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L’avantage avec une anthologie, c’est que l’on découvre des écritures, des univers très différents, et ce dans le même livre. Il y a le plaisir de la découverte ou bien de la redécouverte.
Poèmes en vers ou en prose, poèmes envers et contre tout, chacun trouvera son bonheur.
Lisons Guy Bellay qui raconte l’enfance derrière soi :
« Grandir
Eloigner la terre de ses mains »
Ou bien Pascal Commère qui évoque aussi l’enfance :
« A l’enfant sur mon dos qui s’endort, je voudrais parler – une herbe entre les dents – graminée des chemins perdus, herbe quel est ton nom ? »
On parle aussi de départs :
« Pourtant plus que tout
Nous sommes
Dans nos départ »
Assure Mireille Fargier-Caruso tandis qu’Evelyne Morin annonce :
« Il fallut partir
Laisser les arbres à la terre
Et le linge aux rivières. »
La vie, la mort, et des instants du quotidien, nostalgie et réflexions, on trouve cela et encore plus dans ce petit livre.
Et je termine sur ces vers de Claude Vercey :
« La vie à l’aile cassée / tu ne la retiendras pas »
La poésie de Pierre Maubé est une poésie du quotidien, une poésie qui se nourrit de ces petits rien : la vie traversée par un matou, l’attente à la boucherie, une graine de baobab.
Les souvenirs d’enfance sont là, au détour d’une page « Chaque matin, ouvrant ma fenêtre, la gloire des monts »
Mais tout n’est pas si limpide et facile car « La poésie est une drogue dure » annonce le poète, « …elle va, elle trébuche, elle tombe et se relève, elle avance, elle est la vérité, elle est le chemin et la vie »
L’amour tient aussi une grande place parmi ces textes. Il est parfois « l’amour parfait », une « source murmurante, il ne tarit jamais mais sa rivière s’est perdue ».
Dans « Ombre portée », Pierre Maubé s’imprègne de dix- neuf tableaux parmi les plus connus, comme Bœuf écorché de Rembrandt ou le cri de Munch et nous les restitue en quelques mots, avec force, car l’art nourrit le regard.
La mort se taille une place importante, celle qu’on tente d’apprivoiser « Cela fait si longtemps que je vis avec ma mort » où bien celle des gens aimés. Plusieurs textes font référence à l’ami disparu « Il est mort comme la nuit remplace le jour, comme l’hiver remplace l’été, comme le silence remplace la musique ». La mort nous laisse son questionnement infini.
Pierre Maubé se livre avec simplicité, il nous confie ses doutes, ses inquiétudes et créé cette intimité rare qui le rend si proche et vulnérable.
Ses mots nous traversent et nous imprègnent car on y retrouve une part de nous-même, une portion d’intime car « une fois écrit, le poème n’est pas terminé. Chaque lecteur, chaque lecture le prolonge, lui donne sens, un nouveau sens qui nait de la rencontre, fragile, de deux solitudes, de deux silences, de deux résonnances» Et c’est pour cela qu’il faut lire Pierre Maubé
La préface de ce recueil s’intitule « Donner voix à l’intime, au murmurant » Elle est de Michel Baglin, écrivain, poète toulousain et qui nous a quitté tout récemment.
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