’aux omoplates et quand, le soir, elle les tourne autour d’un crayon, je sais que ce geste-là nous appartient. »
L’annonce de ce mariage, va rompre les digues du souvenir et des interrogations du choix d’une vie.
La distance entre les deux femmes est-elle réelle ? Qui de la mère ou de la fille est à l’origine de cette distance ?
Les femmes ont une certaine idée de ce que doit-être une maman solo, mais doit-elle tout sacrifier ?
Ces interrogations rythment le livre, et nous sommes Sonia et aussi Anna, elles disent les peurs, les charges à assumer, mais aussi les petits bonheurs et les grandes joies…
J’ai aimé suivre ces méandres et me suis souvent reconnue dans ce cheminement.
« Tout le flou de ma vie est contenu là, dans cet instant précis où mon corps entier veut rester dans l’ombre mais je ne veux pas l’écouter, je ne peux pas l’écouter. Comme un panier de linge sale que je ne veux pas voir, je tasse les regrets, je tasse les remords, je tasse l’envie, je tasse, je tasse, je tasse, je ferme les yeux, je ferme les oreilles, je ferme la bouche, je ferme le sexe. »
J’ai une passion pour l’écriture de Nathacha Appanah, qui a la grâce, qui travaille le fond et la forme, avec pugnacité pour justement utiliser les subtilités de notre langue.
Elle sait dire crument les choses mais dans une langue d’une richesse et d’une beauté qui m’éblouie à chaque livre.
Des mots comme des notes de musique, qui vous bousculent, vous bouleversent et vous étreignent dans un même mouvement.
Nathacha Appanah trempe sa plume dans l’encrier de la vie.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/03/31/la-noce-danna-nathacha-appanah/
La noce d’Anna est un court récit émouvant qui dit les sinuosités des relations mère-fille, la vie des mères célibataires et la résurgence du passé.
Le récit débute un 21 avril, jour du mariage d’Anna , fille de la narratrice .L’évocation de la rencontre à Barcelone entre Anna et Alain réactive le souvenir de Matthew , le jeune journaliste avec qui la narratrice a vécu à Londres un amour éphémère…
J’ai été littéralement envoutée par cette plume. J’ai lu l’an dernier de cette auteure, Tropique de la violence, que j’ai beaucoup aimé. Je viens d’avoir la bonne idée de chercher la bibliographie de N. Appanah sur Babelio et de me lancer dans cet autre roman probablement très personnel dont le sujet n’était pourtant pas spécialement attractif pour moi.
Bon et bien c’est confirmé, quand un auteur a du talent, une plume, la magie opère. J’ai été happée, complètement. J’ai dégusté cette écriture comme un repas chez un étoilé au Michelin. Tout est bon, de l’entrée au dessert, il n’y a rien en trop, rien ne manque, chaque mot est à sa place et à la fin on est sous le charme du voyage que l’on vient de faire dans un univers qu’on ignorait avant d’ouvrir la porte. On est comblé, mais pas saturé. Il nous tarde de recommencer l’expérience…
Natacha Appanah est une magicienne des mots dont le talent allie le fond et la forme avec une grande sensibilité dans l’expression des sentiments et des émotions.
C’est ainsi qu’on accompagne cette mère tout au long de la noce de sa fille et qu’on va entrer dans l’intimité d’une relation complexe, parfois difficile jusqu’au dénouement inattendu et très émouvant.
Je vais sans tarder me plonger dans « le dernier frère » et il me tarde de lire « Le ciel par-dessus le toit » qui vient d’être publié.
Un tout petit livre qui se lit d'une traite, extrêmement touchant par la liberté de ton de Sonia qui, à 42 ans, assiste aujourd'hui au mariage d'Anna, sa fille unique : ce mariage, géré comme papier à musique par Anna, lui laisse le temps de rêver, de réfléchir, de faire le point sur sa vie avec beaucoup de lucidité et de pudeur.
Ce sera pour elle l'occasion de constater que le temps a filé, qu'Anna ne sera plus là pour l'ancrer dans la vie, qu'elle et sa fille, quoique très différentes, sont cependant très proches ; l'occasion de penser avec nostalgie à son unique amour de jeunesse ; de regretter certains "non-choix", de rêver à donner un nouveau tournant à sa vie...
Concis, touchant, bien écrit, un petit bijou !
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