"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tant mieux, impatient de te lire !!
Contrapaso, comme un chant à deux voix : une enquête au long cours, à contretemps, magistralement orchestrée sur près de 150 pages par Teresa Valero.
À Madrid, en 1956, à la rédaction de La Capital, tout semble opposer Léon Lenoir, le jeune reporter fougueux qui vient de débarquer de Paris, et Emilio Sanz, un vétéran des faits divers, aguerri aux pratiques de la presse dans cet état policier. Ces deux-là ont en commun ce besoin de vérité chevillé au corps et les quatre vertus désignées par Camus qui permettent au journaliste de rester libre même en dictature : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. Aidé par la charmante Paloma Rios, illustratrice, le duo remonte la piste d'un meurtre pour découvrir le sort des femmes victimes de la dictature au lendemain de la guerre civile.
Avec son suspense et ses rebondissements de grand spectacle, le polar perce surtout le mystère des théories racistes et déterministes de l'idéologie fasciste, en mémoire des crimes de la dictature, dans la perspective de l'héritage.
Madrid 1956, une rencontre entre 2 journalistes plutôt explosive qui vont devoir pourtant faire équipe afin d’élucider une série de meurtres et surtout mener leur quête de vérité proscrit par un gouvernement fasciste dont la liberté de penser est à peine tolérée… quoique …
Teresa Valero nous embarque dans une enquête sombre et complexe sur fond d’histoire espagnole.
Un récit très dense avec de nombreux personnages sur un fond politique que je découvre plus amplement. J’avoue que parfois j’ai eu du mal, je suis revenue sur quelques pages par moment et pourtant cela ne m’a pas freiné tellement les événements et le contexte m’ont happée jusqu’à la dernière page.
Côté graphique, l’invitation du Cover s’est confirmé avec une beauté dynamique des corps et ses visages !
J’ai aimé la colorisation qui relève avec brio l’atmosphère en nous embarquant aisément dans l’intrigue ! Bravo !
Un tome 1 qui peut se suffire malgré l’ouverture mais vu la qualité de cette lecture, je demande un tome 2 !
Un polar noir intense, surprenant, instructif et riche que j’aurais plaisir à relire et peut-être découvrir certains indices passés à l’as de mon regard d’enquêt-lectrice !
Certaines périodes sont beaucoup moins abordées que d’autres en BD. C’est le cas de l’Espagne franquiste.
En juillet 1936 débute la guerre d’Espagne qui oppose les républicains aux nationalistes. Avec la victoire des nationalistes en avril 1939, le général Franco instaure une dictature basée sur l’idéologie fasciste. Celle-ci durera 36 ans et ne prendra fin qu’en novembre 1975 avec la mort du caudillo et la mise en place d’un processus de transition démocratique pour l'Espagne.
C’est en 1956, pendant cette période des plus troublée de l’Histoire espagnole, que se déroule l’action de Contrapaso, l’album écrit et dessiné par Teresa Valero. Emilio Sanz est un des journalistes de la rédaction du journal La Capital. Nul besoin de préciser que ce journal est bien évidemment à la solde du régime qui a instauré une censure de l’information ! Le travail de Sanz, préposé aux faits divers, rédiger des articles sur les opposants exécutés par le régime.
Mais depuis 17 ans qu’il écrit dans ce journal, un tueur s’attaque à des femmes. Le régime en place se refuse à avouer que ce genre de choses puisse exister. C’est alors que le vieux briscard se voit obligé de travailler avec un nouvel arrivant. Léon Lenoir est un jeune Français, fils d’un militant communiste exécuté pendant la guerre. Neveu d’un général inféodé au régime franquiste chez lequel il réside, le jeune journaliste va bousculer son aîné pendant l’enquête qu’ils vont mener ensemble, pour dévoiler les crimes tus par l’Etat espagnol.
Meurtres en série, enfants abandonnés à la naissance et adoptés par des familles proches du pouvoir, ce duo hétéroclite, inventé par Teresa Valero, nous entraîne dans une enquête des plus intenses en raison du réalisme historique. Un réalisme souligné par des dessins effectués à partir de photos d’époque afin de leur donner encore plus de véracité, surtout en ce qui concerne les lieux évoqués.
Une enquête menée de main de maître par deux personnages auxquels on s’attache, en raison de leur détermination à vouloir découvrir la vérité... qui ne nous sera que partiellement révélée à la fin de ce premier tome.
Un excellent polar dont on attend la suite avec empressement.
Teresa Valero, scénariste de « Sorcelleries » avec Juan Guarnido ou de « Curiosity Shop » avec Montse Martin se lance pour la première fois comme auteur complet dans « Contrapaso, les enfants des autres » qui sort simultanément en Espagne chez Norma Editorial et en France aux éditions Dupuis. Comme dans son précédent ouvrage « Gentlemind » (avec Antonio Lapone aux pinceaux), elle s’intéresse à la destinée d’un organe de presse qui lui sert de prétexte à l’évocation d’une époque.
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L’album se déroule à Madrid en 1956 et raconte l’histoire d’un jeune journaliste, Léon Lenoir fils d’un communiste français tué pendant la guerre civile et d’une madrilène qui, élevé par son oncle général de Franco, est parti à 18 ans étudier en France. À son retour en Espagne, il va s’occuper de la rubrique fait-divers dans le journal La Capitale et y retrouver sa cousine Paloma illustratrice pour le magazine féminin du journal. Il devra surtout faire équipe avec Emilio Sanz, un ancien militant phalangiste. Une série de crimes les conduira à faire face à la répression de la dictature et à décider s’il vaut la peine de risquer leur vie pour répandre la vérité.
