"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le sujet est intéressant même si ces images ne sont pas du tout à mon goût, mais hélas ce livre m'a déçu car il n'est pas aussi bien raconté que le livre du même auteure qui est "Le roman de Jérusalem". Un vrai documentaire aurait été mieux. Mais on en retient quand même des choses.
J’ai découvert cette collection avec Le Roman de la Pologne de Beata de Robien, et bien que celui-ci fût présenté comme un véritable livre d’histoire, Le roman de Jérusalem se présente quant à lui différemment. En effet ce livre est plus un livre d’histoire avec une touche de roman dedans. Roman qui par contre ne sert à rien, car l’auteure Tania Velmans fait réciter toute l’histoire de Jérusalem et même au-delà par ses personnages, ce qui revient au même résultat qu’un livre classique d’histoire finalement, d’ailleurs pour être franche les quelques courts passages de roman ne m’ont pas du tout intéressé, sans ça aurait été mieux. Mais de ça je m’en fous en fait, car ce livre est malgré cela génialissime à lire. Jérusalem quelle ville ! Existe-il une ville aussi importante en ce monde ? Aussi fascinante ? Vraiment je ne crois pas, riche en histoire, en architecture, vieille de plusieurs milliers d’années, cette ville qui est trois fois sainte, - car elle contient des lieux ou monuments des trois religions monothéismes (judaïsme, chrétienne, islamique) -, à tout pour attirer.
Bien sûr dans ce livre tout n’est pas dit, car il est tout bonnement impossible de tout dire en 248 pages, pourtant l’auteur a su faire un excellent tour de l’histoire de Jérusalem pour la profane que je suis. Tout d’abord sur l’histoire religieuse de cette ville, l’auteure va développer les mythes et personnages comme Salomon, Moïse ou encore Jésus, qui font tous partis des livres saints que sont la Torah, la Bible, le Coran. Alors si sur ce dernier point je n’ai fait aucune découverte, ni même spécialement sur Jésus, j’avoue que sur Salomon ou encore sur Moïse j’en ai fait des pas mal, et notamment sur la fameuse fuite d’Egypte où d’après l’histoire Moïse aurait guidé les hébreux en dehors de ce pays. En effet d’après des fouilles archéologiques qui ont eu lieu en 1970 au Sinaï, et d’après un autre rapprochement avec des bas-reliefs dans le temple d’Amon à Karnak, cette fuite n’a apparemment jamais eu lieu pour cause de forteresse. D’ailleurs en parlant de Moïse j’ai trouvé très intéressant de découvrir l’épisode du Veau d’or où Moïse aurait cassé les tablettes des 10 commandements, ou encore cette ressemblance qui a entre son histoire et celle du roi Akkadien Sargon d’Akkad, à propos du nourrisson dans la rivière. Bien que celle de Sargon d’Akkad soit écrite 16 siècles après ce supposé évènement. Oui c’est marrant je visualise plutôt bien la vie de Jésus mais pas celle de Moïse. ^^ Mais outre Moïse, Jésus et compagnie, l’auteur va aussi aborder rapidement la naissance du monothéisme en Israël, qui serait apparu avec l’exil de Babylon en 587 avant JC, car entre le 10ème et 7ème avant notre ère il y avait d’autres Dieux qui étaient vénérés, elle va encore aborder la politique de Constantin 1er qui fut soit dit en passant un très grand constructeur, les persécutions chrétiennes que Néron a lancé, ou encore la vision qu'on avait des chrétiens dans l'antiquité. Voici un passage plutôt intéressant qui en parle :
« L’empereur Marc-Aurèle (121-180) dont la sagesse et l’humanité ont été maintes fois soulignés, note dans ses pensées qu’il trouvait absurde d’associer le singulier et l’universel, comme le faisaient les chrétiens en prêtant une double nature au Christ. Enfin, les chrétiens refusaient d’honorer les dieux de l’Empire, or, un tel refus était puni de mort, conformément à la législation en vigueur. Cette sévérité n’était pas gratuite, mais fondée sur la croyance qu’un tel rejet mettait l’Empire et la fameuse pax romana en danger à cause du courroux qu’il provoquerait dans le monde divin. D’ailleurs, les diverses calamités qui s’abattirent sur Rome au 2ème et 3ème et 4ème siècle, dont une épidémie de peste et la présence des barbares à leurs frontières, furent attribuées à la colère des dieux provoquée par les chrétiens. Mais bien avant, Néron, qui fut peut-être responsable de l’incendie dévastateur de Rome, accusait les adeptes de la nouvelle religion d’en être les auteurs. »
Ensuite un autre point que l’auteur a particulièrement bien développé c’est l’histoire architecturale et picturale de cette ville, et là première surprise ! J’étais restée au fait que les orthodoxes ne représentaient jamais les images saintes, mais apparemment l’art byzantin existe même pour la religion, du coup là j’ai appris un truc super intéressant en découvrant qu’en 843 la crise iconoclaste était finie. J’avais ce qu’on peut dire quelques trains de retard ^^. Et heureusement que cette crise eût une fin car à travers l’art pictural des décors ecclésiaux byzantins, on a des renseignements sur des martyres mais aussi des témoignages sur les persécutions des empereurs romains et de celles perpétrées par les musulmans à l’encontre des chrétiens d’orient qui eut lieu un peu plus tard. En parlant de peinture ce passage page 199 est plutôt intéressant car il montre l’évolution de la vision de l’essence du Christ mais aussi du message biblique, jugez donc :
"C’est seulement après la victoire des iconophiles, en 843, et le rétablissement du culte des images, que le Christ apparut sur la croix les yeux fermés et les genoux fléchis, autrement dit, mort. En Occident, cette évolution iconographique eut lieu beaucoup plus tard, malgré la forte influence qu’exerçait l’art byzantin sur celui d’Italie.
