Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Nouvelle-Zélande, aujourd'hui. Le chant de Taukiri résonne dans le grondement de cette mer qu'il aime et déteste à la fois, dans la musique qu'il tire de la guitare héritée de son père. Le jeune homme fuit sur l'autre île, au nord, espérant échapper au poids des secrets de famille. Arama, son petit frère qu'il a abandonné dans un foyer hostile, est celui dont on n'attend rien. Pourtant, avec l'ardeur et la grâce des vulnérables, le garçon s'obstine à révéler l'éclat de la vie dans chaque faille où elle peut encore trouver à se faufiler.
Bones Bay deux histoires parallèles, histoire de famille et d'abandons, de gangs et de violence, d'amours et de règlements de compte, d'esprits et de fantômes. Récit d'apprentissage, roman noir, polar.
Un roman surprenant, chorale, pas forcément évident à lire, les personnages sont authentiques, Maories, Violences, Amour et Intime conviction. De nombreuses facettes, de la tendresse, de la brutalité, un univers aussi poétique.
”Les histoires sont un savoir, le savoir est un pouvoir et, un jour, on prendra notre pouvoir et on régnera sur quelque chose de mieux que cette Maison."
"J’en ai mis un autour de mon pouce, et ça m’a fait du bien. Alors j’en ai mis un aussi sur mon genou. Puis un autre sur mon front, et un autre sur l’autre genou, et j’en ai mis aussi sur ma nuque, sur ma poitrine, j’en ai mis un sur mon nombril et quand y a plus eu de sparadraps, j’ai arrêté de chercher des endroits où j’avais mal."
Il est des romans dont on parle peu et qui méritent pourtant toute notre attention.
Bones bay, premier roman de l’auteure néo-zélandaise Becky Manawatu, fait partie de ceux-là.
Si je n’avais pas été attirée par une note de ma librairie, je serais passée à côté de cette petite perle qui raconte l'histoire d’Ãrama et Taukiri, deux frères orphelins qui essaient de se frayer un chemin dans un monde qui ne les a épargnés ni eux ni leur famille.
Tauk(iri) décide de fuir Kaikõura où ses parents ont trouvé la mort et emmène avec lui son tout jeune frère Ari qu’il dépose à la campagne chez sa tante Kat lui promettant de revenir dès qu’il peut : « tu vas te plaire ici, il y a des vaches ». Se plaire ? C’est sans compter sur l’oncle Stu, cet homme d’une extrême violence. Mais Ari a une astuce bien à lui pour penser ses blessures tant physiques que morales : les sparadraps dont il ne se sépare jamais. Et puis il y a cette drôle de petite voisine Beth, fan de Django Unchained, avec laquelle il va se lier d’amitié.
Ce roman est composé de trois narrations : celle d’Ari, celle de Taukiri et celle d’un couple «Jade et Toko» dont nous ignorons la provenance. Et puis apparaît une voix «fantôme» remplie de poésie qui nous souffle les mots comme le vent sur la mer.
De fil en aiguille, entre passé et présent, l’auteure nous tisse une histoire de famille, de liens, d’amitié, de transmission maorie et de gangs qui sévissent dans le pays.
Que d’émotions pour ce roman dont les scènes de violence nous déchirent mais qui est aussi rempli d’amour et de tendresse, de lumière et de personnages extrêmement attachants dont on ne se défait pas facilement.
Émotions comparables à celles que j’avais ressenties dans le formidable «Betty» de Tiffany Mc Daniel.
Le genre de roman qui vous suivra très longtemps
« Bones Bay » la Nouvelle-Zélande au zénith !
Ce merveilleux livre est une référence. Une épopée palpitante, vivifiante au cœur même d’une fratrie dans une contemporanéité telle, que l’immersion est éminente. Elle révèle un pays dans sa plus juste exactitude.
Écoutez voir Becky Manawatu !
Conter l’idiosyncrasie sans compromission, les habitus qui volent en éclat sous les affres et les tourments de ces jeunes orphelins de père et de mère.
« Bones Bay », l’émotion à fleur de peau. La trame est gorgée d’un réalisme fou. Les voix sont des gammes qui s’élèvent et bien au-delà, malgré l’âpreté des vies, l’humanité est un bouquet de lumière. Árama est un très jeune garçon, déposé, placé, abandonné par contrainte par son grand frère Taukiri qui ne peut s’occuper de ce poulbot si triste.
« Je reviens dès que je peux. OK ? Mais quelque chose dans sa voix ne lui ressemblait pas. -Sois sage, il a fait. »
Tante Kat et Oncle Stu vivent en pleine campagne, dan une rusticité dévorante. Seule tante Kat semble accepter l’enfant. Oncle Stu est rude, sévère et oppressant. En proie aux labeurs de survivance, l’alcool pour toile de fond et le mépris vif pour les siens. Árama ressent d’emblée l’urgence du silence. Se fondre dans cette épreuve, se murer et résister enfin à la solitude. Il se colle des pansements sur le corps, l’âme et ses blessures enfouies. Métaphores, manque de ses parents, l’enfant se cherche des soupapes de sécurité.
Le récit claque, sans pathos, avec cette justesse de ton qui ne lâche rien. Le chant choral est une langue qui soulève le quotidien, dans cette polyphonie qui dévoile subrepticement un chef-d’œuvre. Taukiri est un jeune adulte en proie au deuil, aux conséquences de ce drame irrévocable. Il va chercher sa voie (voix), pas de côté, mèches rebelles et le cœur battant entre le bien et le mal. Árama va vivre de grands moments avec la fillette du voisin, Beth et Tom Aiken son père et le fédérateur de ce roman puissant. Ce dernier sera le veilleur et pour cause. Bones Bay, filigrane et étoile du Sud, rêve et utopie, et bien au-delà un message subliminal. Que dire de ce merveilleux livre que son goût de pain croustillant. Cette glorification de tendresse pour Árama par sa tante violentée par son vil mari.
« Il y a des histoires qui nécessitent des accessoires, d’autres qui ont besoin de vides. »
Ce récit est un miracle de bonté pure car deux enfants rayonnent Beth et Árama. On ressent les mêmes ressacs de douleurs, les joies enfantines et puériles. Le langage qui s’élève est la vie même sans figuration avec cette vérité parfois désespérée, cruelle mais sincère.
Cette saga au fort pouvoir cinématographique est un lever de voile sur la Nouvelle-Zélande. Un chant des résistances altières. Des valeurs qui somment leur venue au monde. Des personnages qu’on aime de toutes nos forces (sauf oncle Stu).
Fascinant, il est un bouquet de tendresse entre deux frères. C’est un livre dont chaque crépitement est existentiel.
Un tour de force ! Un futur classique qui restera gravé dans le marbre !
Traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) à la perfection par David Fauquemberg. Une couverture digne d’une œuvre d’art par Gabrielle Ambrym. On aime ce graphisme, ce fil rouge d’une collection littéraire hors pair. Lauréat du prix Jann Medlicott Acorn 2020 dans la catégorie fiction, lauréat du meilleur livre de fiction pour le prix MitoQ 2020, lauréat du rpix Ngaio Marsh pour le meilleur roman 2020. Publié par les majeures éditions Au vent des îles.
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