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Fritz Beblo (1872-1947) a marqué comme peu d'architectes la ville de Strasbourg. Tout d'abord, par les nombreuses constructions édifiées durant sa longue période à la tête du Service d'architecture (1903-1918): les Bains municipaux, les écoles de Saint-Thomas et de la Musau, l'église Sainte-Madeleine... Mais aussi, après son expulsion suite à la Première Guerre mondiale, parce qu'il a laissé derrière lui des pratiques et des conceptions qui perdureront jusque dans les années 1960.
Pourtant, c'est un des personnages les moins connus du grand public strasbourgeois: on ne connaissait jusqu'ici de lui que le portrait datant de son départ à la retraite (1936), sous la pression nazie, alors qu'il était devenu architecte en chef de la ville de Munich.
Animé d'un amour idéaliste pour une ville dont il voulait préserver le caractère multiséculaire tout en l'adaptant aux nécessités du monde moderne, Fritz Beblo, a «réinventé» une tradition alsacienne en se servant d'un langage qui tire sa richesse d'un dialogue intime avec le passé, l'idéal d'une création respectueuse des traditions, sans refuser le recours aux techniques d'avant-garde, comme le béton armé. La vie entre simplicité et proximité avec la nature qu'il y mena, entouré de son épouse Melanie et de ses enfants, s'inscrivait dans la mouvance de la «Lebensreform» (réforme de la vie) allemande, anticipant ce que devait être selon lui le futur radieux de Strasbourg, confiante dans l'avenir car enracinée dans son passé.
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