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Santiago, années 1970. La Brigade Ramona Parra peint sur les murs en signe de protestation et d'opposition à Pinochet. Amalia est l'une de leurs membres. Hantée par son père, notable, soutenue par sa mère, conteuse, aidée de ses compagnons d'armes et de poésie, elle poursuit son art sans jamais savoir (ou vouloir savoir) qui l'a livrée à ses bourreaux.
Laure des Accords imagine les amours, l'exil et le destin en France de cette artiste passionnée, passionnelle, cernée par l'oppression, le silence et la mort.
Baigné de contes des Mapuches, ce texte dessine le portrait d'une femme en manque de mots, bridant ses désirs, face à des hommes du côté de la parole, du contrôle et de la répression.
L’œuvre d’Irène Dominguez sur la première de couverture est un symbole fort. Le lien de concorde avec Amalia Basoalto. Le lever de voile sur un pan de l’Histoire mouvementée dans l’Amérique latine. Ici, c’est le Chili et ses martyrs de la dictature militaire d’Augusto Pinochet. À savoir le coup d’état du 11 septembre 1973 jusqu’au 11 mars 1990 et plus encore.
Santiago, 1970, un groupe d’artistes engagés peignent sur les murs. Des couleurs expressives, les traits tirés, œuvres de combat et de résistance. « La Brigade Ramona Parra » interpelle la résurrection, les subversifs. Ils sèment des couleurs, un face à face avec les tortures, les disparitions, l’oppression ensanglantée. Amalia n’aura de cesse de se battre avec des pinceaux contre Pinochet, les militaires et les délateurs.
Amalia, amoureuse des poésies, des contes chuchotés par sa mère lors de son enfance. L’art en diapason et la délicatesse alphabétique de l’Histoire triste du Chili. Les Mapuches bannis, le peuple aux abois, si près de nous encore.
Les armes pacifiques, contrer son père notable et si ambiguë qui louvoie et dont on pressent un double-jeu, l’hypocrisie sombre et assassine.
« Il y a bien longtemps, Amalia savait peindre la musique, et les couleurs dansaient sur la toile ».
Les mots bâillonnés, la rémanence d’un pictural qui parlera en son nom.
L’écriture est gémellaire, siamoise d’Amalia, le désespoir d’une dictature d’ombres et de fantômes. Frères et sœurs, la peinture se noie, gorgée de pluie et de rancœur.
« Camélo : frappé à coups de bâton. On m’a bandé les yeux…
Teresa : je les entendais rire pendant qu’ils me torturaient…
Eugénio : j’ai chanté… ».
« La peur engloutit les cœurs... ».Amalia va être dénoncée. Par qui ? Elle se refuse de savoir par qui. Elle cache sous les plis du secret le nom du traite. C’est trop tard. Elle est atteinte par cette trahison. Il faut changer les couleurs. C’est encore temps de contrer les bourreaux. Les souffrances, cheveux coupés et larmes salées. « Avec Allende nous vaincrons ».
Hurler face aux murs des prisons mentales et des laboratoires de tortures, elle, femme, fille et mère. « Souviens-toi Juanito, que tu es cette étoile dans une trouée d’ombre ».
Le récit à tiroirs, le Chili, Santiago, la France Aytré, l’exil et la chute. La destinée gazée par le saccage, la violence sourde. Les relents persistants de sa vie bridée par la dictature et la liberté en agonie. L’injustice, un bandeau noir sur ses yeux et ses tableaux colorés. La répression pavlovienne et insistante. Malade et fragile, l’ubiquité en bataille rangée, « on ira jusqu’où on ira, peut-être pas au bout du monde mais entre le ciel et la terre, toujours ».
« C’est la plus belle langue mère qui revient ».
Chantante et allouée de liberté. L’auréole des survivances, réapprendre le premier mot du premier jour de sa vie. Gestuelle bercée au pinceau. Là où s’achève le contre-jour de l’Histoire chilienne. Les amants aux pommes, parabole et fresque, mains jointes et le pinceau glorieux inondé d’amour et de résistance.
Ce livre poignant est dédié aux persécutés, exilés mappemonde. «Au bord du désert d’Atacama » est engagé, poignant, lucide. Une peinture cruciale, mémorielle. Laure des Accords rassemble l’épars des meurtrissures et des blessures.La couleur souveraine et ce texte devient une ode, un éloge, le portrait d’une Amalia universelle, combattante, digne et rebelle. Publié par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
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