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[TEXTE COURT] "Je n'ai pas demandé à avoir une langue maternelle", dit-elle.
Canan Marasligil parle turc avec sa mère et sa grand-mère, mais a été élevée à Bruxelles, regardant les films américains sur la télévision néerlandaise, où ils ne sont pas doublés, pendant que son père prend les informations en allemand. Le travail du père, et comment on traite les immigrés turcs. Et le retour en Turquie, le décalage avec celles qui là-bas se voilent, et la grand-mère qu'on retrouve après un deuil...
Mais rien de lourd, rien de pesant. Une autre gravité, celle du sensible - un battement de coeur pour un passeport dont la photo est trop vieille, ou comment l'arrivée de la télévision couleur a révélé la détresse du père. Aujourd'hui, Canan (prononcer Djanan...) vit à Amsterdam, écrit en quatre langues et traduit de l'une à l'autre, aborde sa propre route d'écriture. Elle a commencé par la fiction, et puis voilà cette belle formule, "Bir varmis, bir yokmus", l'équivalent de notre "il était une fois" - cela signifie littéralement "il y avait quelqu'un, il y avait personne", et c'est ainsi que commencent les contes, là-bas. C'est dans ce flottement entre conte et réalité que Canan Marasligil ouvre son propre espace de récit, et ose l'ouvrir à une autobiographie insaisissable, impalpable, pour venir plus près des êtres.
Une grande fierté à accueillir en tant qu'auteur la maître d'oeuvre de notre revue de littérature contemporaine turque, "Meydan, la Place".
FB
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