"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Abena grandit sur une plantation de cacao, au Cameroun. Témoin de la dureté du travail et des pesticides qui rendent malades les paysans et son grand-père, il prend très jeune conscience des dégâts humains et environnementaux générés par la monoculture de la fève, pour le seul bénéfice des multinationales du chocolat. Dans un portrait historique et social de cet aliment si prisé des enfants et des adultes, Samy Manga raconte son histoire personnelle pour rendre compte de la profonde injustice que renferment nos tablettes de chocolat. Emblème du néocolonialisme, l'exploitation de cet or vert rime avec déforestations, annexions des terres, travail des enfants, et hypocrisie occidentale, au détriment de la biodiversité et de la santé des populations locales. Un récit touchant et percutant.
CHOCOLATÉ
LE GOÛT AMER DE LA CULTURE DU CACAO
Samy Manga
Publié chez Éditions Écosociété le 22 mars 2023
CHOCOLATÉ ce petit livre qui charme l’Europe selon son éditeur québécois Écosociété n’est assurément ni un essai ni un roman, et échappe donc à toute tentative d’enfermement, ce qui dit beaucoup de la démarche humano-artistique de son auteur SAMY MANGA.
CHOCOLATÉ c’est une puissante « Onde de Vertitude pour Nos veines Immobiles » une sorte d’#OVNI écrit dans la langue des Hommes des Villages pour s’adresser aux Êtres du Vivant que nous sommes. L’auteur offre une narration de toute beauté et réussit à marier deux aspects de l’intelligence humaine :
******* l’analytique et le spirituel *******
Il est indispensable de saluer l’important travail de recherches effectué par Samy Manga pour attester de manière factuelle de l’esclavagisme des terres et des hommes aujourd’hui encore dans cette culture du cacao qui ne profite qu’à l’Occident.
Cependant, et pour moi c’est là la clé du charme de CHOCOLATÉ, sa puissance réside dans l’histoire contée par Abéna, parce que nous sommes dans une narration particulière qui fait appel à nos racines profondes et communes, nous sommes assis autour du Baobab à boire les paroles du Griot, à se laisser traverser par
« une langue qui abat les frontières des langues »
pour que très simplement chacune et chacun accepte de réfléchir, de déconstruire les faits, d’élargir sa compréhension des enjeux humains et environnementaux du modèle économique dans lequel nous (sur)vivons.
Alors qu’il est clair que si nous restons stoïques et figés par la peur de tenter une autre approche de l’existence, l’inéluctable se produira, il réside dans CHOCOLATÉ une singularité qui relève du merveilleux, CHOCOLATÉ infuse dans les veines du lecteur une potion ancestrale dont le secret est bien gardé par des générations de Griots, un souffle vital assimilable au Om bouddhiste, à la vibration de la pensée animiste, son effet guérisseur agit dès les premières lignes, on marche dans la forêt équatoriale, on vibre les ressentis, les émotions, les prises de conscience d’Abéna, on prépare les terres, on transporte les fèves, on entend les sons des nuits africaines, on en respire les parfums, on en vit le tragique et l’irrespect. Presqu’à notre insu s’impose alors en soi, une douleur tenace, lourde, celle de l’exploitation subie.
Extrait :
« Autour d’une vivace flamme de bois qui tutoyait la splendeur des nuages, de temps à autre on entendait les onomatopées d’un griot mêlées au chant d’un hibou émanant de l’obscurité des grands arbres de la nuit. Be Gwane Bakom Mbé, les notables, les épouses, les célibataires, les maîtresses, les ivrognes, les cocus et tous les planteurs de cacao exécutaient le rituel de la fève pour la gloire unique des grands hommes d’affaires blancs. »
CHOCOLATÉ est donc un récit d’Homme à Homme qui traverse le corps du lecteur, qui déconstruit l’ordre établi par la voi(x)e qu’il emprunte pour provoquer la remise en cause d’un mode de vie économique violent pour toute la biodiversité de notre planète.
Sa voi(x)e c’est la Poésie, cette onde qui réside en nos corps du simple fait de notre naissance, parce qu’elle est un cœur qui bat, une photographie émotionnelle du Vivant sous nos yeux,
« la poésie est une fresque humaine »,
et selon Samy Manga :
« La parole poétique est la mère de toutes les littératures, l’oublier c’est oublier d’où on vient et ne plus savoir où l’on va ».
Je ne peux m’empêcher de reprendre les mots de l’astro-physicien Aurélien Barrau :
« La poésie n’a rien à voir avec la beauté. Moins encore avec le charme mièvre de quelques douces métaphores ou de tendres allégories. Elle n’est ni un divertissement ni une distraction. La poésie, c’est la précision. La poésie, c’est à la fois la maîtrise souveraine de la grammaire, l’humble soumission à la syntaxe, et le droit - presque le devoir - de pourtant réinventer la langue à chaque strophe. La poésie, c’est l’implacable nécessité d’un agencement qui déconstruit en respectant. C’est le choix d’une immense cohérence locale conjuguée avec une espiègle errance globale. »
Voilà. Je vous laisse là.
CHOCOLATÉ, LE GOÛT AMER DE LA CULTURE DU CACAO est disponible dans toutes les bonnes librairies. Lisez-le et vivez l’expérience du Chocolat avec Abéna.
Caroline Despont
Juillet 2023
CHOCOLATÉ - LE GOÛT AMER DE LA CULTURE DU CACAO - Éditions Écosociété
Disponible dans toutes les bonnes librairies.
Recension sur FB: https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid02rnbAaz76o4eMc3oTMU1Ua1EGGTotjdwdPEVmUabyvGqjw6qkSk2mA5t5LhvXbhXTl&id=1653710409
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