Léandre a une femme qui le déteste et deux filles qui le méprisent. Lorsqu'il rentre chez lui après le travail, s'il n'a pas fait un détour par le bistrot du coin, il s'efforce d'opposer le silence à la mauvaise foi, l'indifférence à la méchanceté. Léandre n'aime pas sa vie ; il la subit. Un matin, il va chercher le courrier. C'est un jour aussi sinistre qu'un autre, pourtant son existence va basculer. Dans sa boîte aux lettres, une enveloppe. Dans cette enveloppe, assez d'argent pour changer la vie d'un homme. Même d'un homme comme lui.
Madison a un prénom de fille. Chaque fois qu'il questionne son père à ce sujet, la réponse est la même : « Parce que c'est cool. » Madison n'ose pas le contredire. Il a l'aide de son ami de toujours, Momo, plus de deux mètres pour cent kilos, pour régler leur compte à ceux qui osent se moquer. En réalité, son prénom est le cadet de ses soucis. Entre les coups de son père et ceux de la vie, Madison rêve de s'échapper loin de la cité. Un jour, Momo et lui tombent sur un cadavre. À son côté, un sac de sport rempli de billets. De quoi s'offrir une seconde chance pour ces deux jeunes nés au mauvais endroit.
Et vous, que feriez-vous si vous pouviez changer de vie ?
Léandre subit son travail, sa femme, son existence. Depuis des années, il a jeté l’éponge. Il s’est contenté de son boulot d’ouvrier qualifié, de ses mauvaises relations avec son épouse et ses filles ; son havre de paix, sa petite pièce et la littérature. Un jour, il reçoit une enveloppe par la poste dans laquelle il y a suffisamment d’argent pour changer une vie.
Madi et Momo sont inséparables depuis l’enfance. Ils ont toujours tout fait ensemble : quitté l’école, travaillé sur les docks, emménagé dans un petit appartement. Alors qu’ils sortent d’un entretien d’embauche raté, ils tombent sur une voiture de luxe avec à l’intérieur un cadavre et un sac de sport rempli de grosses coupures.
Des trajectoires différentes avec un même point commun. Que ferait-on si une énorme somme d’argent nous tombait du ciel ? Madi et Momo fuient la cité et partent au fin fond de l’Espagne tandis que Léandre se lance dans une étonnante carrière criminelle. Des destins croisés confrontés à la violence, aux difficultés de la vie, des choix radicaux pour chacun d’entre eux.
De ce roman se dégage une grande humanité, ce qui était déjà le cas de son précédent roman, Dedans ce sont les loups. Il y a beaucoup de tendresse et de douceur dans un monde pourtant très violent. Le tandem formé par Madi et Momo est très attachant. D’un côté, la tête, de l’autre, les jambes et pourtant une amitié indéfectible les lient. L’humour décalé de Stéphane Jolibert est toujours présent et il arrive à nous décrire des situations cocasses. Mention spéciale pour le gang des trois frères au 4x4 que je laisse le lecteur découvrir.
Dernier point et non des moindres, la construction du livre qui s’organise autour des personnages principaux. Les chapitres s’égrainent alternant M., L. et un mystérieux T. La narration est d’autant plus réussie qu’elle joue sur des conventions de lecture, un pacte tacite entre l’auteur et le lecteur, qui a été sciemment rompu pour notre plus grand plaisir.
Un bon roman bien fait où j’ai eu plaisir à retrouver la patte et le style de Stéphane Jolibert, ses interrogations sur la condition humaine et la violence.
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