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Humanitaire, le coeur de la guerre

Couverture du livre « Humanitaire, le coeur de la guerre » de Christiane Vollaire aux éditions L'insulaire
Résumé:

Les représentations les plus répandues de l'action humanitaire reposent sur un présupposé : celui de sa neutralité.
Une position extérieure à la violence des contextes dans lesquels elle intervient. L'humanitaire serait un en-dehors de la guerre, et cet en-dehors permettrait à la fois... Voir plus

Les représentations les plus répandues de l'action humanitaire reposent sur un présupposé : celui de sa neutralité.
Une position extérieure à la violence des contextes dans lesquels elle intervient. L'humanitaire serait un en-dehors de la guerre, et cet en-dehors permettrait à la fois l'efficacité de ses opérations et la légitimité de ses appels de fonds. L'appel au coeur (tel que l'exprime le concept de "resto du coeur"), comme recours à l'émotion compatissante, est ainsi ce qui règle généralement les campagnes de communication.
C'est cependant à l'autre sens du mot "coeur", non pas sentimental mais tout simplement organique et fonctionnel, qu'on se référera ici : celui qui fait du coeur non la métaphore périphérique du sentiment, mais la réalité centrale de l'action. Un centre essentiellement profond, et de ce fait même difficilement visible, en tout cas non médiatisé, beaucoup plus proche en cela de ce que Joseph Conrad appelait "le coeur des ténèbres".
La guerre, dans sa réalité contemporaine, est sortie depuis longtemps des représentations homériques de l'affrontement militaire, pour entrer dans l'effectivité beaucoup plus larvée du bras de fer économique, et de rapports de domination qui n'empruntent plus les formes du conflit ouvert. De ces rapports de domination, l'humanitaire n'est ni un témoin ni un arbitre mais, tout simplement, par l'origine même de ses ressortissants, un acteur.
À cet égard, l'extériorité de l'action humanitaire par rapport à la guerre ne peut guère se présenter autrement que comme une fiction. C'est cette fiction de l'extériorité qu'on voudrait mettre en évidence ici, parce qu'elle est, précisément, et quelles que soient les intentions généreuses de ses agents, au coeur même de la réalité de la guerre.

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