ENTRE SERIE NOIRE ET FRESQUE HISTORIQUE
« Contrapaso » semble a priori se situer dans le genre de la série noire : on nous présente un criminel en série qui tue en toute impunité depuis des années, des journalistes qui se comportent en détectives, des intrigues et des fausses pistes. Mais cet album a quelque chose de plus et rouvre les blessures du passé en interrogeant l’Histoire. Grâce à une intrigue palpitante, l’autrice entraine le lecteur dans la période sombre de l’après-guerre. Même si la dictature de Franco n’est pas forcément familière au lecteur français, le quotidien des Espagnols, le poids de la censure, la religion, le patriarcat exacerbé et la pauvreté qui régnait dans la capitale avec les cabanes de fortune sont évoqués de façon claire et vivante. L’année choisie ne l’est pas non plus par hasard : en 1956 se produisent les premières manifestations étudiantes contre le syndicat unique qui marquent la volonté de la jeunesse espagnole de ne plus couper la société en deux avec vainqueurs d’un côté et vaincus de l’autre ou pour reprendre le sous-titre du roman graphique enfants des uns et « enfants des autres ».
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D ’autres thèmes tout aussi passionnants, toujours intimement liés à l’enquête et pas artificiellement plaqués sur l’intrigue, nous sont donnés à découvrir. On perçoit ainsi le rôle idéologique joué par certains médecins pour asseoir le régime : certains personnages sont directement inspirés de du docteur Vallejo Najera qui mit au point une théorie eugénique n’ayant pas grand-chose à envier aux Nazis ou d’autres prestigieux psychiatres comme le Dr López Ibor auteur de méthodes pour « guérir » la neurasthénie féminine ou l’inversion.
PERSONNAGES GRIS DES ANNEES GRISES
Teresa Valero prête particulièrement attention à la construction de ses personnages. Certains comme la fille du médecin légiste ou le curé communiste ancien phalangiste sembleraient sortis de l’imagination fertile de l’autrice mais l’éclairante postface nous apprend qu’ils ont réellement existé. Si les seconds rôles sont extrêmement soignés, que dire alors des protagonistes ? Si l’on a bien a priori un blanc bec qui ne supporte pas la vue du sang et un vieux madré blasé, la relation entre les deux journalistes met du temps à se construire et échappe au cliché du duo d’enquêteurs que tout oppose qu’on trouve souvent dans les séries policières. Ils ne sont finalement pas si dissemblables que cela dans leurs expériences et comme dans leurs traumatismes. De même le personnage de Paloma ne remplit pas le rôle de la jolie fille de service. Elle est un personnage clé à la fois pour la résolution de l’enquête mais également pour stigmatiser le sort réservé aux femmes dans le régime de Franco. Le trio est complexe, profondément humain, empli de contradictions et leurs relations passées ou à venir devraient nourrir l’intrigue du prochain volume.
UN ALBUM DENSE ET VIREVOLTANT
Teresa Valero vient de l’animation et son dessin est plein de mouvements avec un sens cinématographique du cadrage et des cases qui s’enchainent très vite donnant un rythme haletant à l’histoire. Elle fait preuve d’un véritable talent graphique et son style rappelle celui de Guarnido tant par le trait que par le traitement des couleurs, le choix de l’aquarelle, l’attention quasi maniaque portée aux décors et le choix de morceaux célèbres de l’époque pour créer une bande son.
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Malgré la pagination généreuse (150p) on a même parfois l’impression de trop plein car les dialogues sont extrêmement denses et que les cases se multiplient et fourmillent de détails. C’est le seul bémol qu’on pourrait apporter, mais est-ce vraiment un défaut quand on reproche souvent à un album de bande dessinée de se lire en dix minutes ? Ici, il vous faudra prendre votre temps pour un récit qui donne matière à réflexion et trouve des échos dans le monde contemporain.
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Le titre ne prend ainsi pleinement son sens que dans les dernières pages et le récit s’éloigne alors du contexte historique franquiste pour saluer de façon plus générale l’importance de l’art et montrer que quand on vous prive de liberté et qu’on vous censure... on peut s’affranchir en écrivant et en dessinant. Un thème d’actualité qu’il est bon de rappeler à l’heure où certains grands hebdomadaires internationaux décident d’arrêter le dessin de presse pour éviter les polémiques …
Teresa Valero a mis la barre très haut pour son coup d’essai. Elle planche déjà sur la suite de ce polar à la sauce madrilène : on devrait en apprendre plus sur le trio de protagonistes, les voir poursuivre l’enquête qui obsède Sanz depuis des années et plonger cette fois en leur compagnie dans le milieu du cinéma espagnol des années 1950. On guettera l’arrivée de ce nouveau volume et pour patienter on relira cette première aventure afin d’en apprécier toutes les subtilités.
Que c’est dur de parler en quelques lignes d’un album aussi riche, aussi dense, aussi prenant!
Quel travail de Teresa Valero… on le comprend mieux en lisant le cahier final et la préface de Pierre Christin. Un travail historique énorme et précis, un travail fidèle sur les personnages, les lieux… pour une fiction proche de la vérité !
Le dessin est vif, vivant, expressif (difficile de ne pas penser à Guarnido), les cases sont d’une richesse… trop parfois, on peut s’y perdre dans les personnages, les dialogues… Ce sera là le seul bémol à ce premier tome qui commence par un meurtre et finit par un autre !
Ce roman noir à la sauce franquiste mérite qu’on s’y plonge…. Reste plus qu’à attendre la suite en relisant ce tome 1, sûr d’avoir loupé tant de choses !
Comment dit-on en espagnol ? Flechazo !?
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