- C’est aussi un tournant important dans la piété.
- Certes, mais il ne faut pas exagérer non plus. A Byzance même, l’évolution se fit très lentement. Ce n’est qu’à partir du 12ème siècle que le corps du crucifié trahit quelque peu la souffrance, que la Vierge et saint Jean sont attristés. Auparavant ils étaient figurés comme impassibles parce qu’ils étaient supposés connaître la divinité du Christ ; ils figuraient de part et d’autre de la croix comme témoin de l’évènement. Le christianisme des premiers siècles était très porté sur le triomphe de Seigneur et sur la joie du salut. Ce n’est que plus tard qu’a commencé la rumination autour du péché, surtout en Occident d’ailleurs. […]
C’est plutôt vers le 15ème siècle que le dolorisme s'épanouit. La douleur devient une valeur, voire une vertu, et les souffrances de Jésus sont exaltées à tel point qu’elles deviennent aussi importantes que son message."
Comme je l’ai dit Tania Velmans ne s’arrête pas à la peinture elle va aussi parler de l’architecture. L’auteure va nous décrire les temples et églises à coupole et pilier, ou encore les mosquées, qui seront parfois juste des anciennes églises transformées ou des mosquées nouvelles inspirées de l’art byzantin. En passant il est dit dans ces pages que l’image des anges a été fixée depuis les victoires antiques, mais j’ai lu je ne sais plus trop où que les anges ont des ailes depuis le 4ème siècle alors qui peut me dire ce qu’il en est exactement ? Car j’avoue que j’aimerai bien savoir depuis quand les anges ont des ailes et d’où est tiré cette représentation. Oui je sais je suis hors sujet. ^^
Et pour finir on va bien sûr avoir droit à toutes l’histoire de Jérusalem, c’est-à-dire du commencement (ou presque) les révoltes du peuple juif, aux conquêtes de l’empire romain, en passant par les croisades chrétiennes qui étaient des reconquêtes de leur terre après que les musulmans les en aient chassés. Alors certes ça c’est un sujet qui en fâchent certains, pourtant c’est une vérité historique, - tout comme l’esclavage qui n’a pas été que l’apanage des blancs -, et du coup c’est un côté du livre que j’ai particulièrement apprécié car il a au moins le mérite de dire que les atrocités ont été commise autant par les chrétiens que par les musulmans. En effet contrairement à ce qu’on croit et lors de leurs conquêtes puis dominations, ces derniers ne se sont pas toujours montrés tendre avec les non-musulmans, loin de là ! Et sans vouloir jouer les trublions, pour moi il est important d’en parler pour qu’on arrête d’entendre des erreurs à tout bout de champs sur ce sujet, en plus c’est bien connu je déteste l’histoire qui marche à sens unique. D’ailleurs chose que j’ignorais de ces croisades ou que j’avais oublié, c’est qu’elles feront naître les États Latins d’Orient, où les chevaliers d’occident bâtiront des grands bâtiments.
Enfin bref en relisant mon avis je m’aperçois que je vous ai déjà bien cassé les pieds, aussi je vais m’arrêter là, mais franchement ce livre est génial, je l’ai vraiment adoré et je sais que c’est un livre que je prendrai plaisir à relire. Alors si l’histoire vous intéresse, et je sais qu’il y en a, lisez-le ! Surtout que même si je ne suis pas du tout experte sur le sujet, ce que l’auteure dit ici j’ai pu le lire ailleurs dans des livres qu’elle cite ou pas, du coup je trouve son travail super sérieux et ça c’est très important. Maintenant je vais peut-être me motiver à sortir la Bible et le Coran de ma bibliothèque, allez savoir pourquoi ça m’a donné envie de les lire, bien que quand je feuillette le Coran je fais des bons de 10 mètre 50 et quand je feuillette la Bible je m’endors tout simplement. Mais en attendant je vais tenter un autre livre de l’auteur qui est : La fabuleuse histoire de l'icône moins cher que Byzance, Constantinople, Istanbul. Il me tente énormément et j’espère qu’il sera aussi bon.
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