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Tout a commencé par un appel téléphonique. Il était 21 heures 21. L'été 1982 venait de commencer. Les autocars roulaient sans encombre, le Tour de France partait le lendemain depuis la Suisse, la demi-finale catastrophique entre la France et Allemagne de l'Ouest lors de la Coupe du monde de football n'avait pas encore eu lieu, le groupe Blondie était soudé, Patrick Dewaere toujours en vie, le Sida n'existait pas, Internet non plus, ni E.T., ni même Thriller.
Non, cet été là ne ressemblera à aucun autre : quelques mois comme un voyage initiatique douloureux au coeur de la tourmente pour une petite fille de neuf ans. Presque et demi. Lorsque ses deux parents se séparent avec pertes et fracas, c'est tout son univers qui bascule : accompagnée de son inséparable tortue Dynamite, elle découvre que la vie est bien plus compliquée que dans le livres. La rencontre avec un couple de « vieux », Solange et Jonas, va tout changer et bouleverser son quotidien.
C'est au début de l'été 82 que l'univers de Gabrielle, la narratrice, bascule dans la confusion et l'opacité de l'inconnu. Elle doit suivre sa mère qui quitte le domicile familial pour aller s'installer provisoirement chez l'oncle Riton, dans le quartier des abattoirs. Gaby vit la séparation des ses parents comme un arrachement auquel elle seule peut remédier. Et elle s'y emploie sans relâche en inventant des plans maladroits pour retrouver son père et raccommoder les déchirures qu'elle pressent sans pour autant les considérer comme irréversibles. Sa rencontre avec Jonas et Solange, vieux couple voisin de l'oncle, lui laisse entrevoir un chemin de traverse qui amortira le choc de la réalité.
L'air de rien, avec ce récit plein d'énergie et de tendresse, Marianne Brun décrit les prémices de la prise de conscience du temps, de ce qu'il apporte, de ce qu'il efface, par une petite fille de "9 ans presque et demi". Le ton mêle espièglerie et gravité pour évoquer les diverses formes que peut prendre l'amour et les métamorphoses qu'implique le passage du temps sur les choses, les êtres et les relations. En quête de "la nature profonde des choses" et du "sens de la vie", Gabrielle tente avec les moyens de son âge de mettre de l'ordre dans le chaos soudain que provoque la rupture d'une cellule familiale et la découverte de ce qui fait l'âge adulte : mensonges, compromissions, culpabilité... Entre sourire et larmes on l'accompagne dans son appréhension (au double sens du mot) du monde tel qu'il est en cet été 1982 où les évènements de l'actualité entrent en résonance avec ce qu'elle vit. Ce joli roman initiatique met délicatement, subtilement, en évidence le douloureux apprentissage de "l'irrémédiable" et de la signification du "jamais plus". La mélancolie affleure sous l'énergie vitale de l'écriture et des personnages, souvent désarmés face aux méandres de l'existence. Un roman juste dont la simplicité gracieuse cache une réelle profondeur.
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