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Ce quatrième volume du Journal intégral de Virginia Woolf nous montre, de 1928 à 1930, une Virginia heureuse de la vie plus large que lui permet la réussite de ses livres, et plus absorbée que jamais par la création littéraire. Elle achève Orlando. Simple divertissement pour elle et dont le succès l'étonne.
C'est que déjà elle n'est plus préoccupée que de cet autre livre qui l'habite depuis des mois et qui va lui demander deux années de travail : Les Vagues, sans doute son chef-d'oeuvre, tout au long duquel le bruit de la mer scande le passage du temps "qui est le seul véritable événement de nos vies".
Mais ce temps contre lequel elle ne peut rien, Virginia Woolf ne se lasse jamais d'essayer de la retenir, de le retrouver, de le marquer de son individualité. Dans ses romans, bien sûr (et durant cette période, outre Les Vagues, nous la voyons écrire ce curieux évangile du féminisme actuel : Une chambre à soi), mais surtout dans ce Journal sans pareil, où elle note un quotidien perçu avec une prodigieuse acuité, ce bel et vivace aujourd'hui traversé parfois d'angoisse, de terreurs, de maladie, mais dont elle apprécie les moindres beautés, les moindres bonheurs. Paysages, portraits, vie de famille, petits voyages, conflits avec les hommes, cercle d'amis qui s'élargit avec la notoriété. Nouvelles amitiés ambiguës. Après Vita, voici coiffé d'un tricorne ce grenadier d'Ethel Smyth, qui vient d'offrir son amour. Les livres lus ou à lire, Shakespeare toujours présent.
Virginia Woolf anime tout cela de sa verve parfois cruelle et de son style fulgurant. Et elle en vient aussi parfois, pour mieux assurer la continuité de sa vie, pour mieux la placer dans le courant du temps, à citer, quand elle s'en souvient, les gros titres des journaux du jour : "Soulèvement en Espagne", "Rhume du prince de Galles", "Carnera bat Meen", "Eclatement d'une conduite d'eau dans Cambridge Circus", "Maladie de M. Poincaré", etc.
De volume en volume, ce Journal (publié aux Editions Stock pour la première fois en français dans sa version intégrale) s'impose à nous comme un éblouissant chef-d'oeuvre du genre.
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