"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Londres 2013.
Gamal, d'origine égyptienne, est un ancien reporter de guerre ayant reçu le prix Pulitzer. Sa femme Clara l'a quitté cinq ans auparavant sans explication et depuis il n'a plus de nouvelles. Il découvre par hasard qu'Howard, son meilleur ami a pris un billet pour Positano en Italie, la ville où Clara est née. Entre dissimulation, non-dit et difficulté de communication entre époux mais aussi entre amis. Un roman sur l'amour, l'amitié et la rivalité. Une belle plume agréable à lire.
Ils étaient trois, Howard, l'anglais devenu directeur de la rédaction d'un grand journal, Gamal, anglo-égyptien marqué par la guerre depuis son plus jeune âge et qui, devenu reporter de guerre, a accumulé les prix les plus prestigieux ...
Et il y avait Clara, la lumineuse italienne que Gamal avait épousée, mais qu'Howard convoitait secrètement
Clara qui n'en pouvait plus de ne pas connaître la vie toujours cachée de Gamal, celle d'avant leur mariage, il y a plus de trente ans ...
Alors elle est partie ...
Et Gamal ne l'a pas cherchée ...
Dans un roman à trois voix, où le passé et le présent de chacun se dévoilent petit à petit, on ne peut que regretter que ces trois là n'aient pas plus exprimé leurs sentiments.
J'ai eu l'impression que le poids du passé et de secrets les avaient fait passer à côté de davantage de bonheur ...
Une histoire d'amour, de passion, de blessures secrètes ...
Un grand roman que j'aurais aimé bien plus long que ces courtes 151 pages qui m'ont donné envie de côtoyer davantage ces trois personnages.
Une auteur découverte par hasard sur les étagères virtuelles de ma médiathèques où j'avais réservé ce livre en click-and-collect selon la formule consacrée pendant ce second confinement.
Avis issu de : https://hanaebookreviews.wordpress.com/2019/01/30/les-imparfaits-sandrine-yazbeck/
Premier roman de Sandrine Yazbeck, Les Imparfaits n’a de boiteux que la signification du titre.
Trois personnages : Gamal, Clara, sa femme, et Howard, son meilleur ami. Trois voix : le roman alterne les chapitres au point de vue propre à chaque personnage. Trois lieux : Londres, Positano et l’Egypte.
Amis depuis des décennies, Gamal et Howard ont fait carrière dans le journalisme mais leur vision du métier et de la vie s’oppose.
Enfant rescapé et marqué par la crise de Suez, Gamal se dédie au journalisme de guerre. Convaincu qu’une prise de conscience change les mentalités, il révèle, signale, dévoile, aspire à défendre la parole des victimes, à imprimer aux yeux du monde la détresse de terres oubliées et réprouve le manque d’action d’Howard.
Troquant obus, poussière, et cris contre costumes, diplomatie et douillet d’un bureau, Howard exerce au service politique d’un grand journal quotidien.
Malgré leurs distinctions, l’amour qu’ils portent à Clara estompe leur dissemblance.
Mais la douce Clara, attentionnée et aimante, renonçant jusqu’à son envie d’enfant pour satisfaire son mari, est subitement partie pour Positano, sa ville natale, il y a cinq ans.
Malgré trente ans de mariage Gamal n’a jamais cherché à la retrouver et la découverte de billets d’avion pour Positano au nom d’Howard soulève des questions.
Prenant tour à tour la parole, chacun dévoile ses failles et ses fêlures et la perfection de l’œuvre réside dans l’imperfection de ses personnages. Je n’irai pas jusqu’à dire que S. Yazbeck nous fait comprendre l’humain mais elle sait nous faire pardonner, assimiler et accepter sa part vulnérable et traitre.
Reflets de nos imperfections personnelles, ces personnages imparfaits sont attachants et malgré la passivité, la trahison ou l’abandon sans explication, je n’éprouvais que passion et compassion.
