"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fin du XVII?e siècle. Le temps des grandes explorations, dominé par les Espagnols et les Portugais, bouleverse la carte du monde. Francesco Carletti, un jeune marchand italien fasciné par ces nouveaux horizons économiques, prend part à cette aventure. Il découvrira les splendeurs (nouvelles terres, peuples inconnus) et les misères (esclavage, destructions) qui posent les jalons d'une nouvelle ère, celle des Temps Modernes. Giorgio Albertini nous embarque dans une chronique passionnante, inspirée d'une histoire vraie, celle du premier marchand à effectuer le tour du monde.
Ce récit débute en 1602 alors que Francesco Carletti a pris la mer depuis déjà huit ans. Le navire, sur lequel il se trouve, est attaqué par un bateau hollandais.
Au moment où la bataille fait rage, Francesco plonge dans ses souvenirs et nous projette en 1591.
Francesco Carletti a donc 18 ans quand il quitte Florence pour se rendre en Espagne chez un marchand auprès duquel il va entrer en apprentissage.
Trois ans plus tard, ayant appris les ficelles du métier, le voici prêt à prendre la mer en compagnie de son père afin de commercer. Pour cela, ils doivent obtenir toutes les autorisations nécessaires auprès des autorités compétentes pour exercer le négoce dans différents pays.
Avec un équipage et un navire qu’ils ont affrété, père et fils prennent alors la route des côtes africaines pour rejoindre les îles du Cap-Vert.
C’est là qu’ils doivent effectuer leur premier chargement pour le revendre et donc faire des bénéfices. Ils vont alors acheter des hommes, destinés à devenir des esclaves et qui seront revendus à leur prochaine destination, la Colombie.
Mais rien ne se passera comme prévu dans ce voyage qui va durer plus longtemps que ce que Carletti avait imaginé, huit années.
En effet, c’est un tour du monde qu’il va effectuer parce les affaires ne vont se révéler pas aussi bonnes que celles qu’ils avaient escomptées.
Et le jeune homme ne peut décemment pas rentrer chez lui sans avoir fait fortune. Mais est-il réellement fait pour le commerce, surtout quand des intérêts humains sont en jeu !
Cet album, sous titré Un voyageur moderne, nous permet de découvrir comment s’effectuait le commerce au 16e et 17e siècle, selon les pays et les continents où l’on se trouvait.
Mais cet album, c’est également le voyage intérieur d’un homme qui va changer sa façon de penser en fonction de ses rencontres qu'il va faire durant son voyage.
Un personnage qui va apprendre ce qu’est la différence, se muer en quelqu’un de plus tolérant et surtout de plus humain en découvrant les autres, ceux qui ne lui ressemblent pas et qu’il va apprendre à aimer, faisant fi des conventions en vigueur à cette époque.
De Florence, Carletti s’embarque pour Séville où va le rejoindre son père. Les deux commerçants italiens ayant ouïe dire qu’ils peuvent augmenter leur richesse en achetant des esclaves noirs au Cap Vert et les revendre aux Indes Orientales, les voilà partis.
Faire business avec une marchandise humaine ne sera pas du goût du jeune homme qui décide d’abandonner immédiatement ce trafic épouvantable et va jusqu'à payer de sa propre bourse certains hommes enchainés pour les libérer.
Mais comme dans tous voyages, les routes, séjours et aléas ne sont pas écrits à l’avance…
Les deux hommes finiront par faire le tour du monde de marchandises en marchandises et de découvertes en découvertes (le père décédera à Macao sur la route du retour à Florence).
Ce récit de voyage autobiographique passionnant, in fine, a été la seule et véritable richesse que le jeune homme a rapportée à la maison.
L’historien Georgio Albertini a su adhérer au plus près de la biographie de Carletti et en a fait une BD talentueuse, bien dessinée, (parfois semblant inspirée du travail de gravure), au choix de couleurs appropriées, traitée avec soin, au scénario fluide et rythmé.
J’ai adoré voyager avec Carletti au XVIeme siècle.
Toute fin du XVIe siècle, le temps des grandes expéditions dans les terres lointaines, dominées par les Espagnols et les Portugais. Francesco Carletti, un jeune italien de Florence et son père Antonio, tous deux marchands, embarquent pour un long voyage, bien décidés à devenir riches. Leur premier achat sera celui d'esclaves qu'ils espèrent revendre un bon prix. Mais Francesco se rend très vite compte que ce commerce est inhumain et qu'il ne veut pas y participer.
Giorgio Albertini est historien, archéologue et dessinateur et scénariste de bande dessinée. Francesco Carletti a réellement existé, il a laissé des écrits de ses voyages. Si Giorgio Albertini romance quelque peu les aventures du marchand florentin, son ouvrage se base en très grande partie sur les écrits de Carletti.
Prendre la mer dans les années 1590 n'était pas une balade de santé que l'on pouvait d'ailleurs y laisser. Il fallait de solides motivations. Celle des Carletti est au départ de commercer et revenir riches. Puis, les mois passant, Francesco s'éveille à la découverte de nouveaux mondes, de nouveaux visages et modes de vie et c'est la curiosité et l'envie de découverte qui l'emportent. Certes, il reste un marchand, et il cherche le profit, mais plus jamais après sa première et unique expérience dans le commerce humain. Éternel émerveillé par ce qu'il voit, sent, goûte, il se distingue nettement des autres Occidentaux qui méprisent les autochtones, leurs mœurs, leurs croyances et leurs habitudes.
Très bel album quoique un peu long et répétitif parfois notamment sur les mers, au trait clair, aux paysages et personnages soignés qui nous met à hauteur de Francesco, tout à la joie et à la surprise de la découverte, de l'inconnu. Une ode à la différence et au respect de toutes et tous, à l'enrichissement des cultures par le métissage. Une ode qui nous vient du passé, qui nous rappelle que les peuples du globe que les Occidentaux ont soit-disant découverts, vivaient très bien sans eux et qu'ils auraient continué à le faire. Quatre siècles nous séparent de Francesco Carletti, qui pourrait bien encore nous donner quelques conseils sur l'accueil et le respect que chaque individu est censé obtenir d'autrui.
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