Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Aïas, Ajax

Couverture du livre « Aïas, Ajax » de Sophocle aux éditions Belles Lettres
Résumé:

Le titre choisi, Aïas, pour cette nouvelle édition de l'Ajax de Sophocle montre son orientation : la fidélité au grec. Le héros de Sophocle rapproche explicitement son nom du cri de douleur Aïaï. Le guerrier protecteur de l'Iliade, le héros officiel d'une « tribu » de la Cité d'Athènes, est ici... Voir plus

Le titre choisi, Aïas, pour cette nouvelle édition de l'Ajax de Sophocle montre son orientation : la fidélité au grec. Le héros de Sophocle rapproche explicitement son nom du cri de douleur Aïaï. Le guerrier protecteur de l'Iliade, le héros officiel d'une « tribu » de la Cité d'Athènes, est ici un soldat perdu, traumatisé, un être de douleur. Il a tué des bestiaux au lieu de ceux qu'il visait, les Atrides et Ulysse, pourtant ses compagnons d'armes à Troie, mais qui l'avaient, estime-t-il, déshonoré en lui refusant les armes divines d'Achille après la mort de celui-ci, et en les accordant à Ulysse. C'est qu'Athéna, comme elle le montre à Ulysse dans un prologue extraordinaire, l'avait rendu fou, redoublant son déshonneur. Il n'a donc plus d'autre choix que la mort, et refuse d'écouter les objurgations de sa compagne Tecmesse et du choeur de ses soldats de marine. Après avoir feint ensuite de céder (pour mieux se débarrasser d'eux), il se suicide, seul devant les spectateurs, dans une autre scène exceptionnelle. Le roi Agamemnon interdit à son demi-frère Teucros, d'abord par l'entremise de son frère Ménélas, puis en venant en personne, qu'on ensevelisse celui qui a trahi l'armée achéenne, mais Ulysse, pris de pitié devant la façon dont la déesse Athéna s'est jouée de lui, obtient non sans mal que les Atrides lui accordent les funérailles auxquelles tout homme a droit en vertu des lois divines, et Aïas plus qu'un autre, lui qui est « le meilleur guerrier après Achille » : « Je ne considère pas plus son sort que le mien. Je vois que nous ne sommes rien d'autre que des fantômes, nous tous qui sommes en vie, ou bien une ombre légère ».
Cette tragédie, l'une des plus saisissantes de Sophocle, n'a guère eu de postérité, probablement en raison des difficultés de sa mise en scène : elle permet ainsi d'appréhender le genre tragique dans son contexte historique et littéraire, sans les filtres que la tradition occidentale a imposés à d'autres tragédies plus souvent reprises. Attentive au texte grec de la pièce, avec l'explication des principales difficultés, l'édition s'efforce de rester accessible aussi au lecteur non-helléniste, qui entrera ainsi au coeur de l'analyse de la tragédie grecque.

Donner votre avis