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L'amitié est ce qui reste quand on a tout perdu. Alors Nil n'hésite pas : dès que Mock le contacte, il accepte de le suivre. Même s'ils ne se sont pas dit un mot depuis quinze ans. Même si c'est pour convoyer une urne funéraire. Et même si la destination n'est autre que Ti-Gwern, cette grande maison où, quelque vingt ans plus tôt, ils étaient une poignée à partager leur jeunesse.
Nil sait pourtant qu'on n'efface pas le temps en remontant une vieille route : les rires et la musique, les vins parfumés, les regards, les désirs qui animaient tous leurs séjours dans ce lieu hors du monde, sont désormais bien loin... sans même parler de Maud.
Alors, est-ce l'amitié ou la nostalgie qui le motive à faire le voyage ? Ou devinerait-il, sans vraiment se l'avouer, que rien n'est vraiment fini tant qu'on ne s'y résigne pas ?
Cela fait déjà plusieurs jours que je fusille du regard ma page Word vide sans savoir comment commencer cette chronique. Pourquoi tant d’indécision, de tâtonnements, de soupirs et d’hésitation ? Tout simplement parce que ce livre est un OVNI dans ma bibliothèque : vous le savez bien, mes genres de prédilection, c’est le young-adult, la fantasy, la science-fiction. Absolument pas le drame contemporain. Alors pourquoi diable ai-je postulé sur SimPlement pour tenter de recevoir ce livre ? Très honnêtement : aucune idée. La couverture a attiré mon regard, le titre m’a intriguée et le résumé m’a charmée. Sans même réfléchir une seule seconde, j’ai envoyé ma candidature. Et très sincèrement, quand j’ai trouvé le livre dédicacé dans ma boite aux lettres, j’ai eu une bonne minute de panique : mais dans quoi m’étais-je donc embarquée ? Pourquoi diable avais-je donc cédé à cette impulsion en choisissant un livre s’éloignant tellement de ma zone de confort ? Moi qui suis en pleine panne de lecture, j’ai bien cru voir ma dernière heure de lectrice arriver … et pourtant, je suis toujours en vie, et même très heureuse : ce fut une très belle lecture !
Emmanuel pensait avoir définitivement tourné la page et avoir laissé derrière lui son adolescence. Mais voilà que le passé lui retomber soudainement dessus, arborant le visage fermé de Mock : quand un vieil ami, qui a tant fait pour vous, vous demande de lui rendre un service, un seul, comment refuser ? C’est ainsi qu’il se retrouve sur cette plage, en retrait, pendant que Mock répand les cendres de celui qui fut, bien des années auparavant, sans vraiment l’avoir voulu, l’hôte généreux de tout leur petit groupe d’adolescents en quête de liberté. Mais Emmanuel était bien loin de se douter que ces sombres retrouvailles auraient un arrière-gout rance d’adieux silencieux. Car quelques jours après être retourné à son quotidien routinier mais ô combien rassurant, voilà que Maud, la sœur de Mock, dont il était tellement amoureux, le contacte à son tour : Mock a disparu. Commence alors pour Emmanuel une véritable quête de la vérité, qui le conduit à faire face au passé, à découvrir ce qu’il n’avait même pas soupçonné …
Albédo, c’est un roman dans lequel on se plonge progressivement. Dans la plupart des récits, l’auteur fait attention à donner au lecteur suffisamment d’informations pour comprendre aisément le passé des personnages. Pas ici. Ici, les souvenirs se dévoilent petit à petit, telles des pièces de puzzle éparpillées que le lecteur doit de lui-même analyser, trier, organiser pour saisir l’enchevêtrement des événements passés … et leur implication sur le présent. Ici, tout tourne autour de cette dualité passé/présent : comment réagir lorsque le passé refait brusquement surface, alors que l’on pensait avoir définitivement tourné la page ? Les premiers chapitres sont captivants, mais terriblement difficiles à suivre : on ne comprend pas tout, on tâtonne, on fronce des sourcils en se demandant où cela va nous emmener. Et c’est ainsi pendant tout le livre : on fait des suppositions, on essaye de recoller les morceaux, on se fait surprendre, parfois. Bien souvent, j’ai douté de mes idées, avant de constater qu’elles n’étaient peut-être pas complétement absurdes, mais pas tout à fait vraies non plus … J’ai vraiment apprécié le fait de ne pas avoir toutes les cartes en main, même si plus d’une fois je me suis dit « non mais j’en peux plus j’veux comprendre maintenant ». C’est vraiment une des forces de ce livre : le lecteur n’est pas passif, il a vraiment un rôle à jouer, un rôle qui progressivement semble indispensable à l’intrigue : pour pouvoir en saisir toutes les subtilités, le lecteur doit réfléchir, doit faire l’effort de reconstituer un passé tout en clair-obscur.
