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La déesse des mouches à feu, c'est Catherine, quatorze ans, l'adolescence allée chez le diable. C'est l'année noire de toutes les premières fois. C'est 1996 à Chicoutimi-Nord, le punk rock, le fantôme de Kurt Cobain et les cheveux de Mia Wallace. Des petites crisses qui trippent sur Christiane F. et des gars beaux comme dans les films en noir et blanc. Le flânage au terminus et les batailles de skateux contre pouilleux en arrière du centre d'achats. L'hiver au campe dans le fin fond du bois, les plombs aux couteaux, le PCP vert et les baises floues au milieu des sacs de couchage. C'est aussi les parents à bout de souffle et les amants qui se font la guerre. Un jeep qui s'écrase dans un chêne centenaire, les eaux du déluge qui emportent la moitié d'une ville et des oiseaux perdus qu'on essaie de tuer en criant.
Gloups… dès la première page j'ai dû aller deux fois consulter le glossaire en fin d'ouvrage. Les québécois on vraiment des mots et expressions très différents de nous. Mais moi j'adore !
Les parents de Catherine ont l'air de s'exaspérer mutuellement, voire de ne plus en avoir rien à faire l'un de l'autre. En fait non, c'est pire que ça, ils sont foutent carrément sur la gueule ! À coups de poêle en fonte, coups dans les "gosses" et autres joyeusetés du genre. Elle, elle va fêter ses 14 ans pis (eh ouais je me mets dans l'ambiance) elle a envie de picoler en loucedé avec sa copine Véronique. Alors, les prénoms des filles, 14 ans en 1996, il faut croire qu'au Québec on n'a pas le même tempo qu'ici en France, car ici, les Catherine et les Véronique ont atteint la soixantaine et donc en 1996 elles avaient la bonne trentaine. À cause de ça, j'ai eu tout le long l'impression que ça se passait pendant mon adolescence à moi XD.
Les parents finissent par divorcer. Catherine sort avec le beau Pascal et de fait ses deux super copines, Véronique et Sarah deviennent des pisseuses, puisque Pascal le dit.
Il y a quelque chose de triste dans certaines façons d'aborder l'adolescence. Est-ce parce que sa mère lui a offert le livre "Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée pour ses 14 ans ? A-t-elle pensé que c'était un mode d'emploi ? Que c'est comme ça qui fallait être ? Car visiblement elle s'identifie. Christiane F devient sa référence, son héroïne funèbre, sa sombre inspiratrice, celle qu'il faut imiter en tout.
Toujours est-il que c'est trop pour ses 14 ans.
Au fil de cette histoire j'ai repensé à ma propre adolescence et je me suis dit que c'est vraiment l'âge bête, celui de la superficialité, où on a souvent des rêves débiles et des centres d'intérêt assez inintéressants. Mais c'est parce qu'on est tout neuf, qu'on ne sait rien de la vie mais qu'on croit être déjà grand... on veut s'affirmer, parfois un peu trop fort et surtout trop bruyamment. Et puis on a envie d'appartenir à un groupe, de se créer une famille de potes et quitter ses parents. On se croit plus fort que tout et surtout indestructible.
En commençant ce livre, je ne m'attendais pas à rire autant. À vrai dire je ne m'attendais pas à rire du tout. Mais les remarques adolescentes et la façon de s'exprimer de Catherine la narratrice m'ont souvent fait marrer. Pourtant elle est dure cette histoire d'une gamine livrée à elle-même qui rêve d'émancipation et de liberté. On suit son chemin en se disant qu'on assiste à la chronique d'une catastrophe annoncée, car elle va trop vite et trop loin.
En revanche, bien que j'aime le parler québécois, j'ai trouvé qu'il y avait trop de mots à aller chercher dans le glossaire : […] elle a sacré mon discman dans la bol en flushant, pour être sûre qu'il soit scrap..., j'ai fini par renoncer pour ne pas me sortir de l'ambiance à chaque fois, en me disant que je comprendrais le sens général.
Évidemment ce roman fait penser à Moi Christiane F... que j'ai lu à l'âge adulte, mais aussi à L'herbe bleue que j'ai lu à 14 ans. Et je ne suis pas sûre que ce soient des lectures appropriées à cet âge.
Et sinon, la luciole est connue sous le nom de mouche à feu ou de ver luisant.
C’est déjà auréolé du Grand Prix Littéraire Archambault 2015 et d’une adaptation cinématographique au succès fracassant que ce premier roman de Geneviève Pettersen s’offre à nos yeux de lecteurs français grâce aux éditions Points, épicé d’un solide accent canadien et d’une nostalgie adolescente irrésistible.
