Kriemhild est Princesse Burgonde.
Jeune fille au caractère combatif, elle ne se plie que difficilement aux devoirs de son rang. À la mort de son père, c'est son frère aîné Gunther qui monte sur le trône, se liant d'emblée d'amitié avec le héros Siegfried, soit disant tueur de dragon, à qui il va offrir sa sœur en échange d'une aide vers une union avec la reine d'Islande, Brunehilde, réputée inapprochable sans y laisser la vie.
Kriemhild la blonde, Brunehilde la brune.
Deux femmes aux caractères différents, qui n'auront pas le loisir de s'apprécier, mais qui, chacune à sa façon, vont tenter autant que possible de se défaire de l'emprise des hommes, de leurs manipulations et de leurs diktats. Indispensables monnaies d'échanges politiques, faiseuses de rois entre ombre et lumière, mères farouches et rêveuses de liberté.
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Le moyen âge n'est pas un période réputée pour ses avancées en matière de droit des femmes. En matière de ? Ah bah, non, rien...
Utilisées, échangées, données, sacrifiées, ces sœurs, ces filles, ces nièces ont servi leurs royaumes respectifs et peu d'entre elles ont tiré du jeu une épingle suffisamment pointue pour blesser un patriarcat crassement tenace.
Sur les bases de la mythologie nordique et germanique et de la saga des Niebelungen dont Fritz Lang, JRR Tolkien ou encore Wagner se sont servi, Veerle Hildebrandt (au patronyme tout disposé, avouez) tire un récit entre Histoire, mythologie et drame de deux femmes dans un monde d'hommes, deux femmes de volonté, de caractère, brisées de multiples façons et à de multiples reprises avec une désinvolture et une arrogance effarantes. Mais deux femmes qui finiront par acquérir leur liberté aussi différentes qu'elles-même.
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Le trait noir et marqué et les couleurs profondes travaillent dans le sens du récit pour faire de cet album une histoire malheureusement pas inconnue, mais terriblement touchante et aussi révoltante, à la croisée de grandes figures historiques tristement célèbres ou pitoyables, et qui prend aux tripes.
Enfant, Kriemhilde avait déjà des idées bien arrêtées: abolir le mariage, la guerre, avoir les mêmes droits que les hommes, devenir reine de Burgondie... Des désirs vite étouffés par le décès de son père et la lâcheté de ses frères qui la poussent à épouser un valeureux guerrier, Siegfried, pour assurer la protection du royaume. Un de ses frères, Gunther, décide lui d'aller prendre pour épouse la redoutée Brunehilde d'Yslande.
Veerle Hildebrandt s'empare de la saga mythologique des Nibelungen qui a inspiré à Richard Wagner sa tétralogie L'anneau des Nibelung. Mais elle prend l'angle des personnages féminins, Kriemhild et Brunehilde, pour raconter, à sa façon, la chute du royaume burgonde. Dans un monde d'hommes, elles subissent... mariage forcé, viol conjugal, trahisons, menaces.. et ne rêve que de liberté et d'indépendance.
Elle opte pour un dessin plutôt frais et coloré qui éloigne de la noirceur du récit. Un dessin qui pourrait s'apparenter à un travail pour la littérature jeunesse mais le récit lui s'en éloigne. et certaines scènes ne sont pas adaptées à tous les publics. Pour autant, sans chercher le réalisme des lieux et des scènes, le dessin permet une lecture agréable et facile.
Belle découverte, encore une chez Anspach éditions, que cet album. Cette réécriture moderne d'une épopée légendaire que je méconnaissais totalement m'a emmené sans mal tout au long des 152 pages !
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