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Le propos de cet ouvrage est de saisir les mutations géographiques à l'oeuvre sous la durée des événements sociaux et politiques qui auront marqué décisivement le destin des deux nations haïtienne et dominicaine.
Il n'est pas courant que la géographie s'embarrasse d'un cadre historique aussi rigide pour le développement de ses analyses. Mais sans recourir une fois de plus à la métaphore de l'espace qui serait fait de la sédimentation lente de la durée, on s'avise aisément que, dans l'organisation des territoires, les premiers temps jouent un rôle déterminant pour toute la suite de l'évolution. Analyser une société dans les prémices de son éveil, c'est la saisir pour ainsi dire au berceau, et se donner les moyens de comprendre la dynamique qui sous-tend sa geste.
En effet, 1804 et 1916 représentent des césures significatives à la fois pour l'inscription de la frontière, qui scinde en deux l'île commune, et pour l'affirmation des deux États-nations dans le cadre ainsi défini. Pour les Haïtiens, 1804 signifie avant tout la fin de l'ordre colonial et le début d'une expérience inédite dans le monde : la construction d'un Etat moderne par d'anciens esclaves, sans aide ni exemple.
Cette expérience fut momentanément mise en suspens par l'occupation américaine qui débuta en 1915. Pour les Dominicains, 1804 représente le début d'une époque de grandes incertitudes liées à l'émergence de la nation haïtienne. On ne pouvait imaginer situation plus paradoxale : celle d'une colonie aux abois et qui en appelle à la métropole pour continuer à exister comme entité distincte. Cette grand'peur a marqué d'un trait indélébile les relations entre les deux peuples : une frontière sinueuse qui coupe à travers mornes et qui sépare bien plus que des territoires.
Lorsque les Marines débarquèrent en 1916, quelques mois après avoir pris possession d'Haïti, à ne considérer que les effets stratégiques de l'événement, on peut dire que leur action gela définitivement les ambitions haïtiennes de conquête. Et si l'Occupation mit pour un temps sous le boisseau l'identité dominicaine, elle réalisa le voeu le plus cher des hommes d'État dominicains depuis l'indépendance : la consolidation de la limite avec Haïti.
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