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Avec une sensibilité et une douceur extraordinaires, Takao Saitô livre à travers Confidences d'une prostituée une sobre déclaration d'amour aux femmes des quartiers des plaisirs. Publiée en 1972, cette oeuvre résolument personnelle révèle un aspect jusque-là inédit de son immense bibliographie.
Nuit après nuit, une femme conte dans l'intimité de son foyer le quotidien de prostituées d'une époque désormais révolue. Du nom de Naomi, cette ancienne dame de compagnie a été témoin de mille et une histoires, des plus tragiques aux plus cocasses, toutes teintées d'une lancinante mélancolie. Au fil de ses récits, elle dévoile les espoirs et les secrets de celles qui aspiraient à vivre avec dignité dans un Japon pris dans un tourbillon de changements.
Naomi est une prostituée, vendue par sa famille à un bordel entre l'entre deux guerres. Elle va vivre bien après la 2e guerre mondiale, essayant de vivre encore un peu de la prostitution, mais surtout par ses talents de conteuse tant ce monde disparu de la prostitution légalisée peut faire fantasmer ceux qui ne l'ont pas connu et/ou vécu. C'est ainsi que ce manga ne présente, non pas une histoire unique, mais 10 petites nouvelles racontées par Naomi.
C'est un monde sordide, triste, où les "dames de compagnie" sont enfermées dans les quartiers de plaisirs qui sont en fait des ghetto, enchainant les passes, tentant de protéger leur corps pour pouvoir continuer à travailler, sachant pertinemment que l'amour n'est pas pour elles, y croyant quand même intérieurement, ayant leur fierté. Le mot "enfer" est employé à plusieurs reprises et en refermant le lire, nous en sommes tout à fait convaincu.
C'est aussi le décalage flagrant avec la modernité où la prostitution est désormais interdite et les jeunes qui veulent absolument percer dans le porno. C'est une réflexion sur l'utilité des bordels pour contenir la violence masculine (agressions et viols sur femmes). Ce sont ces femmes, sans famille, sans protection sociale (ni retraite, ni système de santé...) qui sont désormais devenue des parias alors que quelques décennies plus tôt, l'Etat lui-même faisait de la publicité pour que les villageois vendent leurs enfants aux bordels, bordels qui servaient aussi à alimenter les jours de repos des soldats et des ouvriers.
Si c'est un manga authentique, il n'obéit pas aux codes du manga actuel mais plutôt à la BD en noir et blanc. Le dessin est parfois difficile car à l'ancienne mode avec des saturation de traits. Les bulles sont parfois vides : si le personnages ne dit rien, on comprend par ce système qu'il n'en pense pas moins mais qu'il n'est pas autorisé à s'exprimer.
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