"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Que diraient les arbres si on les écoutait ? A la suite de son premier livre «Et si on écoutait la nature ?» (Payot), Laurent Tillon s'attache aujourd'hui à raconter l'histoire d'un chêne pédonculé bien particulier de la forêt de Rambouillet. Alliant une sensibilité naturaliste développée depuis l'adolescence aux découvertes scientifiques les plus récentes, l'auteur est pour la première fois en mesure de réaliser la biographie de cet arbre majestueux en pleine force de l'âge. A travers la vie pleine de suspense et de rebondissements de ce chêne, c'est l'occasion de brosser, avec tendresse et humour, les portraits étonnants de toute une galerie d'êtres qui interagissent avec lui, du champignon invisible (mais néanmoins indispensable) au cerf et au loup en passant par le capricorne, le mulot et bien d'autres encore. Bien qu'en apparence parfaitement immobile, «Quercus» tisse des liens indéfectibles avec tous les habitants de la forêt. Prédation bien sûr, mais surtout coopération et alliances à tous les étages, du sous-sol à la canopée. Ayant dressé ses premières feuilles quelques décennies avant la Révolution française, dans un paysage de lande arborée difficilement imaginable aujourd'hui, «Quercus» raconte aussi un volet de l'histoire tumultueuse des hommes à travers leurs relations complexes et ambigües aux arbres. De la forêt royale vouée au seul divertissement de la cour jusqu'au souci du végétal qui irrigue maintenant des pans entiers de la société, Laurent Tillon évoque avec empathie l'émergence et l'évolution de la sensibilité au vivant.
Asseyons-nous ... dos contre un arbre... le hasard nous a conduit à un chêne. Fermons les yeux et ressentons. Ouvrons les yeux et observons...
Sans bruit, sans déranger, faisons la connaissance de Quercus. Depuis sa naissance jusqu'à cet instant-là, celui où nous sommes avec lui, découvrons sa croissance, ses luttes et ses conquêtes, ses bienfaits, ses partages et... ses rencontres ! Ses rencontres ?
Car oui, il s'agit bien d'une vie de diplomaties : celles entre végétal-bactérie ; végétal-végétal ; végétal-animal.
Allez ! Faisons-nous tout petit, discret et suivons Apodemus, Leccimum, Tortrix, Nemobius... et Homo !
Auparavant, remontons d'abord le temps... jusqu'en 1780...
L’originalité de cet exposé scientifique réside dans le fait qu’il est raconté comme une histoire : il était une fois un gland…
À l’instar de Peter Wohlleben dans La vie secrète des arbres, le parti pris du ton familier et bienveillant propose une narration qui se veut grand public, la plus fluide possible. Le but est atteint, malgré quelques répétitions.
Préserver la biodiversité n’est pas sans de multiples bénéfices pour l’espèce humaine. En dehors des avantages matériels évidents, les bienfaits transférables, ne serait-ce qu’au point de vue de la santé, sont importants.
En conséquence et sans dogmatisme, Laurent Tillon nous invite à « rencontrer notre arbre », un arbre-compagnon à l’image de Quercus pour l’auteur.
Plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2023/04/21/laurent-tillon-etre-un-chene-sous-lecorce-de-quercus/
« Ce livre raconte une histoire, celle d’un arbre, d’une forêt et de leurs habitants. Il raconte aussi une autre histoire faite d’hommes, de femme, d’échanges d’une richesse incroyable » C’est Laurent Tillon qui le dit dans ses remerciements, que l’histoire de la nature est étroitement mêlée à celle de l’humanité, que nos destins se croisent et que ce livre est la somme de toutes ces rencontres. Et quel livre ! Il aurait été dommage que je passe à côté de cette autobiographie d’un chêne racontée par un biologiste poète (ou un poète biologiste ?), Laurent Tillon est ingénieur forestier à l’Office National des forêts et passionné par les arbres.
N'avez-vous jamais ressenti cette sensation d’apaisement lorsque vous vous promenez dans une forêt ? Il est prouvé scientifiquement que nous tirons grand bénéfice en respirant la forêt. Les arbres produisent des ions négatifs ainsi que des essences volatiles, lesquels vont ralentir notre rythme cardiaque ainsi que le niveau de cortisol dans le sang et le niveau de stress s’abaisse. Mais la forêt recèle bien d’autres mystères, elle qui a montré sa résilience après le passage de Lothar et Martin, les tempêtes de 1999.
Tout commence en 1780 dans la forêt de Rambouillet, lorsque d’un gland à l’abri d’un roncier, nait Quercus, chêne sessile. A l’ombre de son arbre parent, il va traverser les époques marquées par des guerres et des périodes plus calmes, connaitre la création du service des Eaux et forêts en 1829 avant d’arriver jusqu’à nous.
Aujourd’hui, on sait que les enjeux de la biodiversité doivent être intégrés à la gestion forestière et c’est à chaque saison un équilibre à trouver.
La forêt est un monde de biodiversité incroyable qui s’étage sur plusieurs niveaux. Ainsi Laurent Tillon nous raconte la vie de tous ces éléments vivants, qu’il s’agisse du mycélium ou du bolet, ou encore de tous ces insectes qui prolifèrent et fournissent une nourriture abondante aux hôtes des forêts comme le pic épeiche, la murine ou encore la salamandre tachetée.
Les feuilles tendres du chêne attirent nombre de prédateurs dont le plus vorace est tortrix, petite chenille
« La chenille est programmée pour manger des feuilles de chêne. Et elle est à l’heure. La nature a réglé son rythme biologique pour qu’elle réponde à l’émergence des feuilles, et pour qu’elle croisse le plus rapidement possible. ».
Le chêne, pas si bête, va débourrer plus tard pour priver la petite chenille de son festin préféré. Et ce sera payant. Il peut compter aussi sur les prédateurs de tortrix, comme myotis, cette petite chauve-souris qui peut avaler 250 chenilles chaque nuit printanière.
Appodemus le mulot s’en prend aux glands du chêne et il est si glouton qu’il peut mettre en péril la reproduction de l’arbre. Alors que fait Quercus ? Il ne produit pas de glands chaque année, et cet appauvrissement en nourriture limite la reproduction du mulot. Malin non ?
Et c’est ainsi, sur 300 pages, que Laurent Tillon en fin observateur, nous conte la vie de la forêt, autour de son arbre compagnon, véritable sentinelle de Silva.
Il est vrai que, parfois, les explications de phytobiologie peuvent sembler fastidieuses à un néophyte, mais l’auteur est bon pédagogue et sait nous conter mille histoires qui sont plus proches des contes de nos forêts que d’un cours de biologie magistral. Et, pour prolonger le plaisir, le texte est émaillé de dessins de l’auteur.
Cette balade à travers les pages (issues du bois de la forêt !) de cet essai m’a fait l’effet d’un grand vent vivifiant et je n’ai qu’une envie : en apprendre plus sur les mystères de Silva.
Cet ouvrage s’inscrit dans la collection « Mondes sauvages » d’Acte Sud, qui se veut « un lieu d’expression privilégié à tous ceux qui, aujourd’hui, mettent en place des stratégies originales pour être à l’écoute des êtres vivants »
Une belle initiative à découvrir et faire connaitre.
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