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Le pays baigne dans la lumière d'un vaste ciel inlassable qui célèbre les heures et la grâce des saisons. Le ruisseau, le Sarmon, est là, en contrebas, niché dans le pli arboré qui serpente au fond du vallon, dans l'épaisseur diffuse d'une ligne végétale qui se dissout dans un bouquet de bois de peupliers vers Maussangs. Alain désigne sa maison natale « Au bout du monde », calée entre les fermes de la famille, il observe chagriné les vieux murs, pages d'un vieux livre bordées autrefois de chemins de pierre et de l'acacia filigrané de noir, resté les bras ouverts dans l'angle de la cour abandonnée.
La voiture file silencieuse sous un ciel d'ardoise qui exalte la nostalgie des grandeurs de l'enfance, le rideau de pluie battante borde avec bienveillance la douceur d'une tristesse qui pointe de sa rêverie. Dans le pré le tronc gisant d'un vieux chêne abattu lui trouble la voix. En traversant les hameaux, Alain parle des mares qui ont disparu, du puits près du lavoir, des vignes sur le versant, il cherche d'un regard inquiet les silhouettes des grands saules pleureurs assis, pensifs, dans l'étendue des pages de terre noire esseulée d'hommes.
Le miracle de l'écriture est là, dans les ombres portées par la terre noire, dans le tracé d'une pure émotion des heures et des saisons, dans le défilé d'arbres que ces choses du paysage semblent les seules à pacifier, le vieux tracé des labours, la terre noire qui adoucit l'ombre, les chemins de pierre qui dévalent obliques vers le Sarmon, les silhouettes vigiles des arbres dans les champs abandonnés, les versants dorés lavés par la pluie, les grandes pages de neige, l'enduit lézardé des fermes, le pigeonnier aménagé au dessus de l'entrée de la grange, les toits délabrés des petits donjons et la façade décrépie du château. Des lignes et des mots qu'il poursuit dans le cours de la rivière qui lui emplit aussitôt les yeux d'un large sourire : « C'est exactement ça mon geste de peintre, s'ouvrir à une chose qui est là depuis toujours et qui m'attend. » Andrea Iacovella
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