Mais Albédo, c’est aussi et surtout une formidable histoire d’amitié : entre Emmanuel et Mock, entre Emmanuel et Maud, il y a une amitié véritable, une amitié qui résiste même au temps et à l’absence, et une amitié si forte, si profonde, et bah clairement, ça m’a donné les larmes aux yeux pendant une grande partie du livre. A travers une narration à la première personne aussi fluide que poétique, bien que parfois un peu déconcertante, on ressent une myriade d’émotions qui viennent résonner au plus profond de notre cœur : que l’on ait la chance ou non d’avoir des amis aussi fidèles, on ne peut que se laisser emporter par cette histoire d’amitié. Il faut dire que les personnages sont terriblement attachants : Emmanuel, un peu paumé, terriblement maladroit dans les relations sociales, porte pourtant l’intrigue avec une force insoupçonnée de tous y compris de lui-même. A côté, on a Maud, aussi fragile que forte, une jeune femme qui restera toujours la petite sœur de Mock, celle que Mock protège. Et Mock, d’ailleurs … Mock, c’est le mystère incarné, c’est celui que nul ne peut comprendre, l’électron libre et solitaire qui met véritablement en mouvement cette intrigue. A côté de ce trio, il y a Lison, la collègue d’Emmanuel, attentive mais impulsive, qui va soutenir Emmanuel en même temps qu’elle va le booster. J’aime beaucoup Lison, je l’admets volontiers, d’autant plus qu’au final, elle débarque un peu comme un cheveu sur la soupe, elle s’incruste là-dedans sans gêne, et je trouve ça particulièrement décalé par rapport à la tonalité si dramatique du reste du récit que je ne peux qu’approuver !
En bref, Albédo est un roman qui a su me surprendre, mais surtout, qui a su me faire dépasser mes premières appréhensions en me proposant un véritable condensé d’émotion et de mystère. Des personnages attachants liés les uns aux autres par des liens forts et complexes, un passé dont chacun détient un morceau de vérité et qu’il va désormais falloir reconstituer pour comprendre les agissements d’un d’entre eux avant qu’il ne soit trop tard, mais aussi une véritable réflexion sur la vie, l’amour, l’amitié … A travers ces quelques centaines de pages, l’auteur nous offre tout simplement d’accompagner le narrateur au cours d’une étape de son existence, d’une de ces étapes qui constituent à la fois un retour vers le passé et une passerelle vers l’avenir. Car tout est intimement lié dans une vie, et c’est ce que ce récit met en évidence : comment avancer lorsqu’on a oublié d’où on venait ? Aussi, pour ce roman empli de douceur et de poésie, je remercie vivement Sébastien Fritsch !
Grâce à Simplement et à l'auteur, j'ai pu découvrir ce magnifique livre. Le résumé m'a intriguée dès le départ.
On suit donc Nil, qui se voit recontacter par son ami Mock alors qu'il ne l'a pas revu depuis 15 ans, pour convoyer une urne funéraire à Ti-Gwern. Il est donc replongé dans ses souvenirs de jeunesse tandis que Mock disparaît sans laisser de traces. Il sera alors aidé par Maud et d'autres personnages que l'on découvre progressivement au sein du récit.
C'est une très belle lecture qui comporte une certaine morale sur la vie et l'amitié. On est plongé directement dans des souvenirs de jeunesse qui sont plus ou moins joyeux. Le récit est écrit à la première personne ce qui nous permet d'être dans la tête de Nil du début à la fin. Il comporte également beaucoup de description mais juste assez pour être totalement porté par l'histoire. L'écriture est fluide, la lecture est douce, c'est le genre de roman qui nous font réfléchir sur certains aspects de la vie.
La couverture est très belle bien qu'au début du roman, nous ne savons pas quel personnage elle interprète tout comme le titre qui reste totalement mystérieux. Chaque élément nous est révélé au cours de notre lecture. Le personnage de Mock est également mystérieux mais plus dans le sens où il est compliqué à cerner car ses réactions ne sont pas toujours comprises de son entourage mais il n'en reste pas moins tout aussi intéressant que les autres face à toute l'intrigue de sa soudaine disparition.
