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Elle baigne aux lits des rivières. Le coeur musclé, sans jamais renoncer à rien, elle se construit une maison en dehors de sa bouche, elle devient ruisseau, lac, pluie, fleuve. Vanessa Bell, par cette proposition poétique vive et opulente, rassemble féminité, maternité, sororité et nature sous le signe de l'eau, unies en une même résistance, une même célébration. De rivières porte ses filles à bout de bras, léguant un chant radieux et son élan décisif à un romantisme féminin qui déborde l'avenir. Nés de cette rage sublime qui agite nos corps, ses mots transportent un puissant vent de courage.
De rivières allume des feux sur l'horizon.
Pour m'aimer / sois furieux / c'est sous l'eau que j'accepte de me rendre
Eclats de lumière, fragments de vie décrochés des étoiles, ces myriades plongent dans une rivière où la transparence étonne la lucidité. Contemporains, vifs, étonnamment confiants, ces mots retiennent le frémissement de l’eau. Ecartent les pans des courants d’un dire souple et délivrent le juste, l’épuré. Ce qui reste sous le glacé d’une vérité. Un plongeon dans l’authentique. Des mains poussées dans le dos des fillettes grandissantes. La parole en porte-voix d’une vérité criante. Le mot s’échappe de l’idée, galets émotionnels. Quelques signes tracés, ricochets d’un mémoriel se métamorphosant pour mieux revenir à la source-mère. « Mon dos a fendu /tu vois poindre la promesse d’un jardin anglais/ dehors des hardes, d’amants réclament sacrifices/ ici les vierges n’ont pas de bras pour l’amour/ je jure qu’il me reste un souffle long. Aériens, d’une beauté telle, qu’ils semblent cette orange que l’on pèle. Ne retenir que l’essentiel, le jus, sève de vie. Gardez cette offrande entre ses mains « Ces lambeaux sur mes genoux n’arrangent pas l’impuissance d’être mère. Pour m’aimer sois furieux c’est sous l’eau que j’accepte de me rendre. » Cascades existentielles, rivières initiatiques, leçons métaphoriques, les douleurs ici, sont bien plus que l’exutoire épelé, chapelle d’un dire affrontant l’écho indésiré. Lézardes sur les murailles sentimentales. Propulsant hors des courants un féminisme de gloire. « Pour la souvenance faites-vous charbon/ collez vos mains et aux torses /soyez royautés enjouées/ herbiers de faïence/ faites-vous mortes lasses en série/ redites votre droit/ de vous faire bercer. « De rivières » grottes paraboliques qui enfantent l’œuvre -mère. « N’ignorez pas vos colères/ elles sont romances. Sans compromis-aimez. » Le possible s’éveille. Nymphe des rivières, saule rieur. L’enfance n’est plus. Les femmes peuvent. « De rivières » de Vanessa Bell est une bouteille lancée dans la rivière des certitudes en advenir. Eblouissant, tremblant sous les essences, algues magiciennes, encre d’eau marine. Publié par les majeures Editions La Peuplade Poésie.
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