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Traître à la nation, prince tyrannicide, Jean sans Peur (1371-1419), deuxième duc de Bourgogne de la dynastie des Valois, est entré dans l'Histoire avec une bien sombre réputation. Longtemps les historiographes n'ont voulu voir en lui que le meurtrier de Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, le coupable qui avait précipité le royaume de France dans la guerre civile, et le félon qui signa une alliance avec l'Angleterre, ennemi héréditaire de trente ans. Cet héritier d'un important domaine comprenant les duché et comté de Bourgogne, ainsi que les florissants comtés de Flandre et d'Artois, avait pourtant bien commencé : parti croiser le fer avec les Infidèles, il s'illustre sur le champ de bataille de Nicopolis en Hongrie, où, capturé, il sauve ses compagnons en payant leur rançon. Mais son éviction du gouvernement par le duc d'Orléans, qui profite ainsi des accès de démence du « roi fou », et la haine grandissante entre ces deux cousins le contraignent à commanditer l'assassinat du duc. Absous de son crime majeur grâce à un habile réquisitoire faisant l'apologie du tyrannicide, Jean sans Peur prend alors possession de Paris, déclenchant de sanglants affrontements entre Armagnacs et Bourguignons. À nouveau chassé par le dauphin Charles (le futur Charles VII dont le royaume sera sauvé par Jeanne d'Arc), il s'allie avec les Anglais et la reine Isabeau, avant de finir sous les coups de hache des partisans du dauphin lors de leur entrevue à Montereau. Bertrand Schnerb, en un audacieux renversement de perspective, confère un visage plus humain à cet inquiétant personnage qui, aux dires du grand historien Michelet, était «sans peur des hommes et sans peur de Dieu». S'appuyant sur des sources souvent inédites, exploitant les récits savoureux des chroniques, il souligne ainsi tant sa grande culture que sa fervente piété, le faste de son hôtel, la fidélité de son entourage, l'éclat de son mécénat et de sa cour, ou son goût pour la chasse et les joutes. Il redonne surtout à son action politique et diplomatique sa véritable place au sein de la construction de cet État bourguignon qui, pendant plus d'un siècle, rivalisa, par sa puissance et son influence, avec le royaume de France. Une somme pénétrante et passionnante, essentielle à qui veut comprendre ce temps de crises, marqué également par le Grand Schisme de l'Église, d'où émergera l'État moderne triomphant. Un de nos rares spécialistes français des institutions et de la société bourguignonnes, Bertrand Schnerb a déjà consacré plusieurs ouvrages remarqués sur le sujet, dont Les Armagnacs et Les Bourguignons : la maudite guerre (Perrin, 1988) et L'État Bourguignon : 1363-1477 (Perrin, 1999). Il est actuellement professeur d'histoire médiévale à l'Université de Lille III.
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