80 ans après, il est toujours essentiel de faire comprendre cet événement aux plus jeunes
«Murène est appelée car elle fait maints cercles. De quoi les pêcheurs disent qu'elles ne peuvent être que femelles, et qu'elle conçoit du serpent» (Littré). La murène serait-elle un monstre ? Mais n'est-on pas toujours la murène de quelqu'un ? Mila a dix-sept ans, un nom imprononçable - «c'est le nom de ma mère» -, des «paters» qui se succèdent, lui laissant par-ci par-là un demi-frère en souvenir. Elle a aussi des «ailes» suspectes, qui lui ont valu d'être expédiée dans une maison de santé dont elle devrait ressortir «conforme». En attendant que les ailes tombent, qu'est-ce qu'on peut faire, à dix-sept ans, si ce n'est se découvrir amoureuse ? Mais, là encore, la «conformité» ne semble pas inscrite dans la nature de Mila : l'objet de son amour, Paule, une monitrice, n'a pas plus de piédestal que les refrains de Josette, l'amie, la complice, n'ont la couleur de l'eau de rose. Roman en six volets, annoncés par d'ironiques têtes de chapitres, reconstituant les étapes d'un parcours vieux comme le monde et pourtant toujours neuf : le rendez-vous qu'on ne peut manquer, qu'on manque toujours au moins un peu, avec l'amour, avec soi-même, avec la vie. Mais la réalité est aussi ailleurs, débusquée au-delà des apparences par le regard sans concession de l'héroïne, dans le raccord instantané du passé à l'avenir, du sérieux à la provocation, du drame au canular... Alchimie tragi-cocasse propre aux adolescentes qui se savent au confluent de l'enfance et de la «vraie vie».
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