Au-delà de l’effet miroir que les personnages ont sur le lecteur, le lien qui existe entre eux est un reflet qui les fait évoluer.
L’amour que porte Howard à Clara est un leurre inconscient qui l’empêche d’affronter les fondements de sa rivalité avec Gamal. Fils unique rejeté par son père, il n’a pas su transgresser la vie qu’on lui prédestinait. Eternel doublure de Gamal, allant jusqu’à recevoir le prestigieux Pulitzer à sa place, il vit l’action à travers lui, le jalouse et l’envie. Clara apporte une douceur et une normalité au quotidien de Gamal qui souhaite oublier les ombres de son passé. Enfin, depuis la perte de ses parents, cette dernière souffre d’un manque affectif qui exacerbe sa dépendance envers Gamal et qui la focalise sur le détachement insoutenable de son mari.
Chacun a eu des choix à faire, s’est menti ou n’a pas eu le courage de trancher…mais qu’arrive-t-il de bon si l’on se ment à soi-même ? L’Homme n’est pas infaillible mais il doit apprendre à s’écouter, à se confronter à ses désirs et à ses peurs enfouis.
L’écriture est fluide, sincère et certains passages comme le cri d’amour de Gamal à Rihma sont sublimes et poétiques. J’ai adoré les références fines et habilement placées tout au long du roman. Ainsi, la carte postale laissée par Clara avant son départ figure le fameux tableau de Magritte « Ceci n’est pas une Pipe » et rappelle la trahison des images. Ou encore la référence à Aida à la fin du roman, opéra commandé à Verdi par le vice-roi d’Egypte pour célébrer le Canal de Suez, fait écho à la crise du canal de 1956.
Pour finir, une imperfection est à noter : le roman se lit trop vite !
Mais rassurez-vous, l’auteure écrit déjà un roman où l’on retrouverait les personnages dans leur enfance.
Un énorme Merci à Albin Michel et plus particulièrement à Claire et Mickael pour l’envoi du roman et l’organisation d’une rencontre avec l’auteur.
Ce déjeuner fut un moment unique de partage naturel avec une auteure accessible et touchante et des bloggeuses au top !
Mais pour ce faire, il faudrait que je tue l’enfant qui au fond de moi a motivé ce voyage. Elle est là à soixante-huit ans qui ne meurt jamais, pleine de panache, incroyablement vivante, espiègle, croquant la vie avec fougue de toutes ses dents de lait. Je la revois courir à toute allure, sauter les volées de marches, défier avec malice père, mère, cousins, oncles et tantes, je la revois comme si c’était hier, débordant de vitalité et de confiance, une enfant qui avait tout l’avenir devant elle et qui ne doutait de rien. Une enfant toujours vivante, prise au piège dans la cage de mes souvenirs, une petite fille qui court encore, qui n’a pas pu mourir, qui n’a pas su mourir, qui se débat et grimace dans un mode intérieur, souffrant de l’oxygène trop rare qui lui parvient au travers du cordon ténu qui la relie à la femme qu’elle est devenue. Aurais-je maintenant le courage que je n’ai pas eu une vie durant ? Le courage de grandir et de la libérer ? De la délivrer et de la laisser au passé auquel elle appartient. Une petite fille que, de surcroit, j’ai trahie : la petite fille Clara aurait-elle vraiment laisser un Gamal entrer dans sa vie ?
Une plume de qualité se dévoile sur le huit-clos d'une amitié, histoire d'amour et la jalousie...
A travers les portraits, les écrits, les échanges des trois personnages majeurs ; Gamal, Howard et de la femme aîmée à la disparition inexpliquée. Comment l'amitié affichée comme sincère, profonde et ancienne peut aussi cacher tant de jalousie et parfois même de trahison.
Un livre qui progresse lentement avec des chapîtres courts, les récits entrecroisés de chacun. La plume est précise, on voit les personnages se dessiner par touches discrètes et sensibles. Les divergences se multiplient mais sont en fait de formidables témoignages d'amour, l'amitié est un leurre....
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