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" Klezmer est peut-être une réponse ashkénaze au Chat du Rabbin." Les héros sont presque tous juifs mais ils passent plus de temps à jouer de la musique qu'à penser à Dieu. Ce sont des musiciens sans argent embringués dans un feuilleton slave. Ils traînent leurs instruments dans les steppes d'Ukraine, à Odessa, dans des campements gitans. Je voulais que Michel Strogoff rencontre un Juif vert de Chagall : la grande aventure rejoint le violon sur le toit. Sublime.
Dès le premier volume de cette série qui en compte quatre, Joann Sfar nous plonge dans la vie quotidienne de ces villages d’Europe de l’Est, au début du XXe siècle, dans des contrées où il faut supporter des conditions climatiques souvent extrêmes mais aussi tenter de gagner sa vie afin de pouvoir se nourrir.
Tout au long de Klemzer, c’est la musique et le yiddish qui vont servir de trame… avec la violence et le sort réservé aux Juifs et aux Tziganes.
Comme le note Marc-Alain Ouaknin dans une préface très intéressante, « Klemzer, c’est du yiddish… En fait, Klemzer est un mot yiddish dérivé de l’hébreu kéli zémèr, instrument (kéli) de musique et chant (zémèr). Klemzer c’est le yiddish de la musique ! Klemzer, c’est le jazz du yiddish ! »
L’histoire commence par le massacre d’un groupe de musiciens par… les musiciens du village où ils voulaient se produire. Noé Davidovitch, appelé Baron… de mes fesses, est le seul survivant. Il réussit à s’imposer grâce à son harmonica, lors d’un mariage, ce qui séduit Hava, la mariée, qui le suit.
Petit à petit, un groupe va se former avec le jeune Yaacov, image du grand-père de l’auteur, Vincenzo qui s’est fait renvoyer de sa Yeshiva, lieu d’étude de la Torah, pour avoir volé des pommes et un tzigane, Tchokola, qu’ils ont sauvé de la pendaison. Ce dernier est très pragmatique. Il apprend la musique à Yaacov car : « Les Juifs, ils sont toujours à se marier, à se circoncire, à se fiancer. Il y a du pognon à se faire. »
Tout ce petit monde se retrouve à Odessa, au bord de la mer Noire où une dame riche les emmène dans sa voiture pour qu’ils jouent toute la nuit, dans un des beaux quartiers de la ville.
En appendice, l’auteur publie ses notes sur Klemzer. Il reconnaît que Yaacov ressemble au chat du rabbin, que Klemzer en est le revers de la médaille. Il écrit aussi : « … j’ai grandi avec cette idée inquiétante : les idées humanistes et les utopies républicaines sont révocables à tout moment. »
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