On découvre les souvenirs mais également les secrets de chaque personnage composant le roman et petit à petit nous sommes également amenés à réfléchir sur notre propre vie et l'amitié que l'on porte à notre entourage mais aussi aux pistes que les personnages abordent dans le récit concernant cette disparition de Mock.
En bref :
J'ai beaucoup aimé ce livre qui aborde des sujets de la vie courante tout en gardant un mystère. C'est une très belle découverte qui mérite amplement d'être lue !
Pour en savoir plus sur l'auteur : https://editionsfinmarsdebutavril.jimdo.com/
L’appel d’un vieil ami perdu de vue, une urne funéraire, un voyage à destination d’une maison bien connue autrefois, puis la disparition inexpliquée de Mock… Mais pourquoi a-t-il disparu aussi vite qu’il est réapparu dans la vie d’Emmanuel ? Cette question, de laquelle en découlera beaucoup d’autres, est le point de départ d’une enquête qui conduira Emmanuel sur les traces d’un passé qui n’est pas aussi révolu qu’il n’y paraît.
L’auteur alterne entre présent autour de la recherche de Mock et passé, à travers le flot de souvenirs de Nil, surnom d’Emmanuel, ce qui donne du rythme, un tempo à l’histoire. Malgré un côté introspectif, l’histoire ne se révèle d’ailleurs jamais ennuyante, mais suscite au contraire, sans relâche, l’attention et l’intérêt des lecteurs.
Cette alternance présent/passé apporte également un certain suspense puisque l’on en vient à se demander ce qui a pu se produire il y a presque vingt ans pour conduire à la situation actuelle. L’auteur joue avec notre imagination nous donnant au compte-gouttes des informations sur cette bande d’amis qui s’est perdue de vue, le jour où la plupart des membres ont été éjectés de la maison sans ménagement par le propriétaire des lieux.
Nous ne sommes clairement pas dans un thriller qui vous tiendrait en haleine par un suspense haletant, mais dans une histoire où les nombreuses questions non résolues apportent un certain mystère qui vous donne envie d’en apprendre plus sur Emmanuel, Maud et leurs anciens amis.
J’ai beaucoup aimé ce livre ; j’aurais donc spontanément tendance à le conseiller à tous. Néanmoins, après réflexion, je pense que cet ouvrage ne plaira pas à tout le monde, ce n’est pas un livre passe-partout ni un roman bourré d’actions et de rebondissements abracadabrantesques.
Ce livre plaira avant tout aux personnes qui aiment les histoires d’amitié comme certains aiment les histoires de famille, les deux ayant en commun de contenir leur lot de secrets, de non-dits, d’espoirs déçus, de mystère, mais également leur lot d’éclats de rire, de complicité et de moments heureux.
Le roman séduira de la même manière les lecteurs qui aiment les histoires mettant en scène un personnage non pas parfait, mais parfaitement attachant à la psychologie développée.
Ainsi, en suivant Nil dans son enquête pour comprendre le mystère entourant la disparition de Mock, on apprend à le connaître, lui et ses qualités mais aussi ses failles. On sent l’agacement poindre le bout de son nez quand il découvre que Mock l’a laissé seul dans la maison, on comprend sa déception, ses regrets, sa douleur face à un amour de jeunesse jamais partagé, on perçoit son inquiétude, sa colère face à un ami intime qui semble tellement insaisissable…
On s’agace aussi parfois de son comportement, de son extrême gentillesse qui le rend quelquefois « mou » ou détaché de sa propre personne, renvoyant de lui l’image de néant que Mock lui attribuait. En d’autres mots, on s’attache à Nil, un personnage profondément humain qui évolue tout au long du roman prenant un peu plus d’assurance même si, comme vous le découvrirez, il lui reste du chemin à parcourir avant d’arriver à complètement s’affirmer sans ressentir le besoin de fuir ni de tout accepter.
C’est ainsi que plusieurs jours après avoir tourné la dernière page du roman, il m’arrive d’avoir une pensée pour lui comme s’il était difficile de dire définitivement adieu à un ami. Il faut dire que la finesse avec laquelle l’auteur nous fait entrer dans la vie de ce personnage donne presque l’impression aux lecteurs de le connaître réellement.
