"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce récit sobre et tendre raconte près de deux ans de la vie d'une fillette juive venue de Pologne en France avec sa famille et confiée seule à des fermiers de Haute-Loire. Un monument de pudeur dressé à la mémoire des enfants cachés de la Seconde Guerre mondiale et de ceux qui les ont aidés malgré les risques.
Une douce écriture pour un sujet douloureux ...
Durant l’Occupation, des personnes, des institutions se sont illustrées pour sauver des Juifs de la persécution et de la déportation .On les a appelés les « Justes ».
Le roman de Carole Zalberg « Chez eux » relate l’histoire de l’une des nombreuses petites filles juives qui furent ainsi sauvées. « Eux », c’est la famille Poulange , des fermiers de Haute-Loire un peu bourrus, taiseux, rudes …Le personnage principal est Anna Wajimsky, petite juive polonaise âgée de six ans en 1938 .On trouve dans ce récit court mais éloquent, dense un résumé des sentiments qui ont pu traverser la vie affective d’individus pris dans un semblable destin : la nécessité du secret, la dépossession de sa langue d’origine, de sa famille ,l’omniprésence de la crainte d’être découvert, dénoncé. Et puis au bout l’impératif, issu de la survie :d’être à la hauteur, de construire un nouveau pays, Israël, de participer à son édification, d’avoir « une foi joyeuse » dans la vie .Cette femme, Anna, est la mère de Carole Zalberg .Un hommage magnifique porté par la sobriété du récit, par sa concision, l'exposition brute des sentiments, mais qui n’est jamais brutale …
Beau texte sur un sujet délicat, à découvrir …
Ceux qui me suivent ne seront pas étonnés de découvrir, une nouvelle critique d'un livre de Carole Zalberg, une auteure que j'adore.
"Chez eux" est un petit livre paru en 2004, qui vient d'être réédité.
Dès les premiers mots nous sommes au cœur de l'effroi d'une petite fille qui a vu sa vie complètement bouleversée. Pour survivre elle grignote le matin quelques secondes, afin de goûter aux réminiscences du bonheur d'autrefois.
Nous sommes en 1938, et avant cette date Anna, six ans, ne connaissais pas la folie des hommes.
Anna est juive et elle est confiée à des fermiers en Haute-Loire, la vie y est plus que rude. Non seulement elle est séparée des siens mais elle doit s'habituer à un monde qu'elle ne pouvait même pas imaginer. Son institutrice va se montrer bienveillante et l'aider à avoir un avenir.
Le lecteur suit Anna, dans cette enfance douloureuse, cette peur qui colle à sa peau comme la crasse qu'elle souffre de ne pouvoir éliminer.
Son institutrice Cécile, un rayon de soleil dans cette noirceur oeuvre pour que ses capacités soient mises en avant. L'avenir doit sourire à cette petite fille aussi intelligente que courageuse, qui va s'en se plaindre et qui cherche juste à préserver ses souvenirs d'avant.
Cette citation, m'enchante car elle dit tout : "Jusqu'alors , la vie d' Anna n'existait pas sans l'affection, sans la protection des aînés. Or voilà qu'elle découvrait une autre manière d'exister, minimale et immédiate, abruptement utile."
L'histoire d' Anna et celle de la mère de l'auteur mais de beaucoup d'autres enfants.
C'est un hommage universel que dresse Carole Zalberg, à tous ceux qui ont eu à subir cela.
C'est aussi redonner vie à tout un pan d'une enfance brûlée,et dire MERCI à ceux qui anonymes ont su être présents.
Belle déclaration d'une fille à sa mère et d'une mère à sa fille.
Comme toujours, je suis sous l'admiration d'une écriture unique par sa précision, sa propension à dire beaucoup en peu de mots.
Heureuse de cette réédition, un écrivain pour moi c'est celui qui sait, avec son style, nous dire des choses, celui qui n'écrit pas toujours la même chose, celui qui se reconnait dès les premiers mots et Carole Zalberg est de ceux-là.
Toujours envie de lui dire Merci.
Voila un récit qui, au-delà de l'Histoire, montre beaucoup de tendresse. L'auteur qui, par ce qu'a vécu sa mère "sauvée" de la déportation, amène, dans la rudesse d'une vie à la campagne, un peu de douceur, d'amour, de compassion.
Je ne suis pas fan de la littérature compassionnelle, l'histoire d'Anne Franck (bien que terrible) ne m'a pas émue (le seul truc intéressant-pour moi, à 11 ans -c'était le journal intime et l'adolescence), et ayant grandi avec des livres qui montraient l'horreur des camps et de la guerre, je ne suis pas du tout attirée par les romans qui parlent du génocide juif. Si le devoir de mémoire est indispensable (plus jamais ça, ne l'oublions pas !!), je n'aime pas trop les fictions qui s'inspire de la Shoah. Non que ça me dérange, mais plutôt parce que je suis certaine que ça ne rendra qu'une vérité déformée, voire "travaillée" pour sensibiliser l'auditoire ou le lectorat.
N'y voyez rien de négatif, c'est juste mon sentiment.
Pourtant, parfois, je tombe sur un bouquin qui me remue parce qu'il est simplement vrai et sincère, parce qu'il témoigne sans pathos, parce qu'il peut même arriver qu'il instille un peu d'espoir. C'est le cas de ce roman (très, trop, court) : c'est en filigrane que s'inscrit le cauchemar, mais il est vu par une petite fille séparée de sa famille, et qui, en plus d'être étrangère, a faim-froid-peur..et que finalement, dans cette histoire, la judéité, même si elle est le moteur, n'est pas l'essentiel.
Et ça, raconté de cette manière, c'est bien. C'est vous ou moi si jamais quelque chose de terrible devait arriver encore...C'est tout ce qu'on ne souhaite à personne même s'il est très très con.
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