En « Adolescie », terre de chao et d’orages au relief en montagnes russes, il y a des années qui comptent triple, lestées du plomb du souvenir indélébile de premières fois plus ou moins heureuses : première expérience sexuelle, première cuite, premier trip, premiers instants d’enfant de couple divorcé, premier contact frontal avec la mort…ce n’est pas tous les jours facile de pousser ses quatorze ans parmi tous ces obstacles ! Catherine, par ses yeux, par sa voix, par son histoire racontée avec une déconcertante franchise, nous invite à l’accompagner entre les lignes de ce qui pourrait être le journal intime de cette année particulière et terrible dont Geneviève Pettersen a su retrouver la tonalité avec une acuité presque douloureuse.
Rarement roman aura su me déprimer à ce point et c’est sans doute à l’indéniable talent de son auteure que je le dois ! Car, passée la barrière de la langue à grand renfort de courte échelles lexicales fournies en fin d’ouvrage, on retrouve sans peine cette ambiance si inconfortable d’un entre deux sans nuance, moitié doudou, moitié violence, moitié bonhomme de neige, moitié neige artificielle, où l’on navigue à (courte !) vue entre obligations bien réelles et impératifs imaginaires, subissant plus que l’on ne maîtrise des rituels que l’on croit incontournables et qui virent, pour certains, à l’insurmontable. Quelle désespérante tristesse se dégage de ces après-midis oisives passées entre (presque) copines dans la galerie marchande, à tromper l’ennui à coup de ragots, de vol de lingerie, de salves d’insultes ou de bagarres générales ou de ces soirées au « camp » dont l’ultime fin consiste à expérimenter tous les extrêmes, de l’alcool à la drogue en passant par le sexe. Quatorze ans, se dit-on, en se sentant très vieille, cheveux dressés, sourcils froncés, tête secouée, taratata, ça finira mal tout ça…Et comme, malgré tout, grâce à cette forme d’innocente naïveté qui affleure, grâce à ces quelques instants lumineux qui traversent, grâce à cet humour parsemé sans efforts dans cette langue pleine d’images, on s’attache, que voulez-vous, on s’attache, eh bien on a le cœur tout chaviré quand, bien sûr, tout ça finit très mal.
La déesse des mouches à feu raconte la descente aux enfers de Catherine, adolescente québécoise dans les années 90.
Dans ce court roman, Geneviève Pettersen parvient à nous plonger dans son univers, ressentir ses pulsions, vivre ses phobies.
Catherine, sous ses airs de mauvaise fille junkie et désaxée, est touchante, on aimerait l’aider mais au fil des pages on reste impuissant face à son autodestruction.
Les personnages sont complexes, leurs caractères bien construits, et l’histoire est prenante.
La particularité de ce livre tient à l’utilisation d’un vocabulaire très particulier : celui des jeunes québécois… alors, autour de Catherine, les gawa se gèlent la face, on croise des restants de crosse qui sentent de fond de tonne. C’est direct, cru, criant de réalisme.
J’ai appris beaucoup d’expressions plaisantes, certaines très imagées, mais je dois reconnaître que la nécessité d’avoir régulièrement recours au lexique en fin d’ouvrage m’a parfois gênée pour rester dans l’histoire.
Un roman choc, noir, qui donne à réfléchir sur le côté sombre de l’adolescence, et sur les difficultés que peuvent éprouver les parents et leurs (grands) enfants à rapprocher leurs deux mondes.
Du Québec à la France, les adolescents sont tous les mêmes, avec leur apparente insouciance et leur surprenante inconséquence.
Catherine vient de fêter ses quatorze ans et va au lycée à Chicoutimi. Comme tous les ados, elle s’inspire de figures emblématiques qui sont, pour elle, Mia Wallace, l’héroïne du film Pulp Fiction et Christiane F. du roman Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... Elle aime la musique grunge, les films d’horreur et les garçons. Mais ses rencontres et les fêtes auxquelles elle participe, la font plonger dans les drogues hallucinogènes qui perturbent son quotidien.
Une année d’amitiés et d’amours, de mensonges aux parents, de week-ends survoltés dans un chalet en montagne, de drogue et de sexe, qui va changer la jeune fille et la faire entrer, non sans mal, dans la vie adulte.
Ce roman, écrit en français canadien, n’est pas facile à appréhender de premier abord et il m’a fallu dépasser cette barrière de la langue pour m’y plonger totalement. En utilisant le moins possible le glossaire de fin pour ne pas rompre le rythme, j’ai réussi néanmoins rapidement à comprendre cette drôle d’écriture, avec ses mots imagés et ses expressions très originales pour nous, lecteurs français.
Geneviève Pettersen, se fond dans la peau de ses personnages en employant un style « journal intime d’adolescent » pour ce court roman qui donne une vision très réaliste de la jeunesse des années 90.
Difficile à lire mais néanmoins très prenante, j’ai apprécié cette histoire dure et drôle à la fois qui ne peut que nous interpeller, en nous rappelant aussi bien nos propres souvenirs, que ceux de notre vécu en tant que parents.
Une curiosité qui ne manque pas d’intérêt.
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