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Dans sa chambre ouverte aux bruits du voisinage et de la ville, une jeune femme se donne de bouleversants orgasmes dans le but d'évacuer les marques d'un amour incandescent. Elle lit, écrit, dort sur un matelas pneumatique dans la maison vide que lui prête temporairement sa mère. Dans la couleur variable des jours, elle compte patiemment sur la beauté et la lumière pour renouer avec son existence.
Roman de l'oubli et journal d'écriture inspiré par la prose intrépide de Violette Leduc, Au temps sublime dévoile le corps comme courroie d'un lent deuil, choqué et emmailloté dans la vérité de la chair, embrassant l'expérience d'un plaisir cathartique.
J'écris là. Crûment. Du lieu de ma jouissance. Sans pudeur et sans complexe. Sans désir d'être désirée. Sans désir de provoquer du désir ailleurs que dans mon corps livré au temps sublime de l'orgasme.
« J’étais emmaillotée dans de vieilles sensations automnales. »
Louise-Amada D. cède la place à la plume de Violette Leduc.
Respire alors dans ces pages sensuelles, tristes et épurés la beauté d’une sincérité marée-basse, lagune, le délitement douloureux, la finitude d’un amour. H. l’homme aimé, fuyant, voire l’indifférent devenu. Comment combler ce vide abyssal ?
Qui de Louise-Amada D. de Violette Leduc, siamoises des alphabets féminins, résolument expressifs. Il y a dans cette narration, le temps sublime, les lumières envahissantes et nourricières, l’amour souverain encore quelque peu pour H.
Une femme qui cherche l’issue de secours, son corps à contre-sens, l’exaltation d’une sensualité solitaire. Jouir pour affronter les souvenirs, surpasser le sublime qui n’en finit pas de mourir.
Ce texte fragmenté, entre le journal et les poésies, les rais essentialistes, survivance et plaisir charnel est vif, triste, d’une beauté inouïe. Attentif à la douleur, à la perte de l’autre, l’aimé, aux sèves résistantes, l’orgasme salvateur.
« Ce printemps se prend pour l’automne. Il fait un froid de pierre mouillée. Les arbres ressemblent à des saules pleureurs. »
« Que d’insécurités dans ma solitude. »
Le deuil sonne le glas. L’halo fébrile, fragile, incommensurable, les risques à fleur de peau.
« Je découvre que mon corps est une fontaine…… C’est douloureux de revenir au point G. »
Les mois égrènent les souvenirs, les jours papier calque d’un amour grotte et matrice.
La lumière, marelle entre le ciel et la terre, jongle et octroie le carré blanc d’une chair qui ne demande qu’à éclore.
Tout peut s’écrire, la pudeur est au feu rouge.
Ce premier roman qui surpasse largement ses grands frères est l’exaltation du désir qui persiste dans les persiennes closes, dans la thébaïde salvatrice. Ce kaléidoscope féminin, contemporain, est d’une profondeur magnifique, quasi animal.
« L’effluve de mon plaisir me fait échouer sur les rives du passé. »
« Au temps sublime » l’orgasme, l’exode sentimentale, la déréliction au garde à vous.
« Ce n’était pas de la nostalgie. C’était une sorte d’anticipation continuelle, une jouissance transparente et prolongée que la pureté du ciel soutenait. »
Le langage d’un corps qui se retourne à contre-sens.
Puissamment magnétique et volontaire, l’embrasement de la jouissance.
Magistral. Publié par les majeures éditions La Peuplade.
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