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La prise du regard, c'est la capacité du cinéma documentaire à redonner une visibilité singulière, personnelle, humaine, à des visages, des êtres, dont au premier abord nous détournons le regard. Ils nous inspirent malgré nous peur, dégoût, fascination et rejet. C'est tout l'art du cinéma documentaire, et singulièrement des cinéastes rassemblés dans ce numéro, que d'ouvrir le regard sur ces visages. La découverte du film de Didier Cros, La Disgrâce a été le point de départ de cette réflexion, un film qui nous confronte à la défiguration, comme, en son temps, L'Ordre de Jean-Daniel Pollet. Plus près de nous, dans une approche moins directe, Sergueï Loznitsa a su nous faire accéder à la beauté des visages des étranges habitants de La Colonie. Cette question du regard est également au coeur du travail de Christophe Otzenberger auquel nous avons voulu rendre hommage ici, lui qui a si bien su faire rayonner les visages des oubliés de notre société. La rubrique Trajectoire est consacrée au travail de Julien Faraut sur les archives sportives, à l'occasion de la rétrospective « Plus vite, plus haut, plus fort - filmer le sport » conçue par Julien Farenc pour la Cinémathèque du documentaire de la Bibliothèque publique d'information (12 septembre-20 décembre 2019).
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