En plus de la qualité de la plume de l’auteur, j’ai adoré les dialogues. Je déplore régulièrement un manque cruel de fluidité et de naturel dans ce domaine. J’ai donc été enchantée de découvrir des dialogues réalistes qui auraient pu être échangés dans la vraie vie.
La seule chose qui m’a moins convaincue dans le roman est la raison qui a poussé Mock à disparaître. Je ne peux pas détailler les raisons de mon scepticisme sans vous spoiler, mais ça m’a somme toute semblé être tiré par les cheveux. Cependant, je dois reconnaître que ça ressemble bien à cet homme qui nous apparaît, à travers les yeux de Maud et Emmanuel, aussi brillant que torturé.
Enfin, et c’est bien sûr une opinion toute personnelle, j’aurais adoré voir Ti-Gwen en couverture, cette maison d’apparence abandonnée et délabrée étant un peu à l’image de l’amitié unissant Emmanuel et ses amis, partie en déliquescence faute d’entretien…
En conclusion, Albédo est un roman plein de sensibilité où la psychologie des personnages et en particulier celle de Nil est mise en valeur par la finesse de la plume de l’auteur. Dès les premières lignes, les lecteurs sont embarqués dans cette histoire de disparition qui, en plus d’être mystérieuse et porteuse de nombreuses questions, est aussi l’occasion de nous offrir un voyage dans une histoire d’amitié conjuguée au passé et au présent.
Vous pouvez acheter ou lire les premiers chapitres du roman sur le site des Éditions Fin mars début avril.
Chronique sur : https://lightandsmell.wordpress.com/2017/04/10/albedo-sebastien-fritsch/
"Albédo" est un roman lumineux et nostalgique qui nous transporte dans une vague d’amitié et d’amour et qui nous plonge dans un questionnement de l’âme.
Tranquillement, bercée de blues, de copains, de c(h)ampagne et de frétillements amoureux, j’ai suivi Emmanuel, surnommé Nil par son ami Fred dit Mock, dans une aventure mystérieuse, originale au premier abord (accompagner son ami et une urne funéraire vers une destinée bretonne), qui s’avère devenir une quête identitaire à un moment de sa vie où rien ne semble aller.
J’ai beaucoup apprécié l’ambiance qui se dégage de ce roman ainsi que l’écriture fluide de l’auteur. J’ai eu l’impression d’être allée, moi aussi, dans cette grande maison avec piscine au milieu des bois, en compagnie d’une ribambelle d’amis, dans une atmosphère enivrante parsemée d’accords de guitare et de regards amourachés. Je tiens également à saluer la très jolie couverture qui reflète à merveille l’ambiance du roman.
Et puis je me suis demandée où et pourquoi avait disparu soudainement Mock lors de leur escapade bretonne, laissant Nil à son triste sort, imbibé de questions sur leur amitié passée, ne sachant pas quoi penser de cet ami qu’il n’avait pas vu depuis presque quinze ans et qui le laisse tomber subitement, sans explication. Sans compter sur le mystérieux énervement vingt ans plus tôt de Richard, le propriétaire de la maison, qui laisse encore toute son énigme dans l’esprit de Nil, se ravivant avec le retour temporaire à Ti-Gwern. Qu’a-t-il bien pu se passer pour que ce riche et célèbre propriétaire, alors dans une colère noire soudaine, mette tout le monde à la porte sans raison apparente ?
L’auteur nous embarque dans une enquête des personnages visant à démêler les histoires du passé mais aussi les questionnements d’aujourd’hui. Nous faisons des suppositions, nous trouvons parfois, mais nous nous trompons aussi. Et puis Sébastien Fritsch nous déroule le fil, donne les réponses délicatement, sans chichis et avec efficacité et tendresse.
En parallèle, l’amour se fait la part belle dans ce roman, quand il s’étiole au fil des ans, tout comme peu s’effacer l’amitié, mais aussi quand il fait douter ou encore quand il resurgit. Nous découvrons un Nil un peu paumé, naviguant à tâtons dans ses états d’âme et ne sachant pas comment les exprimer. Mais ce voyage nostalgique pourrait bien le changer à jamais.
« Qu’est-ce qu’il aurait fallu pour que nous puissions vivre heureux ? Peut-être, tout simplement, que je sache vivre. »
Quand les secrets du passé se dévoilent vingt ans après, ils emmènent avec eux une part de vie mais ils déroulent aussi un tapis semé d’espoir et de renaissance.
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/07/06/lecture-albedo-de-sebastien-fritsch/
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