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La courtisane est une figure puissante de l'imaginaire et des sensibilités du 19e siècle. Elle a en effet joué un rôle non négligeable tant sur les plans économique, social que culturel : économique car cette femme indépendante est une "petite entreprise" à elle toute seule et pose le problème des maisons closes, des "insoumises" et de leur statut; social car elle joue le rôle de précurseur dans des domaines aussi importants que le corps, l'hygiène, la maladie, la maternité, la mode vestimentaire, etc.; culturel par sa représentation médiatique voire la politique et par là même le juridique (certaines de ces courtisanes étaient en effet fichées par la police qui n'avait aucun mal à se procurer leurs photographies qui circulaient dans tout Paris).
Aussi bien présente dans la littérature (Balzac, Proust) que dans les arts de la scène (théâtre avec Dumas fils, opéra avec Offenbach), elle a donné lieu à une mythification, des clichés, voire des stéréotypes physiques et moraux. Qu'en est-il réellement?
Quel rôle ont donc tenu ces femmes dans le Paris du 19e siècle? Ont-elles été des femmes d'influence? Des pionnières dans le domaine de la liberté et des droits de la femme? De nombreux témoignages de courtisanes ponctués d'anecdotes nous permettent de répondre à ces questions en illustrant le propos de l'auteur sur un mythe qui fascine encore dans notre société moderne.
Ce livre, Femmes d’exception, femme d’influence : une histoire des courtisanes au 19e siècle, est un livre exceptionnel. D’une part pour ses histoires de courtisane qu’il partage et d’autre part pour cette vision qu’il nous donne sur le 19e siècle.
Au premier abord, on pourrait penser que cet ouvrage est superficiel, l’histoire des courtisanes, leur vie dissolue et entretenue, leurs recettes de beauté, leurs conquêtes amoureuses, ne sont pas ce qu’on peut appeler des sujets sérieux, pourtant loin de s’arrêter à ces domaines, ce livre va nous montrer la société au 19e siècle et nous faire découvrir ainsi la place de la courtisane dans ce siècle de révolution, où elles-mêmes, et à leur manière, y ont participé.
En effet, ce n’est pas peu dire de dire de ces courtisanes qu’elles ont marqué le siècle avec leur manière de vivre. Femmes libres, femmes riches, femmes d’exception, femmes joueuses, elles font en effet figure de pionnières dans le féminisme et dans l’émancipation de la femme, et ceci malgré le fait qu’elles aient souvent véhiculée l’image condamnable de la Eve tentatrice.
De là à dire qu’elles ont eu la vie facile, il ne faut pas exagérer. Car comme va nous le démontrer Catherine Authier pour ces femmes rien n’était gagné, rien n’était acquis, rien n’était facile. Et ceci la Nana de Zola ou La dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, nous l’ont déjà appris. En effet, en retraçant leurs parcours l’auteure va nous expliquer que devenir demi-mondaine était un chemin semé d’embûche et dégradant, et que le rester n’était pas non plus chose aisée. En outre on découvrira qu’il y avait toujours derrière ce mode de vie une idée de vengeance sur la gente masculine. Les raisons ? Je vous les laisse découvrir...
Cependant, au-delà de cette description détaillée du chemin des insoumises, où on les découvre filles de maisons closes, à maîtresses d’hôtels particuliers, exerçant les métiers du spectacle et de l’écriture, l’auteure va nous offrir aussi la possibilité de les découvrir dans des mondes où on ne les attendait pas comme celui des puissants. Certes, leurs rôles seront minimes, pourtant ils furent parfois assez important pour soulever une révolte, servir des tractations secrètes ou conduire au poteau d’exécution (même s’il est vrai que pour Mata Hari le rôle ne fut pas aussi important que l’on l’imaginait alors).
A savoir aussi, que ces femmes, contrairement à ce qu’on peut penser, n’étaient pas non plus des écervelées, elles tenaient en effet dans leur salon des conversations littéraires et artistiques, et faisaient aussi montre d’un sens certain des affaires en se « vendant » à prix d’or, même si au final beaucoup finiront ruinées sans que cela les dérange pour autant. Il est cependant étonnant de voir comment certaines ont fini leur vie…
A côté de tout cela, et je suis loin d'avoir tout abordé ici, il a été très intéressant de voir ce 19e siècle en évolution qui a su se libérer peu à peu de ses carcans. Bien sûr, le 19e siècle n’est pas aussi libertin que le 21ème siècle, mais il est intéressant de découvrir ce Paris fou qui prend une place particulière dans la pensée collective du monde. Ce Paris où on claque son fric, où l’on donne cours à tous ses fantasmes, et qui semble ne connaître aucune limite dans la débauche et la dépense, et qui faut bien le dire la courtisane représente si bien.
En plus de ceci, il est aussi intéressant de découvrir la naissance de cette mentalité futile sur des sujets mondains, de voir cette qui "peoplisation" qui apparaît sur des personnages superficiels, ce qui n’existait pas de cette manière avant. Ce qui montre, du moins je trouve, la naissance d’une société nouvelle qui se met maintenant à chercher du rêve et qui annonce la nôtre.
En conclusion, ce livre bien documenté, fait à partir d’innombrables sources, est très agréable à lire même si parfois un peu long. Travail sérieux et illustré, il va nous donner une autre vision de ces femmes qui ont marqué leur époque, en étant un véritable phénomène de société, et qui aujourd’hui encore nous font rire car on a du mal à imaginer cela possible. Du moins pour ma part.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2016/03/11/33498680.html
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