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Personnage atypique de son milieu, Francis Garnier naît en 1839 a Saint-Etienne dans une famille catholique et royaliste légitimiste. Rien ne le prédestine alors à devenir officier de marine, républicain et voltairien, sinon un esprit farouchement indépendant et frondeur très tôt affirme. Diplômé de l'école Navale de Brest en 1858, il est très vite arraché à sa famille avec laquelle il entretient des rapports passionnels. Enrôlé dans les campagnes de Chine et de Cochinchine, son avenir se joue dans ce premier contact avec l'Asie. Toute son énergie tend alors a vouloir donner à la France sa place sur l'échiquier colonial et à en évincer l'Angleterre. Préfet de Cholon en 1864, appendice chinois de Saigon, il se distingue par de prodigieuses qualités d'intelligence, de travailleur, de décideur. Mais c'est surtout l'exploration du Mekong (1866-68) qui lui confère sa notoriété. Unanimement honoré lors de son retour en France, il songe pourtant aussitôt à repartir en Asie. La Guerre de 70 l'en empêche. Acteur du conflit, il tente vainement d'entrer en politique et s'insurge vivement contre la Capitulation. Désormais mari et père, il s'installe a Shangai à l'automne 1872 pour y mener à la fois des activités scientifiques et de commerce et entreprend plusieurs voyages en Chine méridionale. En juillet 1873, un ordre de l'amiral-gouverneur le pousse imprudemment dans une aventure aussi soudaine que malheureuse. En acceptant de commander une expédition au Tonkin - en fait une tentative de conquête camouflée - il signe son arrêt de mort, de par ses ambitions. Un coup de folie le livre aux mains des Pavillons Noirs qui le décapitent le 21 décembre 1873 après qu'il se soit emparé de la citadelle d'Hanoi, amorçant ainsi la conquête du Tonkin. Au coeur d'une polémique après sa mort, oublié des générations de l'après-Indochine française, il laisse cependant à la postérité quelques solides ouvrages théoriques sur le colonialisme et de passionnants récits de voyages.
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