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Des classiques agissent comme des détonateurs. Surtout quand la flamme est la plume de Gustave Flaubert, ou plutôt deux car « Par les champs et par les grèves » est le récit de quatre mains parties avec quatre pieds pour un tour de Bretagne en 1847, l’autre vagabond étant Maxime du Camp, l’ombre perpétuelle de Baudelaire ou du géniteur de « Madame Bovary » bien qu’il est pu accéder à l’immortalité sur les bord de Seine contrairement à Flaubert qui, bien que la dénigrant, n’en fit jamais partie.
Plus de 170 ans plus tard, dans une France masquée, un journaliste savoyard avec sa chère et artiste épouse bretonne vont prendre le même chemin de tentation pour une évasion locale mais sur des fantaisies sans frontières où littérature, histoire et géographie vont s’entrecroiser pour le meilleur.
En alternant le parcours des deux compères écrivains et le sien, Thierry Dussard entraîne le lecteur dans un voyage à la fois bucolique et onirique, ne semblant jamais s‘attarder sur des détails et pourtant donnant moult descriptions de ses lectures et de ses panoramas visuels. C’est frais comme un air marin et goûteux comme un crustacé péché dans l’Atlantique, référence préméditée par votre serviteur par la fameuse phrase de Gust, le diminutif affectueux que l’auteur utilise, « la langouste est la femelle du homard ».
Bien que n’étant pas particulièrement une inconditionnelle de ce « lézard littéraire » de Flaubert, je retrouve avec plaisir l’écrivain dans un périple breton après avoir savouré il y a tout juste un an Un automne de Flaubert d’Alexandre Postel – roman mentionné dans le présent livre – avec un ton moins romantique mais tout aussi foisonnant. Une carte judicieusement présentée en ouverture permet de retracer le parcours – surtout si pour vous aussi la Bretagne est une destination aussi inconnu que l’Amazone ou les Grands lacs africains – et de découvrir qu’au fil du temps, tout change mais tout reste solidement accroché aux parois de la transmission. Exemple avec le passage sur le sire de Robien et l’offre patrimoniale de la ville de Rennes.
Menhir sur la lande, Thierry Dussard dans sa douce péripétie bretonne fait quelques infidélités aux sieurs Flaubert et Du Camp pour semer comme des petits cailloux livresques quelques joyaux de Joseph Kessel – et là il s’agit même de rubis – Victor Segalen, Théophile Gautier, Jack Kerouac…et même indirectement à Jacques Lacarrière en utilisant l’expression « chemin faisant ».
Laissez-vous aller dans ces fantaisies bretonnes, portez votre imaginaire dans un déconfinement littéraire et partez dans ce vagabondage converti en un hymne breton quasi exotique. Pour terminer d’ailleurs aux portes de l’Orient…
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